Ma Douce Ombre (Tomes 1 et 2)

6. Courage

Ava

Stacy et moi, ainsi que d'autres filles, sommes rassemblées dans une grande salle aux murs froids et grisâtres. Le sol est glissant, et une odeur âcre flotte dans l'air, mélange de savon et de désinfectant. Nous sommes contraintes de nous doucher ensemble sous l'œil vigilant de femmes aux visages durs, qui ne laissent rien passer. Je sais que ce moment est un test de notre soumission, une manière pour eux de nous rappeler que nous sommes surveillés en permanence.

Alors que nous nous lavons en silence, l'une des filles, une nouvelle que je ne connais pas bien, jette soudain un regard vers la porte. Son corps se tend, et avant qu'on ait le temps de comprendre, elle s'élance, fonçant vers la sortie dans une tentative désespérée de liberté.

L'instant d'après, tout bascule. Les gardes se ruent sur elle, leurs cris résonnent dans la pièce. Ils l'attrapent violemment, leurs mains s'abattant sur elle sans pitié, l'immobilisant au sol. Elle tente de se débattre, son visage déformé par la panique, mais ils resserrent leur prise, leurs coups redoublent d'intensité. Les autres filles détournent le regard, certaines pleurent en silence, terrifiées.

Stacy se jette dans mes bras, tremblante, cherchant refuge contre moi. Je l'entoure instinctivement, mon cœur battant à tout rompre. Elle se serre contre moi, enfouissant son visage dans mon épaule pour échapper à l'horreur qui se déroule devant nous. Ses mains agrippent mon dos, comme si elle craignait d'être emportée à son tour.

– Ne regarde pas, murmuré-je doucement, caressant ses cheveux pour tenter de l'apaiser.

Je fixe la scène, incapable de détourner le regard. La fille continue de lutter, mais elle est impuissante face à la brutalité des gardes. Ils la traînent en dehors de la pièce, ses cris résonnent encore longtemps après qu'ils aient quitté la salle. Le silence retombe, lourd et oppressant, tandis que l'angoisse laisse un goût amer dans ma bouche.

Stacy tremble contre moi, et je ressens sa terreur comme si c'était la mienne.
– C'est fini.

Je sais que ce n'est jamais vraiment fini ici, que la violence est notre quotidien, que la peur est devenue notre seule compagnie.

Après la scène d'horreur dans les douches, la tension s'installe entre nous toutes. Les gardiennes nous ordonnent de nous aligner, une par une, pour être conduites dans une autre pièce. Je sais ce que cela signifie. Chacune de nous passera devant ces hommes, exposée comme un objet en vitrine, offerte à leur regard affamé pour qu'ils décident qui leur conviendra le mieux. C'est une humiliation, un processus déshumanisant conçu pour briser notre volonté.

Stacy serre ma main avec force, et je lui adresse un regard, tentant de lui transmettre un semblant de calme, même si je suis brisée à l'intérieur. La première fille entre et la porte se referme avec un claquement sec. Je devine le supplice qui l'attend de l'autre côté, où ces hommes insensibles nous jugent, analysent chacun de nos gestes pour évaluer qui les "distraira" le mieux.

Les filles avancent, l'une après l'autre, silencieuses, le regard perdu. Quand vient mon tour, Stacy se crispe à côté de moi, son visage se teintant d'effroi. Je lui glisse quelques mots, aussi rassurants que je peux les rendre.
– Ce n'est rien, Stacy. Je reviens vite, d'accord ?

Elle hoche la tête, luttant pour ne pas pleurer, mais son regard est rempli de tristesse et d'impuissance. Je prends une grande inspiration et entre dans la pièce suivante.

L'endroit est plongé dans une lumière tamisée, rougeâtre, qui rend l'atmosphère encore plus oppressante. Les hommes se tiennent là, assis confortablement, observant chacun de mes mouvements avec des sourires malsains. Je me force à garder la tête haute, bien que chaque fibre de mon être me hurle de me cacher, de disparaître pour échapper à leurs regards.