Chapitre 4

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La fin de novembre apportait un froid mordant à Istanbul. La ville, enrobée d'un voile blanc de neige fraîche, semblait figée dans le temps. Les trottoirs glissants, les passants emmitouflés dans leurs écharpes et le souffle de vapeur qui s'échappait de leurs lèvres créaient une ambiance presque féerique.

Dans son petit appartement, Amara referma son livre d'études et s'étira en bâillant. La chaleur du radiateur contrastait agréablement avec l'hiver qui s'intensifiait dehors. Alors qu'elle rangeait ses notes, son téléphone vibra sur la table basse.

"Amara, il faut qu'on révise ensemble pour le test ! Si on reste seules, on va finir par paniquer. J'ai un café trop bien en tête, rejoins-moi là-bas. C'est mon spot préféré !"

Amara sourit, amusée par l'énergie constante de son amie. Elle attrapa ses affaires et descendit rapidement les escaliers. Une fine poudreuse recouvrait déjà les marches. Elle inspira profondément l'air glacé, les joues rougies, et se dirigea vers l'adresse envoyée par Nihan.

Le café était petit mais chaleureux, avec une grande baie vitrée donnant sur une rue animée. À l'intérieur, des étudiants travaillaient sur leurs ordinateurs, d'autres partageaient des éclats de rire autour de tasses de thé fumantes. Amara repéra Nihan près du fond, installée dans un coin confortable.

"Amara !" s'exclama-t-elle en agitant la main.

Amara retira son manteau, libérant une pluie de flocons, et prit place en face d'elle.
"Tu sais, il fait trop froid ici. Vous êtes sûrs que c'est la Turquie et pas la Sibérie ?" plaisanta-t-elle.

Nihan éclata de rire. "Tu n'as encore rien vu. Attends janvier, là, tu vas vraiment souffrir. Mais bon, au moins, ici, on a du bon thé et des profs motivants."

Amara hocha la tête en sortant son carnet et son manuel de relations internationales. "Tu penses qu'on est prêtes pour ce fameux test ?"

Nihan haussa les épaules. "Franchement ? Oui et non. Mais ce test, il va surtout servir à nous classer, hein, pas à nous condamner. Je parie que la prof va être sympa. Par contre..." Elle prit une gorgée de thé avant de continuer. "Je me demande vraiment qui ils vont nous mettre dans les groupes."

Depuis l'annonce du test par leur professeure de sciences politiques, l'université était en effervescence. Ce test, prévu dans une semaine, permettrait de former des groupes entre leur faculté et celle de Polytechnique d'Istanbul, spécialisée en ingénierie. L'objectif était ambitieux : concevoir un système innovant combinant technologie et relations internationales.

La professeure avait expliqué que les groupes seraient formés après le test, sur la base des résultats, pour s'assurer d'un équilibre des compétences. Chacun des élèves en relations internationales serait jumelé avec un étudiant en ingénierie, mais personne ne savait encore qui serait avec qui.

"Ça me stresse, ce test", murmura Amara.

"Arrête de stresser. T'es super forte", répondit Nihan en lui lançant un sourire encourageant. "Et puis, même si on finit séparées, on restera besties."

Alors qu'elles révisaient dans le café, Nihan posa son stylo d'un geste dramatique et fixa Amara avec un regard espiègle.
"Amara, j'ai entendu un truc sur Adam. Tu veux savoir ?"

Amara soupira, déjà habituée à ce que Nihan évoque son sujet favori. "Quoi encore ? Une nouvelle déclaration d'amour de Maria ?"

Nihan éclata de rire. "Non, rien à voir ! Figure-toi qu'il aurait refusé un stage hyper prestigieux à Londres l'année dernière."

Amara haussa un sourcil, intriguée malgré elle. "Londres ? Pourquoi ? Ça semble être une opportunité énorme."

"Personne ne sait. Certains disent qu'il voulait rester près de sa famille, d'autres pensent qu'il est simplement du genre à suivre son propre chemin, peu importe les attentes des autres." Nihan s'adossa à sa chaise, l'air songeuse. "C'est bizarre, non ? Un gars aussi brillant, et il décline une offre pareille."

Le pont entre deux mondes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant