ET SI IL N'ÉTAIT PAS CE QUE JE CROYAIS
14h44
Le calme s'était installé dans les allées du couloir des bâtiments des langues qui desservait le haut de la cafétéria. Mon sac lâche sur mon épaule, hurlait le poids des devoirs que j'avais à charge. Dont ce contrôle, celui que monsieur Fondre nous avait donné sur un chapitre vu il y a peine quelques jours et dont je n'avais rien compris. Des picotements se faufilèrent de mes bras jusqu'à mes côtes à cette simple pensée.
Je ne devais pas louper ce contrôle.
La barrette de mon corset tapa contre mon menton par les mouvements de tête que je faisais, sentant l'anxiété monter.
Respire Rose.
Je m'arrêtai entre le couloir et l'escalier, dans un coin où je me laissai glisser sur le sol, soulageant mon dos. Je resserrai mes laçages que j'avais desserrés après le déjeuner copieux avec Mathias. Ce petit moment m'avait permis de m'éclipser de ce déchainement d'hypothèses qui ravageait mon esprit depuis la possibilité de l'opération. Même ce troisième compagnon dont je faisais à peine connaissance, me laissait un goût de fin. Comme-ci au fond de moi-même, je savais. Je savais que ça serait le dernier et que le quatrième choix, serait l'opération.
Et puis ?
Ça serait quoi la suite ?
Plus de corset.
Plus de rendez-vous.
Plus de faux espoirs.
Plus de danse.
L'élément moteur de mon refus c'était elle, la danse. Ce sport dont j'étais tombée amoureuse. Celle qui faisait gonfler mon coeur, pulsant dans ma cage thoracique. Qui d'une simple mélodie me transformait en cette danseuse, embrassant le sol avec ses pointes avant de faire refléter sa passion dans un tourbillon d'émotions.
Ce choix aurait des répercussions trop importantes sur mon avenir et pourrait m'empêcher de refouler le parquet. De ressentir ce flux d'adrénaline monter en flèche, circulant dans l'entièreté de mon être, cachée derrière les coulisses à patienter mon tour. Laisser la chaleur des projecteurs caresser mes bras nus. Deviner le soulèvement rapide de ma poitrine, où mon corps serait immobile jusqu'à ce que le tempo ne l'invite. Et surtout, ne plus distinguer ce flux d'applaudissements, félicitant mon talent.
Je ne pouvais pas l'abandonner, pas dire adieu à ce moment. Pas tout de suite.
— Décidément Rose Sorena, vous aspirez à devenir astronaute pour être autant dans la lune ces derniers temps ?
La voix satirique du Professeur Foudres me força à rencontrer ses sourcils froncés où son regard me toisa. Les bras croisés sur son gilet en laine bleu foncé, créèrent une barrière entre nous. Peu importe ce que je dirai, ça n'atteindrait même pas sa personne. La couleur contrasta avec son teint grisâtre, de la même nuance que l'odeur de cigarette qui s'échappa de ses lèvres à sa prochaine intervention.
— Vous n'avez pas autre chose à faire de plus instructif que de vous confondre avec le mur ?
Je tournai la tête sans recroiser son regard sûrement perçant, fixant chacun de mes mouvements. Je récupérai mon sac à dos et releva mon visage vers lui,
— Je n'ai pas cours pendant deux heures monsieur, répondis-je essayant de soutenir son regard perçant.
— Dans ce cas mettez à profit ces deux heures pour connaître autre chose que la peinture de cet établissement scolaire balança-t-il d'un mouvement de la main avant de tourner ses talonnettes qui claquèrent sur le sol jusqu'à se confondre avec le brouhaha des cours se déroulant à quelques pas de nous.
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SCOLIO'ME
RandomOn le sait tous dans l'obscurité se cache toujours un faisceau de lumière. Rose Sorena ne se doutait pas que sa vie, déjà assombrie par les brimades et les insultes qu'elle subissait quotidiennement, allait basculer dans les ténèbres à cause d'une s...