Le garde, tremblant, arracha son arme de son holster d'un geste désespéré. La sueur perlait sur son front, sa respiration saccadée trahissant la panique qui envahissait son être. Il savait que l'ordre était de ne l'utiliser qu'en dernier recours, mais s'il ne l'employait pas maintenant, il n'aurait peut-être plus jamais l'occasion de le faire. Le désespoir donnait un semblant de fermeté à ses mains tremblantes.
Il visa rapidement, ses yeux rivés sur Phran, et pressa la détente.
Le coup de feu retentit, brisant le silence oppressant de la pièce, mais ce fut la seule chose rapide dans cet instant. Alors que la balle fusait, Phran esquissa un sourire, un sourire qui semblait dévorer toute la lumière de la pièce, laissant place à une obscurité inquiétante. Elle n'eut pas besoin de bouger. Sa simple volonté fit plier la réalité autour d'elle.
Le temps ralentit soudainement. La trajectoire de la balle devint visible, comme suspendue dans l'air, chaque mouvement fractionné en une série d'images éclatantes. La pièce, déjà déformée par l'Essens de Phran, se modifia davantage. Les murs semblèrent s'étirer à l'infini, et le plafond se recroquevilla, comme s'il était aspiré par une force invisible. Le sol sous les pieds du garde ondulait doucement, semblable à la surface d'un lac troublé.
La balle avançait toujours, mais lentement, bien trop lentement, comme emprisonnée dans une boucle interminable de temps. À chaque centimètre parcouru, elle vibrait, laissant derrière elle des traînées lumineuses, des reflets de la puissance que Phran exerçait sur la réalité. L'espace autour de la balle s'effondrait et se reformait, comme si même l'univers ne savait plus où placer cet objet.
Phran avançait lentement, chacun de ses pas résonnant avec une gravité qui semblait peser sur toute la pièce. La balle, toujours suspendue dans l'air, tremblait faiblement, comme si même elle cherchait à échapper à l'influence écrasante de l'Essens de Phran. Alors qu'elle continuait à marcher, la balle commença à se désintégrer, ses molécules se séparant doucement, se dispersant dans l'air comme une poussière métallique, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Une démonstration silencieuse mais terrifiante de la puissance qu'elle contrôlait maintenant.
Phran ne ralentit pas, son regard fixé sur le garde qui, figé de terreur, agrippait toujours son arme. Plus elle s'approchait, plus il sentait une pression intense l'envahir, comme si le poids de la pièce entière reposait sur ses épaules. Son souffle devint saccadé, et des gouttes de sueur perlaient sur son front. Finalement, incapable de supporter davantage cette force invisible, il lâcha son arme, qui tomba au sol avant de se désintégrer de la même manière que la balle. Chaque particule métallique se volatilisa, emportée par l'air chargé d'énergie.
Arrivée à seulement quelques centimètres de lui, Phran s'arrêta. Le garde la regarda avec des yeux écarquillés, implorant silencieusement une pitié qu'il savait ne jamais recevoir. Elle reconnaissait ce regard. Combien de fois l'avait-elle arboré elle-même ? Combien de fois avait-elle supplié pour que la douleur s'arrête, pour que quelqu'un l'épargne ? Et combien de fois ses suppliques avaient-elles été ignorées ? Mais cette fois, les rôles étaient inversés. Elle était le prédateur, et lui n'était rien de plus qu'une proie.
Un sourire glacial se dessina sur ses lèvres. L'air autour du garde devint de plus en plus dense, alourdi par la puissance brute de l'Essens qu'elle déployait. Il tomba à genoux, ses poumons luttant pour aspirer une atmosphère devenue presque solide. Phran recula d'un pas, observant froidement son œuvre. Le garde suffoquait, son visage rougissant sous l'effort, son corps tremblant comme s'il portait un poids invisible bien au-delà de ses capacités.
Le processus fut lent, presque méthodique. Les extrémités du garde, ses doigts et ses mains, furent les premières à céder sous cette pression. Ses os se brisèrent avec des craquements horribles, écrasés par l'air devenu trop lourd, tandis que ses veines éclataient sous la contrainte. Puis, progressivement, tout son corps succomba. Ses membres se déformèrent, son torse s'effondra, et finalement, dans un dernier râle étouffé, il s'écrasa complètement, son corps pulvérisé sous une force qu'il ne pouvait comprendre ni combattre.
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Ostru: Fragments d'un Monde Déchu
Avventura25 ans après une apocalypse, l'humanité a basculé dans le chaos. Cette apocalypse, issue d'une guerre, a balayé la civilisation, laissant derrière elle des ruines et des terres ravagées. Avant cette chute, la majorité des êtres humains possédaient...