Chapitre 13 : L'ombre du passé

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(POV Anaïs)

La cabane était plongée dans une ambiance pesante. Élias feuilletait un carnet usé qu'il avait extrait d'un compartiment caché sous le plancher. À chaque page tournée, son visage s'assombrissait, et je pouvais presque sentir la tempête intérieure qui grandissait en lui.

Assise à l'autre bout de la table, je brisai le silence.

— C'est quoi, ce carnet ?

Élias leva les yeux, hésitant.

— C'est... un journal que je tenais quand je travaillais encore pour eux. J'y notais tout ce que je voyais, tout ce que j'entendais.

Il referma brusquement le carnet et croisa les bras, comme pour se protéger.

— Mais ça ne sert à rien. Tout ce que j'ai écrit là-dedans, ils l'ont sûrement enterré depuis longtemps.

Je me penchai en avant, posant mes coudes sur la table.

— Vous ne pouvez pas savoir ça. Les gens comme eux, ils se pensent invincibles. Ils ne couvrent pas toujours bien leurs traces.

Élias fronça les sourcils.

— Tu es plus optimiste que moi.

J'haussai les épaules avec un sourire en coin.

— Quelqu'un doit l'être, non ?

Mon regard se posa sur le carnet, et une idée me vint.

— Est-ce qu'il y a des noms ? Des lieux ? Quelque chose qui pourrait nous mener à une piste ?

Élias hésita encore, mais finit par rouvrir le journal. Il tourna quelques pages avant de s'arrêter sur une note griffonnée en hâte.

— Ici, dit-il, pointant du doigt une entrée. Il y avait un entrepôt. Ils l'utilisaient pour stocker... des choses. Des armes, de la drogue, tout ce qu'ils ne pouvaient pas garder ailleurs. Je me souviens que c'était un lieu clé pour eux. Si cet endroit existe encore, il pourrait contenir des informations.

Je sentis un frisson d'excitation.

— Alors on y va.

Élias releva brusquement la tête, incrédule.

— On y va ? Tu es folle ?

— Peut-être. Mais on n'a pas le choix, pas vrai ? Vous avez dit vous-même qu'on ne pouvait pas rester à attendre qu'ils reviennent.

Il passa une main sur son visage, exaspéré.

— C'est une mauvaise idée.

— Peut-être. Mais c'est notre seule chance.


(POV Élias)

Nous quittâmes la cabane sous le couvert de la nuit. J'avais insisté pour qu'Anaïs reste en arrière, mais elle avait catégoriquement refusé. Et malgré sa réticence, je savais qu'elle avait raison : je ne pouvais pas tout faire seul.

Nous atteignîmes l'ancien entrepôt après une heure de marche silencieuse. L'endroit semblait abandonné, mais je savais mieux que quiconque que les apparences étaient souvent trompeuses.

— Reste derrière moi, murmurai-je en m'accroupissant près de l'entrée.

Anaïs hocha la tête, suivant mes mouvements. Je poussai doucement la porte, qui grinça en s'ouvrant sur un vaste espace plongé dans l'obscurité.

La poussière flottait dans l'air, éclairée par la lumière pâle de la lune qui s'infiltrait à travers les fenêtres brisées. J'avançais prudemment, mes sens en alerte. Chaque pas résonnait légèrement, brisant le silence oppressant.

— Vous pensez qu'il y a encore quelque chose ici ? chuchota Anaïs.

Je ne répondis pas tout de suite. Je m'approchai d'une vieille étagère métallique, renversée sur le sol. Mes doigts fouillèrent parmi des papiers jaunis, des boîtes en métal rouillées. Puis je trouvai ce que je cherchais : un coffre.

— Là.

Je m'agenouillai, cherchant un moyen d'ouvrir le cadenas qui le verrouillait.

— Laissez-moi faire.

Je me tournai pour voir Anaïs sortir une épingle de ses cheveux. Elle me fit un clin d'œil.

— J'ai grandi avec trois frères. On apprend des choses utiles.

Je l'observai, un mélange d'étonnement et d'amusement, alors qu'elle s'attelait à la tâche. En quelques secondes, le cadenas céda, et le coffre s'ouvrit dans un craquement métallique.

À l'intérieur, nous trouvâmes des documents, des clés USB, et ce qui ressemblait à des plans.

— Des preuves, murmura Anaïs en examinant les papiers.

Mais je n'eus pas le temps de répondre.

Un bruit sourd retentit derrière nous.


(POV Anaïs)

Je sentis mon cœur s'arrêter.

— Quelqu'un est là, murmurai-je.

Élias se redressa immédiatement, son regard balayant la pièce. Nous n'étions plus seuls.

— Posez ce que vous avez et levez les mains. Maintenant.

La voix était glaciale, autoritaire. Je tournai lentement la tête pour voir deux hommes sortir des ombres, leurs armes braquées sur nous.

— Élias, dit l'un des hommes avec un sourire narquois. On aurait dû se douter que tu reviendrais fouiller ici.

Je sentis une montée de panique, mais Élias, lui, semblait étrangement calme.

— Alors quoi ? Vous allez tirer ? dit-il avec un rictus.

Le plus grand des hommes haussa les épaules.

— Si on doit. Mais ce serait plus amusant de vous ramener vivants.

Élias échangea un regard avec moi, et je compris immédiatement ce qu'il allait faire.

— Cours. Maintenant.

Avant que je ne puisse protester, il se jeta sur l'un des hommes, détournant leur attention.

— ÉLIAS ! criai-je, mais c'était trop tard.

L'un des hommes lâcha un juron alors qu'Élias luttait pour lui arracher son arme. Je ne réfléchis pas. Je saisis le coffre et courus vers la sortie, mon cœur battant à tout rompre.

J'entendis des coups de feu, le bruit des corps qui s'entrechoquaient, mais je ne me retournai pas.


(Retour POV Élias)

Le chaos éclata autour de moi. J'utilisais tout ce que j'avais appris pour désarmer mes adversaires, mais ils étaient deux, et je sentais déjà la fatigue peser sur mes muscles.

L'un des hommes m'envoya au sol d'un coup violent, mais je ripostai, attrapant une barre métallique à proximité et frappant avec toute la force que je pouvais rassembler.

— Tu ne fais que retarder l'inévitable, grogna l'un d'eux.

Mais je ne répondais pas. Tout ce qui comptait, c'était qu'Anaïs ait eu le temps de s'échapper.

Alors que l'un des hommes levait son arme, j'esquivai de justesse, me glissant vers la porte. Je devais les éloigner d'elle, les conduire ailleurs.

Je me redressai, titubant légèrement, et me lançai dans la forêt.

— Attrapez-le ! hurla l'un des hommes.

La chasse était lancée.

Entre l'Ombre et le FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant