6.

655 21 1
                                    

Pdv Milia

Le froid me réveilla. Mes paupières encore lourdes, je clignai des yeux en tentant de comprendre où je me trouvais. Une lumière douce filtrait à travers les rideaux, projetant des ombres dans une pièce qui m'était inconnue. Je frissonnai et portai une main à ma tête douloureuse, tentant de rassembler mes pensées.

Je me redressai brusquement. Ce n’était pas ma chambre. Le lit était plus large, et les draps sentaient une lessive que je ne reconnaissais pas. Je remarquai alors, avec une panique croissante, que je ne portais plus mes vêtements habituels. À la place, j'avais sur moi un short et un t-shirt qui ne m'appartenaient pas.

— « Mais que se passe-t-il ici, bon sang ? Où suis-je ? » murmurai-je, ma voix tremblante d'inquiétude.

J'entendis alors des voix étouffées de l'autre côté de la porte. Paniquée, je me recouchai rapidement, tirant la couverture jusqu'à mon menton et fermai les yeux, feignant d'être encore inconsciente. Je tendis l'oreille pour mieux entendre.

— « Je te dis qu'elle finira par se réveiller, Clémence. Donne-lui du temps, » disait Coach Harris d'une voix calme mais ferme.

— « Oui, mais on ne peut pas la garder ici indéfiniment, Juline, » répondit une voix que je reconnus immédiatement comme celle de Madame Mahieur. Elle semblait à la fois inquiète et agacée.

J'essayais de me concentrer, de capter chaque mot. Mais avant que je ne puisse saisir davantage, une troisième voix, masculine cette fois, s'éleva. Un éclat de rire résonna, suivi d'une exclamation enjouée :

— « Eh bien, si la demoiselle ne se réveille pas, on pourrait toujours la ramener à son lit comme une princesse endormie, non ? »

— « Lucas, tais-toi ! » répliqua sèchement Clémence. « Fais moins de bruit, bon sang ! »

Puis, la porte s'ouvrit. Je fis de mon mieux pour ne pas bouger, priant pour que mon subterfuge fonctionne. J’entendis des pas feutrés s'approcher du lit, suivis d'un léger froissement. Clémence s'assit à côté de moi, tandis que Coach Harris restait debout.

— « Je suis vraiment désolée de t’avoir bousculée à l’entraînement, » murmura Clémence d'un ton doux. « Quand tu te réveilleras, s'il te plaît, ne m'en veux pas. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi vivante sur le terrain. »

Sa voix était emplie de regret, mais il y avait aussi une étrange tendresse. Après un moment de silence, elle se releva.

— « Juline, je te rejoins dans deux minutes. Laisse-moi seule avec elle. »

Juline acquiesça et quitta la pièce. Sentant que Clémence s’apprêtait à partir, je pris une grande inspiration et murmurai faiblement :

— « Madame Mahieur... »

Clémence se retourna si rapidement que j'en eus le vertige. Elle s'approcha à nouveau du lit, ses yeux écarquillés d'inquiétude.

— « Milia ? Tu es réveillée ? » demanda-t-elle, la voix chargée d'une anxiété que je ne lui connaissais pas.

J’ouvris les yeux pour la fixer. Son visage fermé d'habitude était assombri par une expression que je n'avais jamais vue chez elle : de la peur.

— « Oui, » répondis-je faiblement en essayant de m’asseoir, mais ma tête me faisait atrocement mal.

Clémence se précipita pour m'aider, posant une main ferme mais douce sur mon épaule.

— « Doucement, ne te lève pas trop vite, » murmura-t-elle avec une douceur inhabituelle.

Les questions se bousculaient dans ma tête, mais avant que je ne puisse en formuler une, elle commença à me bombarder de ses propres interrogations.

— « Est-ce que tu te souviens de ce qui s’est passé ? Est-ce que tu te sens mieux ? As-tu des douleurs ailleurs ? »

La cacophonie de ses questions me fit tourner la tête. Je levai une main pour lui demander de ralentir.

— « Attendez, s'il vous plaît... Où suis-je ? Et comment suis-je arrivée ici ? »

Flashback: Madame Mahieur

Après l'accident à l’entraînement, Milia était restée inconsciente sur le terrain. Les autres joueuses, effrayées mais disciplinées, l’avaient portée sur un banc à l'écart. Coach Harris et moi avions échangé des regards inquiets tout en poursuivant l’entraînement, espérant qu’elle se réveillerait d’elle-même.

Mais lorsque la dernière joueuse quitta le gymnase, Milia était toujours inconsciente. Nous étions dans une impasse. Après une longue discussion, Juline et moi avions pris une décision : nous l'emmenions chez nous. Cela semblait être la meilleure option pour éviter les complications avec l'université.

Chez nous, nous l'avions d'abord installée sur le canapé du salon. La nuit fut longue, aucune de nous ne parvenant à dormir, surveillant régulièrement son état. Vers deux heures du matin, Lucas était rentré du travail. Fatigué mais curieux, il nous avait rejoint, plaisantant légèrement pour détendre l’atmosphère.

— « Vous avez ramené une jeune fille inconsciente chez vous ? C'est un peu étrange, vous savez, » avait-il plaisanté.

Mais à mesure que les heures passaient, mon inquiétude grandissait. Je décidai enfin de la changer et de la mettre dans un lit pour qu’elle soit plus confortable. Avec l’aide de Juline, nous avions pris soin de ne pas la réveiller. En la changeant, j'avais remarqué plusieurs marques rugueuses sur sa peau, comme des cicatrices superficielles. Troublée, j'en avais parlé à Juline, mais elle m’avait assuré que j’étais simplement fatiguée.

Fin du flashback

Pdv Milia

Clémence finit par m'expliquer, d'une voix mesurée, que je m'étais évanouie après notre duel et qu'elles m'avaient ramenée ici par précaution. Sa voix était étrangement douce, mais je sentais une certaine nervosité.

— « Mais... » dis-je en fronçant les sourcils, « J'ai entendu une voix masculine tout à l'heure... Et aussi, ce que vous disiez juste avant... Vous parliez de moi, n'est-ce pas ? »

Le visage de Clémence se ferma brusquement. Son regard devint froid, presque distant.

— « Alors, tu étais déjà réveillée, » murmura-t-elle, l’air contrarié. « Très bien, repose-toi maintenant. On en parlera plus tard. »

Sans un mot de plus, elle quitta précipitamment la chambre, me laissant seule, perplexe et confuse.

Quelques secondes plus tard, Coach Harris entra à son tour. Elle s’assit sur le bord du lit, me regardant avec curiosité.

— « Pourquoi Madame Mahieur a réagi comme ça ? » demandai-je, déconcertée par son attitude.

Coach Harris esquissa un léger sourire, mais ses yeux brillaient d’un éclat mystérieux.

— « C'est compliqué, Milia. Mais ne t’inquiète pas trop pour ça. En attendant, tu devrais te préparer. Tu as cours aujourd’hui, » dit-elle en se levant.

Je la regardai, encore plus perdue. C'était quel jour, au juste ? Et où étaient mes vêtements ?

-------

Et voilà pour le 6ème chapitre. 😁

Entre Deux FeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant