La théorie du fil rouge

Chapitre 5 : vivre maintenant, aimer pour toujours

Après la discussion entre Jiangsu et Aiko, Jiangsu a voulu s'exercer en poésie et écrivit un poème :

PLUS TARD

Plus tard, c'est une expression que je n'aime pas,
Parce que plus tard, le temps s'enfuit,
Il y a tout qui refroidit, plus tard il fera nuit.

Quand j'étais petit, je n'attendais que le plus tard,
J'attendais de grandir, de rattraper tout ce retard.

Je pensais que je devais encore apprendre à vivre,
Et au final, les rires s'éteignent,
Nos cœurs déteignent, le soleil nous réveille,
Et il n'y a plus grand-chose qui nous émerveille.

Plus tard, c'est un peu trop tard,
Mes larmes coulent pendant que je
Gratte quelques notes à ma guitare,
Et je n'ai plus que le souvenir de tes regards.

Alors n'attendons pas plus tard pour nous aimer,
Détruis tous mes remparts même si j'essaie de t'en empêcher.
Cours-moi après jusqu'à la gare,
Arrête le train et aime-moi au présent.

N'attends pas plus tard pour nos écarts,
Nos cœurs sont déjà hagards et il ne faut pas
Qu'ils s'égarent.

Avant, j'attendais le plus tard,
Mais depuis que j'ai croisé ton regard,
C'est du présent que je me pare.

Alors aime-moi et trace notre histoire
Avant que le plus tard ne nous sépare.

En ayant écrit ce poème, Jiangsu n'avait qu'une seule idée en tête : en écrire plein d'autres, comme celui-ci, et les offrir aux personnes qu'il aime.

La poésie était pour lui bien plus qu'un simple exercice de style. C'était une façon de partager ce qu'il n'arrivait pas toujours à dire à voix haute. Ces mots couchés sur le papier, il les voyait comme des cadeaux intemporels, des morceaux d'âme qu'il pourrait transmettre et qui survivraient au passage des jours.

Il imagina déjà à qui il pourrait adresser ses prochains poèmes. Peut-être à Aiko, pour lui montrer à quel point leurs discussions l'inspiraient ? Ou à ce vieil ami qu'il n'avait pas revu depuis des années, pour lui rappeler que, même loin, leur amitié était intacte ? Ou encore à sa sœur, pour lui dire qu'il admirait sa force et sa résilience, bien qu'il n'ait jamais trouvé les mots pour le lui avouer en face ?

Jiangsu prit une profonde inspiration et se perdit un instant dans ses pensées. Il repensa à cette notion de "plus tard" qui l'avait toujours hanté. Quand il était enfant, "plus tard" avait le goût des rêves et des promesses. Il s'imaginait adulte, libre, capable de tout accomplir. Mais maintenant qu'il avait grandi, il réalisait que "plus tard" était souvent une excuse. Une manière de reporter ce qui comptait vraiment.

Il se promit alors de ne plus attendre. La vie était trop précieuse pour être remise à demain. Il voulait vivre chaque instant avec intensité, aimer sans retenue, et ne plus laisser le temps lui filer entre les doigts.

Avec cette promesse en tête, il reprit son stylo et écrivit :

LE TEMPS QUI PASSE

Le temps qui passe nous dérobe nos rêves,
Il efface les éclats de rire et les promesses brèves.
Mais si tu es là, je veux défier l'horloge,
Chaque seconde avec toi, je la déloge.

Car demain est incertain,
Et hier est déjà lointain.

Alors prenons le temps de nous sourire,
De bâtir des souvenirs,
Pour que, même lorsque viendra l'hiver,
Nos cœurs battent encore sincères.

Ce deuxième poème était pour lui un manifeste, une déclaration à la vie, un cri d'amour pour tout ce qui le faisait vibrer. Jiangsu sentait une énergie nouvelle en lui. Il se rendit compte que la poésie lui offrait une liberté qu'il n'avait jamais connue.

Il décida alors de commencer un carnet, qu'il appellerait "Les Poèmes du Présent". Dans ce carnet, il consignerait ses pensées, ses émotions, et toutes ces réflexions qui naissaient au fil de ses journées.

Ce carnet ne serait pas seulement pour lui. Il imaginait déjà qu'un jour, il le donnerait à quelqu'un de spécial. À un ami, à un amour, ou peut-être même à un enfant, pour lui transmettre cette idée précieuse : que le plus beau moment de la vie, c'est toujours maintenant.

Et ainsi, Jiangsu comprit que la poésie n'était pas seulement un exercice, mais une véritable façon de vivre.