Les scientifiques se mirent en mouvement. Deux d'entre eux entrèrent dans la salle, arborant une expression impassible, presque mécanique, comme s'ils n'étaient plus que des outils au service de cette monstruosité. La jeune fille, toujours attachée au lit, sanglotait, ses pleurs résonnant dans l'air comme une supplique. Mais leurs regards ne trahirent aucune empathie. Ils la fixaient avec une froideur clinique, examinant son corps fragile, cherchant le point précis où injecter leur précieux produit.
Le premier scientifique s'agenouilla à côté de la fillette, palpant ses bras maigres, son cou gracile, avant de jeter un regard en direction de son collègue. Ce dernier, silencieux, se dirigea vers un étagère et revint avec une seringue massive, remplie d'un liquide étrange, d'un orange brillant presque surnaturel. À la lumière crue de la pièce, le liquide semblait émettre des reflets mouvants, et Aster sentit son cœur se tordre. Il connaissait cette lueur. Il l'avait vue dans ses propres yeux lorsqu'il était confronté à son reflet. Cette révélation le frappa comme un coup de poing : son essence, sa vie, avaient servi à créer cette abomination.
Phran, à côté de lui, semblait sur le point d'exploser. Ses poings étaient serrés, ses ongles s'enfonçant dans la chair de ses paumes, mais elle restait silencieuse, les yeux rivés sur la scène. Elle était pétrifiée, mais pas par peur. C'était une colère si brute, si brûlante qu'elle semblait la retenir d'éclater.
« Vous voyez, » reprit Huges d'un ton presque pédagogique, comme s'il s'adressait à une salle de cours. « Grâce à toi, Aster, nous avons pu isoler et stabiliser une fraction d'Essens jamais vue auparavant. Cette... pureté, cette puissance. Elle ouvre des possibilités infinies ! »
Aster luttait pour ne pas céder à la rage qui montait en lui, ses muscles tendus à l'extrême contre les menottes qui le retenaient. La culpabilité l'envahissait. Il était lié à cette horreur, qu'il le veuille ou non. Ses yeux se posèrent sur la jeune fille. Sa terreur, ses pleurs, ses murmures presque inaudibles de « s'il vous plaît, non... ». C'était insupportable.
Les scientifiques s'approchèrent de la fillette, la seringue prête à être utilisée. Huges, lui, observait depuis la salle d'observation, un sourire satisfait accroché à ses lèvres.
« Regardez bien, » dit-il d'un ton presque jubilatoire. « C'est le début d'un nouveau monde. Le vôtre n'a fait que mourir. Celui-ci naîtra de ma vision. »
L'un des laborantins s'approcha de la jeune fille, tenant la seringue comme un scalpel prêt à disséquer. Avec une précision mécanique, il planta l'aiguille dans son bras frêle et injecta lentement le liquide orangeâtre. La substance, lumineuse et sinistre, s'écoulait dans ses veines comme un poison vivant.
Au départ, elle ne fit qu'une grimace de douleur, mais bientôt son visage se déforma en une expression de pure agonie. Un hurlement perça l'air, si fort et si primal qu'il fit reculer les scientifiques eux-mêmes, pourtant habitués à ces expériences. Aster et Phran ne purent que regarder, horrifiés, incapables de détourner les yeux de cette scène d'horreur.
Le corps de la jeune fille sembla prendre feu de l'intérieur. Sa peau devint translucide, laissant apparaître un réseau de veines qui s'illuminaient d'un orange brillant, palpitant comme si son système sanguin était en train de s'enflammer. Sa chair commença à craqueler, de fines fissures se formant sur sa peau, laissant suinter du sang d'un rouge vif qui se mêlait à l'orange lumineux. Des gouttes écarlates perlèrent de ses yeux, de ses oreilles, de son nez, et même de ses lèvres entrouvertes dans un cri silencieux.
Chaque mouvement semblait une lutte contre une force qui la consumait de l'intérieur. Ses membres convulsaient violemment, frappant contre les sangles qui la maintenaient sur la table d'examen. Les attaches en métal grinçaient sous la pression, mais elles tenaient bon.
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Ostru: Fragments d'un Monde Déchu
Aventure25 ans après une apocalypse, l'humanité a basculé dans le chaos. Cette apocalypse, issue d'une guerre, a balayé la civilisation, laissant derrière elle des ruines et des terres ravagées. Avant cette chute, la majorité des êtres humains possédaient...