Chapitre 18: La magie de Noël

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Je passais la période des fêtes avec Déborah chez moi, puisque ma mère était en Thaïlande pour le travail. Elle n'avait pas l'intention de rentrer pour Noël ni pour le Nouvel An. Comme d'habitude, elle m'enverra un virement pour que je puisse m'acheter mon propre cadeau. Ce genre de gestes financiers m'aidait à combler l'absence de ses bras autour de moi pendant les fêtes, mais cela ne remplaçait pas ce manque affectif.

Noël, c'était une période compliquée pour moi, même si j'avais appris à l'aimer au fil des ans. Petite, je le passais souvent avec les nounous que ma mère finançait lorsqu'elle était en voyage d'affaires. Mon père, lui, fêtait Noël avec sa nouvelle famille, et moi je me retrouvai à le fêter seule, sans réelle chaleur familiale. Cela me rendait triste. J'avais toujours envié les filles dans les films, celles qui déballaient des cadeaux entourées de leurs parents et de leurs frères et sœurs, près du sapin. Ce rêve m'était totalement étranger, et chaque année, il venait raviver une blessure.

Mes parents se sont séparés quelques mois après ma naissance. Ils étaient jeunes, à peine adultes, ma mère avait 18 ans et mon père 21. Leur histoire n'avait pas commencé dans les meilleures conditions : Mon père voulait qu'elle avorte, mais l'amour qu'elle ressentait d'avance pour moi l'a emporté. Cependant, après la naissance, il l'a laissée seule, la laissant porter le poids de la maternité sans soutien, tout en continuant à entretenir des contacts avec elle. Sa famille, plutôt que de les aider, n'a cessé de la faire culpabiliser.

Quand ma mère a commencé à avoir une stabilité financière, elle m'a éloignée de cette famille qui ne lui avait rien apporté. Je ne les ai jamais rencontrés, et je n'en ressens pas le besoin. Même si ma mère à été très dur avec moi par rapport à mon poids, que j'avais besoin d'elle pendant les pires périodes de ma vie , qu'elle n'était pas là comme je voulais qu'elle soit là pour moi et qu'au fond j'ai une petite rancune pour ça envers elle, je sais qu'elle a sacrifié une grande partie de sa vie pour moi et mon bien-être. Je lui serais éternellement reconnaissante , je l'aime malgré tout.

Je ne pourrais pas en dire autant de mon père. Je l'ai vu au maximum cinq fois dans ma vie. Nos rares échanges se limitaient à des textos froids, des messages sans réelle émotion. À vrai dire, je ne le connais pas, et aujourd'hui, ça me va bien. Après tout le mal qu'il a fait à ma mère, je ne cherche même pas à tisser un lien avec lui. Quand j'étais petite, voir mes camarades acheter des cadeaux pour leur père m'attristait. Moi, à la fête des pères, j'offrais des cartes et des dessins à ma mère, car elle était mes deux parents à la fois. Je voyais les petites filles jouer avec leur père au parc ou déjeuner avec lui, et ça me brisait le cœur. En grandissant , j'ai souvent cherché cette affection dans les bras d'hommes, espérant compenser ce vide, mais cela n'a fait qu'augmenter mon mal-être.

J'ai vu ma demi-sœur à deux reprises dans ma vie. Autrefois, je me demandais ce qu'elle avait de plus que moi pour que notre père s'occupe d'elle et pas de moi. Aujourd'hui, cette question n'a plus d'importance.

— Je te parle, tu m'écoutes ? me dit Déborah, m'élevant du tourbillon de mes pensées.

— Désolée, j'étais ailleurs. Tu disais quoi ?

— On va au centre commercial acheter un sapin, nos cadeaux mutuels, des pyjamas et des tenues pour le réveillon ?

Déborah, elle, savait exactement ce que je ressentais en cette période de fêtes. Elle avait vu, année après année, à quel point Noël me mettait dans cet état de mélancolie. Alors, elle faisait tout pour me changer les idées, pour que je sois moins dans mes pensées, et pour me faire oublier la solitude que je ressentais. Et ça marchait. Grâce à elle, ces fêtes étaient plus supportables.

— Je suis partante !

***

Nous nous sommes habillées chaudement pour affronter l'air glacial de l'extérieur . Dès notre arrivée, au centre commercial, Déborah m'entraîna dans les allées, et nous avons commencé à chercher des tenues de Mère Noël, une nouvelle ambiance qu'elle avait voulu tester.

INAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant