Les toquements résonnèrent dans la pièce, brisant le calme pesant qui enveloppait l'espace exigu. Une Dona jeune laissa échapper un soupir profond, presque exaspéré. Elle n'avait pas envie de voir qui que ce soit aujourd'hui.C'était un de ces jours où le poids de tout ce qu'elle portait sur ses frêles épaules semblait vouloir l'écraser.
À contrecœur, elle se leva, traînant des pieds sur le parquet usé. La lumière blafarde d'une fin de journée se glissait à travers la petite fenêtre, dessinant des ombres allongées sur les murs nus. Arrivée à la porte, elle tourna lentement la poignée, laissant apparaître celui qu'elle voyait souvent ces derniers temps.
John se tenait là, immobile, son expression neutre masquant mal la fatigue qui marquait son visage. Sans sa barbe habituelle, il paraissait plus jeune, presque vulnérabler. Dans sa main, il tenait un paquet soigneusement emballé, un contraste cruel avec l'austérité de la chambre.
Dona n'avait pas besoin d'un cadeau. Pas aujourd'hui, ni demain. Elle le fixa un instant, ses yeux bleue chargés de reproches qu'elle ne prit pas la peine de formuler à voix haute. Sans un mot, elle se détourna, retournant s'asseoir sur son lit, son dos voûté exprimant toute la lassitude de son jeune âge.
« John, qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-elle, son ton teinté d'agacement, mais aussi d'une lassitude qu'elle ne cherchait même plus à cacher.
John, immobile sur le seuil, inclina légèrement la tête, un sourire doux effleurant ses lèvres. « C'est ton anniversaire, Dona. Dix-huit ans, en plus. Je ne pouvais pas te laisser croupir ici, toute seule. »
Son regard était tendre, presque fraternel, et il y avait dans ses yeux une chaleur qui, malgré elle, parvint à fissurer un instant l'armure de Dona. Elle détourna rapidement le visage, incapable de soutenir cette bienveillance qui contrastait cruellement avec l'amertume qu'elle ressentait.
Dix-huit ans. Cet âge que tous les enfants rêvent d'atteindre, le seuil symbolique vers l'âge adulte. Une liberté supposée, un nouveau départ. Mais pour Dona, c'était tout l'inverse. Ce jour qu'elle avait tant imaginé, qu'elle avait autrefois attendu avec impatience, était devenu un rappel cruel de tout ce qu'elle avait perdu. Elle n'était pas prête, et elle n'avait jamais voulu l'être.
Assise sur le bord de son lit, elle laissa son regard errer sur la pièce exiguë. Les murs étaient ternes, dépourvus de toute décoration, et le silence qui régnait était presque oppressant. Dix-huit ans, et elle fêtait cela dans une chambre vide, sans amis, sans famille. Elle qui, enfant, avait rêvé d'une fête entourée de rires et de complicité, se retrouvait seule, face à une réalité qui lui pesait.
Le jeune John, assis sur la chaise bancale de la petite chambre, observait les yeux humides de Dona. Son cœur se serra. À peine trois ans après l'apocalypse, tout était encore bien trop récent, les blessures encore à vif. Il soupira doucement, comprenant que les mots ne suffiraient pas à apaiser sa douleur. Pourtant, en cette journée censée être celle de Dona, il refusait de la voir pleurer.
Avec une délicatesse presque inhabituelle pour lui, il posa un petit paquet soigneusement emballé sur les genoux de Dona. Elle, le regard perdu ailleurs, le sentit immédiatement. Elle baissa les yeux vers le cadeau, puis les releva vers John, surprise par ce geste. Ce dernier ne disait rien, mais il lui adressa un sourire, un de ces sourires sincères qui, malgré elle, parvenaient toujours à détendre son cœur.
Elle soupira, partagée entre la curiosité et l'envie de rester fermée à toute émotion. Finalement, cédant à cette curiosité, elle tira doucement sur les rubans et le papier, dévoilant un petit bocal en verre. À l'intérieur se trouvait une fleur captivante.
C'était une chrysanthème, une fleur majestueuse et complexe, aux pétales nombreux et délicats qui s'entrelacent en formant une sphère presque parfaite. Ses nuances d'un orange profond scintillaient légèrement, comme si chaque pétale avait été imbibé d'Essens. Le cœur de la fleur, un jaune lumineux et pur, semblait diffuser une douce chaleur, presque réconfortante. Les pétales extérieurs, légèrement plus sombres, s'étiraient avec grâce, tandis que les plus petits, au centre, formaient un motif concentrique qui semblait hypnotique.
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Ostru: Fragments d'un Monde Déchu
Adventure25 ans après une apocalypse, l'humanité a basculé dans le chaos. Cette apocalypse, issue d'une guerre, a balayé la civilisation, laissant derrière elle des ruines et des terres ravagées. Avant cette chute, la majorité des êtres humains possédaient...