X- KYO

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Mes mains sont couvertes de sang, qui, de plus est, son sang. Lors de sa chute, Melodias s'est ouvert le crâne. Différentes étapes sont parvenues jusqu'à mon cerveau. La première, le déni. " Je fais un cauchemar, qui, dans d'autres circonstance aurait été un rêve.". Seconde étape, la panique. Je me suis précipité à ses côtés, mes genoux baignaient dors et déjà dans la substance rouge quand j'ai eu la bonne idée d'éponger le sang avec mon t-shirt.

Fun fact 1 : j'ai vomi.
Fun fact 2 : j'avais froid parce que je ne portais plus de t-shirt.
Fun fact 3 : j'ai encore vomi.

Je suppose que le plus drôle dans l'histoire, c'est que c'est ma mère qui a mis des médicaments dans son thé. Ironique, je pense ?

— Kyo, on doit parler.

J'arque un sourcil, un rire sans joie m'échappe. Un peu, qu'on doit discuter !

— Il faut que tu m'écoutes, et qu'à aucun moment, tu ne m'interrompes. Il y a des années, ce fut une époque sombre pour ton père et moi. Nous croulions sous les dettes, et c'est alors qu'un soir, un huissier est passé chez nous et nous a ordonné de quitter le logement. Tu avais six ans, alors tu dois te souvenir de ce soir-là. Si jamais tu as une bonne mémoire, tu dois également te rappeler que nous avions pris la route pour nous rendre chez tes grands-parents, le seul endroit où nous avions pu être accueillis. Tu t'étais endormi sur le trajet, la nuit avait déjà pointé le bout de son nez, ne laissant pas une très grande luminosité sur les routes de campagne.

Sa voix se brise déjà, pourtant, j'ai l'impression que ce n'est que le début, j'ai peur d'en savoir plus, je ne sais pas si j'en ai envie. Mais je lutte, et ne dit rien, silencieusement assis sur le canapé, alors que la tête de Melodias, encore endormie, pèse sur mes jambes. Nous l'avons soigné et recousu, enfin, c'est plutôt ma mère qui s'en est chargée, je n'avais ni le courage, ni les compétences pour m'en occuper.

— Ton père roulait vite, très vite. (Elle prend un court instant de pause.) Trop vite... finit-elle par chuchoter.

— Que veux-tu dire ?

— Il ne les avait pas vus... Il ne voulait pas... Seulement, notre voiture à percuté la leur avant que l'on ne s'en rende compte... Ils n'ont pas survécu...

— Qui ça ? Qui est-ce qui n'a pas survécu !?

— Les parents de cette jeune fille.

Son regard frôle le visage de Melodias, mais n'insiste pas trop, ses yeux virent d'un endroit à l'autre.

Ma bouche s'entrouvre lorsque les informations s'assimilent dans mon cerveau.

— Vous avez tué les parents de Melodias..?

Elle pince ses lèvres, comme pour former une barrière où ses sanglots ne passeront pas, mais ses larmes, elles, ne résistent pas. Je prends son rejet d'eau pour une affirmation. Un nœud se forme dans ma gorge.

Les parents de Melodias sont morts, et par-dessus cela, se sont les miens qui les ont tués. Si ma relation avec elle n'était que conflictuelle, je n'ose pas imaginer ce qui se passerait après qu'elle ait appris cela.

— Kyo, dis-moi. Es-tu amoureux de cette fille..?

— Certainement pas.

Au grand jamais.

— Parfait... Alors tu ne vois aucun inconvénient... À garder ce secret pour toi ? Si ça venait à se savoir, ton père et moi irions en prison. Pour toujours.

Pour toujours.

Je pense qu'à ce moment-là, je peux bel et bien affirmer que je souhaite perdre la mémoire. Mais c'est bien connu, l'amnésie du cœur est plus douloureuse que celle du cerveau.

AMNESIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant