7. Une ombre du passé

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Ava

Je m'endors à peine lorsque je sens une main agripper mon bras, me tirant violemment de mon sommeil. Stacy est là, les yeux écarquillés, le souffle court, secouée par des sanglots étouffés. Elle tremble, son visage est marqué par la terreur, et je comprends qu'un cauchemar l'a réveillée, plongeant son esprit dans les ombres qu'elle fuit désespérément.

Je la prends doucement dans mes bras, murmure des paroles apaisantes, même si je sais que rien de ce que je pourrais dire ne la rassurera vraiment. Ses sanglots redoublent, chaque hoquet de douleur résonne en moi comme un coup violent. Elle enfouit son visage contre mon épaule, sa respiration haletante.

– Je suis là, Stacy, tout va bien... murmuré-je en caressant ses cheveux pour tenter de la calmer.

Elle secoue la tête, refusant de croire mes paroles. Ses doigts agrippent ma peau comme si elle craignait que je m'échappe.

– Ava... c'était si... réel. Ils m'ont... ils m'ont pris, comme ils ont pris l'autre fille aujourd'hui. Je n'arrivais pas à respirer, je voulais crier mais aucun son ne sortait... Je pensais que j'allais mourir.

Je resserre mon étreinte, sentant ses larmes chaudes s'infiltrer contre ma peau, son corps tout entier tremblant de ce cauchemar qui refuse de la quitter. Ses paroles sont comme un miroir de nos peurs les plus enfouies, de cette menace constante qui plane au-dessus de nous.

Alors que Stacy se calme peu à peu, ses sanglots s'apaisent en de petits hoquets, je lui chuchote, hésitante.

– Moi aussi, j'en fais des cauchemars. Encore parfois. Mais avec le temps, ils s'estompent. Ils perdent de leur intensité, comme si... je les laissais derrière moi.

Stacy me regarde, ses yeux encore brillants de larmes. Je lui caresse doucement les cheveux en cherchant mes mots.

– Au début, c'était insupportable. Chaque nuit, chaque moment de silence, j'étais hantée par ce qu'ils m'ont fait, par ce qu'ils continuent de faire. Mais avec le temps, c'est comme si... la douleur s'était transformée. Comme si j'avais appris à la supporter, à l'enfermer quelque part dans ma tête, pour ne pas la laisser m'étouffer.

Elle hoche lentement la tête, comme si elle essayait de comprendre ce que je lui disais, de puiser dans mes mots une force pour affronter ses propres terreurs.

– Est-ce que... est-ce que ça veut dire qu'on finit par l'oublier ? murmure-t-elle.

Je l'observe, son visage juvénile marqué par une innocence brisée bien trop tôt. J'aimerais lui mentir, lui dire que oui, tout cela disparaît un jour, que le poids finit par se dissiper. Mais la vérité, je la connais, et je ne peux pas lui mentir.

– Non, Stacy. Ce n'est pas aussi simple. Mais on apprend à vivre avec, on devient plus fort. La douleur reste là, mais elle n'a plus le même pouvoir sur toi. Et, un jour, si on sort d'ici, elle deviendra juste un souvenir, quelque chose qui n'aura plus de prise sur toi.

Elle reste silencieuse, réfléchissant à mes mots. Puis, d'une voix presque imperceptible, elle murmure :

– J'aimerais être aussi forte que toi, Ava.

Un sourire triste se dessine sur mon visage, et je lui serre la main.

– Tu l'es, Stacy. Bien plus que tu ne le penses.

*****

La porte s'ouvre brusquement, un éclat de lumière glaciale inonde la pièce. Mes paupières se plissent sous le choc, mes muscles encore engourdis se tendent instinctivement. Autour de moi, les filles se réveillent, terrifiées, leurs regards anxieux se posant sur les hommes qui entrent.

Ma Douce Ombre (Tomes 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant