Voria - Le Cycle du Vortex, T2

Chapitre 27

Le lendemain, ils n'avaient pas encore fini le petit déjeuner que Catana s'annonça.

— Il fait un temps magnifique ! s'exclama la jeune fille, radieuse. Mon frère est occupé ce matin, il m'a demandé de vous servir de guide, en attendant de se retrouver tous à la mi-journée, dans le meilleur restaurant de la Station, au bord du Lac ! Je connais un coin super sympa pour débuter l'hyperski, on n'a qu'à aller s'équiper, vous verrez, ça va être génial !

Difficile de dire non à une requête présentée avec tant d'enthousiasme, et si loin de leurs graves préoccupations habituelles ! Catana était déjà habillée d'une combinaison thermique, et elle picora sans gêne sur la table pendant qu'ils finissaient leur repas. Elle débordait d'énergie, se relevant sans cesse pour aller d'un bout à l'autre de la pièce, tantôt observant le paysage depuis la baie, tantôt revenant vers la table pour saisir un fruit, tantôt s'affalant dans le canapé pour se relever aussitôt.

Cédant à son impatience manifeste, ils ne tardèrent donc pas à la suivre à travers les cavernes de la Station. En ce début de matinée, les divers corridors, balcons et passerelles n'étaient pas encore très fréquentés. Leur guide s'avéra intarissable.

— Vous savez, quand mon frère a reçu son héritage, j'ai été carrément jalouse. C'est vrai, quoi, un continent entier, c'est sacrément de la chance, vous ne trouvez pas ? Mais quand je vois ce qu'il en a fait, je me dis qu'il l'a bien mérité.

— La Station ne ressemblait pas à ça, avant ? s'enquit Camyl.

— Oh, non ! Il n'y avait les cavernes, et les sources, mais rien d'autre. Le continent est très peu développé : quasiment aucune ville, un peu d'agriculture, et encore, pas très rentable, mais c'est tout. Je crois qu'il y avait à peine quelques milliers d'habitants.

Ils se trouvaient dans un vaste corridor qui surplombait le lac artificiel vu la veille. Par-delà les arches de pierre régulièrement taillées, ils apercevaient la végétation luxuriante qui bordait le bassin. De l'autre côté du couloir, une série de boutiques et de restaurants brillamment illuminés attendaient le client, mais ils étaient encore quasiment vides à cette heure.

— Je ne savais pas qu'il avait des tendances écolo, avant qu'il ne bâtisse la Station, mais je peux vous garantir qu'il a tout fait pour abimer la nature le moins possible ici. Il aurait pu bâtir une ville à partir de rien, là-haut, sur le Plateau, mais il a préféré aménager les cavernes, pour garder le côté « immaculé » dehors. D'où les appartements dans les falaises, ça permet d'avoir la vue tout en dénaturant l'environnement le moins possible. Bon, bien sûr, il y a des endroits plus connus, comme Treys, ou Hallevard, ou bien encore Sou'Ver, mais on a une clientèle d'habitués, maintenant, et l'affaire marche plutôt bien.

La jeune fille était intarissable, et considérait manifestement son frère avec adoration. Elle leur faisait l'article avec l'enthousiasme d'un commercial qui possédait à fond son produit.

Ils s'arrêtèrent tout d'abord au Centre Médical, où Giles fut pris en charge avec diligence par un grand Margneral aux oreilles tombantes et à la voix flutée. Marc hésita, tiraillé entre sa loyauté envers son frère, et son devoir envers Camyl.

— Va donc faire mumuse avec les filles ! enjoignit Giles d'un ton sans réplique. Allez, tu ne vas pas rester à t'ennuyer pendant des heures à côté d'une cuve !

Le jeune Wardom finit par céder, mais davantage parce que Giles le menaça de refuser le traitement s'il restait que parce qu'il était convaincu.

Leur destination finale était un vaste magasin, où sur les conseils de Catana, ils furent habillés de neuf des pieds à la tête, en combinaisons thermiques étonnamment fines et confortables. Cela paraissait un peu contre-nature à Claire de sortir dans la neige seulement vêtue de ce qui lui semblait un simple collant sous une tunique toute aussi fine, accompagnée d'une veste courte beaucoup trop légère pour la saison, mais ses compagnons ne paraissaient pas inquiets outre-mesure.