𝐇𝐈𝐆𝐇 𝐀𝐂𝐇𝐈𝐄𝐕𝐄𝐑𝐒 | 𝘵. 𝘰𝘪𝘬𝘢𝘸𝘢 𝘹 𝘳𝘦𝘢𝘥𝘦𝘳

19 - samsara

Chaque samsara touche à sa fin quand un autre recommence.

⊹˚₊‧───────────‧₊˚⊹

Ce fut sans entrain que je me rendis au groupe ce samedi. Ma matinée avait été longue et on-ne-peut-plus chiante alors maintenant qu'il s'agissait de retourner dans ce maudit centre communautaire, le moral n'était pas au beau fixe. Si ça pouvait aider, la météo était radieuse au point de presque oublier que nous étions en décembre.

Avant de passer les portes vitrées, je savourai une dernière fois cette chaleur sur mon dos juste le temps de laisser les rayons s'immiscer sous ma veste.

— (?), dépêche toi, je te rappelle que je dois parler avec la secrétaire...

Ah oui et ma mère était là, ce qui n'avait pour effet que de me faire ravaler mes remarques sarcastiques. Selon elle, il était absolument nécessaire de remercier de multiples fois Mary et la fameuse réceptionniste pour leur travail et leur aide...

Au travers de ces cinq semaines, le hall du bâtiment n'avait pas changé d'un pouce et je doutais même qu'il ait des chances de changer un jour. La réceptionniste était toujours plantée derrière le même bureau alors que la grande horloge tiquait à chaque minute.

Peut-être que le décor était resté le même mais j'étais persuadée au fond de moi d'avoir changé quelque chose à ma personne. Il m'arrivait de repenser à la fois où j'avais monologué Oikawa sur l'importance de l'ascension et non de l'apogée de celle-ci.

À de nombreuses reprises, j'avais été gênée d'avoir pu me permettre de donner de tels conseils alors que je ne volais guère plus haut que lui. C'était son regard dont je me rappelai dans ces courts moments ; ce mélange de dépit, de volonté mais aussi de confiance. C'était ce regard qui surfaçait derrière mes paupières quand je m'ennuyais.

Pendant que je me laissais divaguer, ma mère présenta ses remerciements à la secrétaire qui la regarda l'air de lui dire "mais j'y suis pour rien..." mêlé à un peu de "qu'est-ce qu'elle me raconte celle-là ?"

Heureusement, la pauvre petite femme fut sauvée par une autre voix :

— (?) ! Et vous devez être Madame (L/n).

Ma mère et moi firent volte-face comme une seule personne pour tomber nez-à-nez avec le grand visage souriant de Mary. Chez elle, aucun changement n'aurait altéré sa gentillesse naturelle ; étincelle qui brillait en toutes circonstances de l'autre côté des verres de ses lunettes.

Aussitôt que ma mère reconnut la psy, elle se jeta presque sur elle, se pliant en deux pour la remercier. Mary sembla perdre ses moyens pendant quelques instants alors que je restai en retrait. Entre deux phrases de ma mère, la brune trouva mon regard puis me fit un léger signe de main pour que je puisse m'éclipser dans la salle vitrée.

Ma mère me fit l'honneur de la moitié d'un au revoir or dès que je fus quelques mètres plus loin, elle dit sur le ton de la confidence :

— Elle a fait des efforts au moins ?

Son regard brûla mon dos et je me forçai à ralentir pour entendre la réponse de Mary.

— Bien sûr ! (?) a été une des plus loquaces durant toutes les séances.

Quelque chose dans le ton qu'utilisa Mary me fit chaud au cœur aussi je continuai ma route, rassurée. Elle, au moins, avait remarqué l'effort que j'avais mis dans ces sessions...

Lorsque j'arrivai dans la salle, tout le monde venait ou était en train de prendre place pour une dernière fois. De l'autre côté du cercle, ma chaise semblait me fixer alors que j'y prenais place. Celle à ma droite restait ostensiblement vide, me narguant presque.