Lundi...
Les vacances sont terminées et Jonas, avec son obstination silencieuse, a tout prévu. Nelly a répondu : trois simples lettres assemblées ensemble : oui. Court. Douloureux. Énigmatique. Pourtant, cela suffit à Jonathan pour nourrir l'espoir. Il se persuade qu'elle viendra. Il peut presque la visualiser, descendant cette route familière, ce chemin qu'elle connaît si bien, menant jusqu'à cette maison qu'elle aimait tant, un cocon d'innocence et de promesses.
Le soleil est à son zénith lorsque la sonnette retentit. Son cœur s'emballe instantanément, battant à tout rompre. C'est elle.
— Bonjour, Jonathan.
Sa voix. Douce, mais fragile, presque tremblante. Elle est là, devant lui, en chair et en os. Il sent son souffle se couper une seconde, son esprit vaciller sous le poids des émotions qu'il a trop longtemps retenues.
— Bonjour, murmure-t-il, les mots lui échappant, tandis que son cœur continue de battre à cent à l'heure.
Nelly se tient devant lui, légèrement maquillée, mais il ne peut pas ignorer les détails qui trahissent sa fatigue. Son arcade est enflée, ses cernes profonds, et surtout, ce regard... un regard chamboulé, où la tristesse semble avoir élu domicile. Elle essaie de sourire, d'offrir un semblant de normalité, mais il voit bien que ce sourire est forcé, une façade.
Cela lui brise le cœur. Chaque détail de son visage semble hurler une douleur qu'elle cache derrière ce sourire fragile. Ce geste si anodin, ce sourire, lui donne envie de la prendre dans ses bras, de l'empêcher de souffrir davantage.
— Comment vas-tu ? demande-t-il, sa voix douce mais inquiète.
— On fait aller, répond-elle en haussant les épaules. Je ne dors pas bien... à cause de toi.
À cause de lui. Ces mots, prononcés sans haine mais avec une douleur sourde, le frappent en plein cœur. Il détourne légèrement les yeux, luttant contre la culpabilité qui monte en lui.
— Nel, je suis désolé, balbutie-t-il, regrettant aussitôt ses paroles. Je... je n'aurais pas dû te faire venir...
— Tu vas partir ? demande-t-elle, sa voix à peine audible, tandis qu'elle se frotte les bras doucement, comme pour se protéger du froid ou peut-être de ses propres émotions.
— Oui, répond-il après un instant de silence, sachant très bien que cette simple réponse n'est pas suffisante.
Il voit qu'elle frissonne légèrement sur le perron et ouvre alors grand la porte, l'invitant à entrer avec un geste de la main.
Le salon, bien qu'empreint d'une atmosphère magique, semble presque figé dans le temps. Quelques cartons sont éparpillés ici et là, Jonathan continue à trier ses affaires, à se débarrasser de ce qu'il ne peut plus garder. Des vêtements, des meubles, des objets sont partis dans des associations du secteur. Un adieu progressif à la vie de ses aïeules qu'il a tant aimée. Il l'observe en silence alors qu'elle avance dans la pièce, presque hésitante, comme si elle craignait de réveiller de vieux fantômes.
Elle effleure doucement le bois du manteau de la cheminée, ses doigts glissant sur la surface avec une familiarité teintée de nostalgie.
— Ça n'a pas changé, murmure-t-elle, son regard balayant la pièce, cherchant des traces de ce qu'elle avait connu autrefois.
— Non, répond-il simplement.
Il la regarde. La voir ici, dans ce lieu qui a tant compté pour eux deux, fait remonter une vague d'émotions qu'il a du mal à contenir. Elle est là, devant lui, mais elle semble si loin à la fois. Il contourne les fauteuils, s'approche lentement d'elle. Ses mains tremblent légèrement alors qu'il hésite, avant de lever une main pour caresser son visage. Ce visage qu'il connaît par cœur, qu'il a tant de fois dessiné dans ses pensées.
VOUS LISEZ
Joue-moi, l'amour
RomanceNelly professeure de théâtre passionnée, mène une vie tranquille près de Bordeaux, loin du tumulte parisien où son mari, un acteur de série télévisée, passe la plupart de son temps. Leur mariage, déjà fragile, s'effrite sous le poids de la distance...