Julia & Matt Tome 2 : Les Révélations

Chapitre 36 Matt

Sentir Julia endormie sur moi me fait un bien fou. Vivre un petit moment unique tous les deux, j'en avais bien besoin avant cette course. Nous devions arrêter les chevauchées de rue, mais l'appel de celle-ci est bien trop fort. Nous devons seulement, ne pas être attrapés, pour ne pas avoir de problème pour le championnat amateur de Marcus. Abandonner Julia m'a embêté, je sais que je ne passe plus assez de temps avec elle. Mais je me promets de remédie a ça très vite. Je me laisse un moment pour tout mettre en poste pour Gabin, après je partagerais mes heures, mes jours avec eux. Julia me manque, notre intimité également, mais je me rachèterais.

Arrivant sur place, je retrouve les sensations fameuses de l'interdit. Sur circuit, c'est bien, mais trop protocolaire et trop encadré. Je préfère de loin celle de rue ou il n'y a pas de règle autre que d'aller d'un point A au point B. Le contact est autorisé, les figures et surtout l'argent en jeu et une sacrée motivation.

— Salut frangin, dis-je en me plaçant au côté d'Ethan.

— Te voilà enfin toi, t'es en retard.

— Je sais, la balade avec Julia a duré plus longtemps que prévu.

— Vous avez pu discuter ?

— Pas vraiment, elle s'est assoupie.

— Sur la moto ? s'interloque Ethan les yeux écarquiller.

— Bien sûr que non abruti. On s'est arrêté, on s'est posé et elle s'est endormie. Elle avait l'air pensive et fatiguée.

— Tu m'étonnes, rétorque mon frère.

— Pourquoi ? Il y a un souci dont je ne suis pas au courant ?

— Non, pas que je sache, enfin à part que tu es papa, je ne vois pas d'autre difficulté.

— Et ça n'en est pas une, énonçais-je.

— Les candidats pour le périple se préparent, annonce une voix dans un mégaphone.

— On y va, s'écrie mon frangin en enfilant son casque.

Son affirmation m'a retourné le cerveau. Gabin n'est pas un problème, il va falloir qu'il le comprenne. Pour le moment, je dois me concentrer sur ma course et non sur les accusations de mon frère. Cependant, je le déteste de ne pas accepter mon fils. Je suis sûr qu'une fois qu'il l'aura rencontré tout ira mieux.

J'allume le moteur et avance sur la ligne de départ. Ce soir, ce sera chacun pour soi, Ethan et moi ne sommes pas un duo. Pourtant un regard l'un vers l'autre et les machines sont en route, le plan est en marche. Je bloque, il gagne et nous partageons l'argent comme toujours.

— J'espère que tout le monde a rentré l'adresse dans son GPS, la course se passe en ville. Ligne d'arriver ici même, le parcours de cinq kilomètres à travers la rue vous attend. Attention à la circulation, si un problème survient vous ne connaissez personne de cette course, personne ne doit savoir que les run sauvages existent. Prêt ?

Le grondement des moteurs pour seule réponse, l'annonceur laisse place à une jeune femme en short court et haut léger s'avancer pour donner le départ.

Les bras levés, le corps bien droit, elle nous sourit, avant de les baisser, les fesses cambrées en arrière. À une époque, je l'aurais maté et surement abordé en fin de tour. Mais ça, c'était avant. Le départ est lancé, j'accélère sans me soucier d'Ethan pour le moment. Le début est important pour nous deux, nous devons nous placer correctement pour pouvoir semer une partie des participants qui ne servent à rien, à part nous gêner. Il faut être espacé pour pouvoir entrer en agglomération et pouvoir slalomer entre les bagnoles. En arrivant dans la circulation, Ethan et moi sommes dans le peloton de tête, ainsi que deux concurrents. C'est la première fois que nous passons dans la ville avec autant de trafic et je dois avouer que le challenge et toute autre. J'ai du mal à situer mon frère, avoir un œil sur les adversaires et surveiller les voitures. Ma concentration n'étant pas à son maximum, je paume rapidement la moto d'Ethan. Je ne sais plus s'il est devant ou derrière moi. J'ai beau regarder partout, je l'ai perdu. Je dois me focaliser sur mon parcours pour une fois. Tant pis pour lui, je crois que je ne devrais pas, mais la réflexion de mon complice sur Gabin me conforte dans l'idée de penser à moi seul. Dans tous les cas, nous nous retrouverons à la fin. Les participants ont l'air plus à l'aise que moi dans le slomage de touriste. Pourtant je ne lâche pas l'affaire et m'oblige à rester dans la roue de mon concurrent, jusqu'à la fin.

Ligne d'arrivée que nous ne franchissons pas les premiers. Il y a bien longtemps que nous n'avions pas cédé à une course de rue. Il est vrai que c'était plus difficile que d'habitude et que nous avons égaré notre complicité sur le terrain. Ethan est parti comme une flèche sans savoir où j'étais et j'ai au final fait pareil, ce qui nous vaut la troisième et quatrième place. Nous n'avons pas cherché à être ensemble contre les autres et malheureusement nous avons gaspillé de l'argent et du temps.

— Putain, mais qu'est-ce que tu foutais, crie Ethan à travers son casque.

— Je ne te trouvais plus, la circulation était trop dense et je n'arrive pas à me concentrer correctement.

— Ce n'est pas possible, tu te ramollis ou quoi ? On n'a jamais gâché de course. Ton changement de statut te fait perdre l'esprit ou quoi ?

— Mon fils n'a rien à voir l'a dedans. Je ne comprends pas ce que tu as contre lui, mais il va falloir que tu fasses des efforts mon gars.

— Ouais, c'est ça. Je me tire moi. Je n'ai pas envie de fêter notre fiasco, s'énerve Ethan en partant en roue arrière.

Je ne l'ai jamais vue dansun état pareil. Son comportement devient méchant, arrogant et intolérable, jene sais pas ce qui lui arrive, mais je commence à supporter de moins en moinsses sauts d'humeur. La défaite c'est une chose, mais ses propos sur mon fils jen'approuve pas. J'espère pour lui que son mauvais caractère est passager, carje ne l'accepterais pas bien longtemps.