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Pour me calmer, je pris la bouteille de whisky sur le comptoir et deux verres. Une discussion aussi sérieuse, ça méritait bien un remontant, il s'assit lourdement sur le canapé, sans un mot. Je lui tendis un verre et pris place en face de lui, sur le fauteuil. Je voulais garder une certaine distance. Je devais rester forte, ne pas flancher. Il y eut un silence pesant. L'air était chargé d'émotions non dites, d'une tension presque palpable. Je pris une grande gorgée de mon verre pour me donner du courage et posa la première question :

— Je vais pas tourner autour du pot. Depuis combien de temps fais-tu partie du gang des Montclair ?

Il baissa légèrement les yeux, prit une gorgée de whisky, et répondit d'une voix rauque :

— Depuis trop longtemps.

Je fronçai les sourcils, attendant qu'il développe.

— C'est-à-dire ? insistai-je.

Il leva son regard vers moi, et cette fois, je vis la fatigue, les souvenirs qui l'envahissaient.

— Depuis mes 15 ans.

Je resta figée un instant. Quinze ans. C'était jeune. Trop jeune. Un frisson me parcourut à l'idée de ce qu'il avait dû vivre. Mais je devais continuer.

— C'est jeune, murmurai-je, plus pour moi-même que pour lui.

Il esquissa un sourire sans joie, puis il renversa la question, ses yeux perçant les miens :

— Et toi ? Depuis combien de temps tu fais partie des Lombardi ?

Je sentis mon cœur se serrer. C'était à mon tour de boire une longue gorgée avant de répondre.

— Depuis début septembre.

Il haussa un sourcil, surpris.

— C'est récent.

Je hocha la tête, incapable de le quitter des yeux. Tout se mélangeait dans ma tête et les mots semblaient insuffisants pour exprimer le tourbillon d'émotions en moi. Un nouveau silence s'installa, plus pesant encore. Chacun de nous savait que cette conversation ne serait pas simple. J'avais tellement de questions, mais je sentais qu'aucune réponse ne serait facile à entendre.

— Pourquoi tu as rejoint ce gang, comme ça ? demanda Amos, sa voix grave résonnant dans le silence tendu de la pièce. Ses yeux sombres scrutaient les miens, cherchant une vérité que je n'avais jamais encore avouée à personne.

Je pris une profonde inspiration, sentant le poids de cette question appuyer sur ma poitrine. Mes doigts se crispèrent autour du verre que je tenais, et je pris une gorgée pour gagner quelques secondes de répit avant de répondre.

— Je n'avais pas vraiment le choix, murmurai-je, le regard fuyant.

Amos fronça les sourcils, visiblement mécontent de cette réponse évasive.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là, Zélia ? précisa-t-il, la tension grimpant d'un cran.

Je leva les yeux vers lui, croisant son regard perçant qui ne me lâchait pas. C'était maintenant ou jamais.

— Mon père... Après la mort de ma mère, il fallait que je prenne sa place, dis-je, ma voix tremblant légèrement malgré moi. Je devais donc intégrer le gang et l'aider.

Amos se redressa légèrement, ses muscles tendus sous son t-shirt, le verre qu'il tenait à moitié oublié dans sa main. Il me regardait comme s'il voyait un fantôme, une vérité qu'il n'avait jamais envisagée.

— Mais... pourquoi prendre la relève ? demanda-t-il d'une voix plus rauque. Qui est ton père, Zélia ?

Un silence s'étira entre nous, lourd et pesant. Je sentais mes poumons brûler, comme si l'air avait été aspiré de la pièce. Enfin, je lâchai :

Sous les néons de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant