(POV Élias)
L'odeur de la terre humide et des feuilles écrasées se mêlait à l'odeur métallique de l'air, lourd et oppressant. Je ressentais la pression qui montait dans mon ventre, chaque battement de mon cœur résonnant dans mes oreilles. Ils étaient proches. Je le sentais. À chaque pas, l'urgence devenait plus aiguë, plus évidente.
Leurs poursuivants n'étaient pas loin. J'avais observé leurs mouvements, leurs erreurs. L'un d'eux, un homme grand avec un regard froid, semblait diriger l'équipe. Léo. Il n'était pas seul. Et il était clair que Léo savait où nous allions. Mais nous n'avions pas le luxe de l'attendre.
Anaïs marchait à mes côtés, mais son silence pesant me rappelait que nous n'étions pas dans une situation normale. Nous n'étions pas simplement en fuite. Nous étions dans la ligne de mire d'un homme prêt à tout pour effacer leurs traces. Nous étions à l'intérieur du système, et ce système avait des griffes. Léo l'avait bien compris.
— On est presque là. Ma voix était basse, presque un murmure, mais ma certitude transparaissait. Je savais exactement où nous allions.
Anaïs ne répondit pas immédiatement, se contentant de me suivre, la main crispée sur la poignée de son sac. Je savais que la peur qui s'était installée en elle était profonde. Elle n'avait jamais connu ce monde. Elle n'avait jamais été aussi proche de la mort. Mais j'espérais que la confiance qu'elle avait placée en moi était suffisante pour nous mener au bout du chemin.
Nous atteignîmes un sentier abrupt, qui montait dans les collines boisées. En bas, la vallée était encore plongée dans l'ombre. Je m'arrêtai, observant autour de moi.
— Nous sommes là, dis-je enfin.
Je me tournai vers Anaïs. Mes yeux brillaient d'une lueur qu'elle n'avait pas vue chez moi jusque-là. Une lueur de détermination pure.
— Tu dois faire ça, Anaïs. Tu sais comment faire, je le sens.
Elle me regarda un instant, confuse, puis suivit mon regard vers la crête qui se dressait devant nous. Là-haut, à l'horizon, une silhouette noire se profilait contre le ciel. Un bâtiment isolé, un poste avancé, probablement leur centre de commandement.
— C'est là.
Elle hocha la tête, une vague de réalisme la traversant. Elle savait maintenant ce que j'attendais d'elle. C'était sa chance. La sienne et la sienne seule.
Nous continuâmes à marcher, la montagne devenant de plus en plus raide. Le vent se levait, sifflant dans les arbres. Chaque bruit semblait amplifier notre inquiétude. Nous étions si proches de notre but, et pourtant la peur ne cessait de nous envelopper. L'endroit où nous allions n'était pas seulement un refuge, c'était un centre nerveux, un entrelacement de mensonges, de secrets et de pouvoir. Si Anaïs avait bien compris ce que je lui avais expliqué, ce que nous allions trouver là-bas pourrait tout changer.
Arrivés en haut, nous nous glissâmes dans un abri temporaire, une petite cabane en bois.
— On attend ici. Je fermai les yeux un instant. « On attend qu'ils passent, et après... on entre. »
— Mais il faut que tu sois prête, ajoutai-je avec un ton plus grave. Une fois à l'intérieur, plus de retour possible.
Anaïs sentit son cœur s'emballer. La mission était claire, mais elle n'avait pas encore mesuré toute l'ampleur de ce qui nous attendait. Nous allions pénétrer dans l'un des endroits les plus gardés, un territoire surveillé, où chaque mouvement était scruté. Nous allions devoir détruire des informations cruciales, brûler des archives, couper les liens de leur emprise. C'était tout ou rien.
— Je suis prête, répondit-elle, la voix plus ferme qu'elle ne le pensait.
Il n'y avait plus de doute dans ses yeux. Anaïs était prête à sacrifier tout ce qu'elle avait pour détruire cette organisation. Parce que cette organisation ne ferait jamais marche arrière. Elle avait appris à ses dépens qu'il n'y avait pas de compromis avec des gens comme eux.
Je me tournai une dernière fois vers elle.
— On y va.
Nous sortîmes rapidement de la cabane, nous dirigeant vers le centre où la structure se dessinait plus nettement, gigantesque et froide dans la lumière grisâtre du matin. Les murs étaient hauts, sécurisés. Nous savions que chaque seconde comptait. La route était semée d'embûches, mais notre but était clair.
(POV Anaïs)
Je ressentais une montée d'adrénaline qui me coupait presque le souffle. Nous nous approchions du centre, et je sentais le danger à chaque pas. Je n'avais jamais cru que je serais impliquée dans quelque chose d'aussi grand. Et pourtant, la réalité me rattrapait à chaque instant.
Nous nous faufilâmes à travers les ombres des arbres, nous approchant de plus en plus de l'entrée principale du complexe.
— On entre par là. Élias désigna une porte arrière moins protégée.
Nous nous glissâmes à l'intérieur, une fois la porte ouverte. Il n'y avait aucun bruit, juste nos souffles de fugitifs. Nous étions invisibles, mais pour combien de temps ?
La pièce était faiblement éclairée. Des ordinateurs, des dossiers éparpillés sur des bureaux vides, des caméras de surveillance braquées sur des coins invisibles. C'était une forteresse. Et je savais que, malgré tout ce que nous avions préparé, nous risquions nos vies.
Élias se tourna vers moi une dernière fois, son visage durci par la détermination.
— Prête ?
Je hochai la tête. Ensemble, nous nous lançâmes dans la bataille.
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Entre l'Ombre et le Feu
Roman d'amourAnaïs Morel, une serveuse solitaire d'un village isolé, rencontre Élias Delorme, un homme mystérieux et taciturne qui semble fuir son passé. Intriguée, Anaïs s'approche de lui malgré sa froideur, découvrant peu à peu que Élias est en fuite, poursuiv...