Chapitre 61

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« Je me demandais combien je pourrais vendre tes yeux orange, » lança l'un des garçons, sa voix teintée d'un sarcasme cruel.

La petite fille se tenait au centre du cercle qu'ils formaient, entourée par ces adolescents plus âgés, plus grands, plus imposants. Pourtant, elle ne baissa pas la tête. Son regard, brûlant d'une défiance inébranlable, balaya chacun d'eux de haut en bas, un par un. Elle n'avait pas peur. Elle ne pouvait pas se permettre d'avoir peur.

Mia redressa les épaules, maintenant sa tête haute comme une flamme vacillante mais fière. Ces garçons n'étaient que des ombres parmi tant d'autres, des bouffons qui ne méritaient pas sa crainte. La peur, elle la réservait à une seule personne, le véritable diable qui dirigeait ce monde. Celui qui avait brisé sa vie. Celui qui avait ôté la vie de son père.

Elle serra les poings, se répétant intérieurement qu'il était hors de question de flancher. Si elle se laissait intimider par ces idiots, comment pourrait-elle un jour tenir tête à cet homme ? Alors, elle resta immobile, droite comme un arbre face à la tempête, et leur lança un regard chargé de défi, une lueur vive dans ses yeux orange.

Avant même que Mia ne puisse répondre, une voix retentit, claire et tranchante, comme une lame traversant le silence :
« Et moi, je me demande combien vaudront les tiens une fois qu'ils auront cessé de voir. »

Le garçon pivota brusquement, cherchant l'origine de cette menace. Une silhouette émergea de l'ombre, avançant avec une assurance glaciale. C'était son frère, le seul qui se tenait toujours entre elle et le danger.

Mia sentit un frisson de soulagement traverser son corps, mais elle garda son masque d'impassibilité. Elle observa son frère avec cette étrange combinaison d'admiration et de confiance absolue qu'elle réservait uniquement à lui.

Il posa une main ferme sur l'épaule du meneur, un sourire calme, presque amical, jouant sur ses lèvres.
« Regarde bien, » dit-il d'une voix légèrement aiguë mais chargée d'autorité.

Avant que le garçon ne puisse réagir, les doigts de son frère glissèrent sur son visage, se posant délicatement sur ses paupières. Une lumière éclatante jaillit, si vive qu'elle força Mia et les autres garçons à détourner les yeux. Un cri déchirant retentit, brisant l'air comme un coup de tonnerre. Puis, le silence.

Quand Mia rouvrit les yeux, elle vit le meneur s'effondrer au sol, inconscient. Les autres garçons, figés de terreur, n'osaient plus bouger. Son frère se redressa lentement, son expression toujours impassible, mais ses yeux brillants d'une colère contenue.

« La prochaine fois, réfléchissez à deux fois avant de menacer ma sœur, » déclara-t-il d'un ton froid, son regard balayant les autres garçons comme une mise en garde silencieuse.

 Mia, toujours droite, tourna son regard vers son frère. Elle ne dit rien, mais l'intensité de son regard était suffisante. Il posa une main sur sa tête, un geste à la fois protecteur et rassurant.

« Tu t'en serais sortie seule, hein ? » demanda-t-il avec un sourire en coin.

Mia haussa les épaules, le coin de ses lèvres se relevant légèrement.
« Évidemment. Mais merci quand même. »

Il la fixa un instant, son sourire s'adoucissant.

Devrait-il culpabiliser ? Non. Il n'en voyait pas la nécessité. Ce qu'il avait fait, il l'avait fait pour Mia. Et il le referait sans hésiter. Il détruirait le monde pour elle, s'il le fallait.

Les deux autres garçons, figés un instant devant le corps inerte de leur ami, reculèrent avant de prendre la fuite, leurs pas résonnant dans l'air lourd d'une peur palpable. Aster les observa s'éloigner sans la moindre émotion. Ce n'était pas seulement pour sa sœur qu'il avait agi. C'était pour eux aussi, pour leur justice à eux. Une justice qui n'existerait jamais dans ce monde si lui et Mia ne la réclamaient pas eux-mêmes.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant