6. Réunion

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Quelques jours s'étaient écoulés, et un silence pesant s'était installé entre Gabriel et Stéphane. Ce dernier, visiblement distant, avait pris quelques jours de congé, s'éloignant brusquement sans donner d'explications. Il ne répondait ni aux messages ni aux appels, et chaque tentative de contact de Gabriel se heurtait à ce mur invisible.

Au début, Gabriel s'était dit que Stéphane avait simplement besoin d'un peu de temps pour lui-même, pour réfléchir ou se retrouver. Alors, il avait décidé de ne pas insister. Pourtant, une petite voix au fond de lui chuchotait qu'il aurait peut-être dû essayer davantage.

Chaque jour, Gabriel se promettait qu'il irait voir Stéphane en personne, qu'il passerait chez lui pour vérifier si tout allait bien. Mais chaque fois, lorsqu'il rentrait du travail, la fatigue l'écrasait et les excuses venaient facilement : "Demain, je passerai. Demain, c'est sûr."

Cependant, plus les jours passaient, plus cette promesse semblait s'effriter. Et avec elle, un malaise grandissant s'installait. Gabriel savait qu'il ne pourrait pas remettre cette visite indéfiniment, mais une partie de lui craignait ce qu'il pourrait découvrir une fois qu'il aurait enfin décidé de franchir le pas.

Le téléphone vibrait et sonnait avec une insistance qui finit par briser le sommeil lourd de Gabriel. Dans un grognement, il roula sur le côté, les paupières encore collées, et tâtonna pour attraper l'appareil. Il décrocha enfin, la voix rauque et endormie.

-Oui ?

De l'autre côté, la voix d'Abby éclata, nerveuse et agacée :

-Enfin ! Gabriel, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu te rends compte de l'heure ?

Il fronça les sourcils, confus, les neurones encore engourdis par le sommeil.

-L'heure ? Abby, il est quoi... 7h30 ? J'ai...

-Il est presque 11h ! coupa Abby sèchement. Gabriel, tu as raté le rendez-vous avec le président ce matin !

Ces mots eurent l'effet d'une décharge électrique. Gabriel bondit presque hors du lit, ses yeux s'ouvrant brusquement alors qu'il regardait l'heure sur son téléphone. 10h47.

-Quoi ?! Mais... le rendez-vous était à 9h !

-Oui, et il est 10h47, Gabriel. Tout le monde t'attendait !

La panique s'empara de lui. La voix d'Abby était cinglante, mais Gabriel pouvait y percevoir une pointe d'inquiétude sous l'irritation.

— Merde... Merde, je suis désolé, Abby. Je... Je m'habille et j'arrive tout de suite. Donne-moi une heure, pas plus.

— Une heure ?! Gabriel, tu n'as pas une heure ! Mais bon, viens aussi vite que possible. On a tout réorganisé, mais c'est la dernière fois que ça arrive, compris ?

Gabriel hocha mécaniquement la tête, oubliant qu'elle ne pouvait pas le voir, et répondit d'un ton précipité :

— Oui, oui, compris. J'arrive.

Il raccrocha et lança son téléphone sur le lit, attrapant ses vêtements éparpillés à la hâte. Comment avait-il pu être aussi négligent ? Le stress lui comprimait la poitrine tandis qu'il essayait d'enfiler son pantalon à moitié plié, trébuchant sur le bord du lit dans sa précipitation.

En cherchant ses chaussures, il jeta un coup d'œil à son reflet dans le miroir. Ses traits étaient tirés, des cernes marquaient son visage fatigué. La fatigue et les nuits courtes accumulées avaient fini par le rattraper. Il passa une main tremblante dans ses cheveux en désordre, tentant vaguement de se rendre présentable.

Tout ce que tu m'a laisserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant