Le lendemain...
Jonathan – 16:13 : Je suis désolé, Nelly... je n'ai pas réfléchi. J'avais besoin de toi. Je t'aime. Je ne veux pas te perdre. Pardonne-moi !
Jonathan – 18:56 : Mon avion partira le 23 novembre, en fin de journée. Je ne t'ennuierai plus. Pardonne-moi.
Jonathan – 00:09 : Je n'arrête pas de penser à toi. Je me demande si notre relation est du passé. Après tout ce que nous avons traversé, je n'ose y croire. Je t'écris alors que je n'ai rien d'exceptionnel à t'écrire, tu me manques... Je ferme les yeux histoire d'oublier ton absence... mais je n'arrive pas à dormir.
Jonathan – 08:37 : As-tu réussi à dormir ? Moi, si peu... tu envahis mes pensées, et, pourtant, cette idée n'a rien de désagréable. Je n'arrive pas à m'imaginer sans toi. Je crois que je n'ai jamais été capable de le faire...
Nelly, les yeux cernés par la fatigue émotionnelle, fixe l'écran de son téléphone. Les mots de Jonathan défilent sous ses yeux, chaque phrase résonnant comme une onde qui ébranle ses défenses. Elle pourrait le bloquer, effacer les messages, mais elle n'en fait rien. Elle est là, immobile, figée entre le passé et le présent. Une partie d'elle veut répondre, veut lui dire qu'elle l'aime encore, qu'elle l'a toujours aimé. Mais une autre partie... une partie plus sombre, plus terrifiée, la retient. Cette peur viscérale de souffrir à nouveau la maintient silencieuse. Elle est seule dans la maison. Bertrand n'est toujours pas rentré. Les murs semblent se refermer sur elle, et chaque minute passée à lire les messages de Jonathan la plonge dans un abîme de confusion.
Elle craque. En un instant, elle attrape son téléphone, ses doigts tremblants en composant le numéro de Leticia, sa meilleure amie. Elle a besoin de parler, de vider son cœur. Leticia décroche après quelques sonneries, et dès qu'elle entend la voix cassée de Nelly, elle sait que quelque chose ne va pas. Alors elle accourt et en quelques minutes elle retrouve Nel chez elle.
Là, Nelly lui explique tout, les messages, le retour inattendu de Jonathan dans sa vie, et l'effet dévastateur que cela a sur elle.
— Et tu ne lui réponds pas ? demande Leticia, la voix troublée, presque inquiète, en écoutant son amie raconter les détails avec une détresse palpable.
Nelly se mord la lèvre, son regard se perdant dans le vide. Elle sent une boule se former dans sa gorge, une douleur lancinante qu'elle tente de repousser depuis des jours. Elle secoue doucement la tête, ses lèvres serrées pour contenir ses sanglots. Comment pourrait-elle répondre ? Comment pourrait-elle avouer ce qu'elle ressent vraiment, alors qu'elle-même est perdue dans ce tumulte d'émotions contradictoires ?
Elle sait qu'elle l'aime. Elle n'a jamais cessé de l'aimer. Mais l'idée de se laisser à nouveau entraîner dans cette histoire, de s'ouvrir à lui après tant de blessures... c'est tout simplement trop.
— Mais tu l'aimes ! insiste Leticia, la voix plus ferme cette fois, comme pour la forcer à affronter cette vérité qu'elle ne veut pas admettre.
C'est cette phrase qui brise ses dernières résistances. Nelly éclate en sanglots, ses épaules secouées par des spasmes qu'elle ne peut plus contenir. Elle cache son visage dans ses mains, sentant le poids des treize dernières années s'abattre sur elle comme une tempête qu'elle a si longtemps contenue. Elle est amoureuse de Jonathan, c'est un fait. Depuis le tout début. Treize longues années où elle a vécu dans cette ombre, tentant de l'oublier, de faire son deuil comme une veuve qui aurait perdu son époux. Sauf qu'ici, il n'est jamais vraiment mort.
Il est là, quelque part dans cette ville, à attendre un signe d'elle, à espérer un pardon qu'elle n'est pas encore prête à lui accorder.
— Nel, tu ne peux pas continuer comme ça, souffle Leticia, sa voix plus douce, plus compatissante maintenant. Je sais que tu souffres, mais rester enfermée dans cette douleur ne te mènera nulle part.
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Joue-moi, l'amour
RomanceNelly professeure de théâtre passionnée, mène une vie tranquille près de Bordeaux, loin du tumulte parisien où son mari, un acteur de série télévisée, passe la plupart de son temps. Leur mariage, déjà fragile, s'effrite sous le poids de la distance...