Le soleil brillait haut dans le ciel, reflétant sa lumière sur la neige fraîchement tombée. Le groupe, emmitouflé dans leurs combinaisons de ski, avançait d'un pas maladroit jusqu'aux remontées mécaniques. Lorenzo, visiblement nerveux, jetait des regards hésitants vers les pistes qui s'étendaient devant nous.
— Sérieusement, je ne sais pas pourquoi j'ai accepté ça, grommela-t-il en regardant les skieurs dévaler les pentes avec une aisance qui semblait impossible à reproduire.
— Parce que t'es un compétiteur, Lorenzo, ricana Diego. Et que je veux immortaliser ta première chute avec ma GoPro.
Louna éclata de rire, ajustant ses lunettes de ski. Elle se tourna vers Lorenzo avec un sourire malicieux.
— Ne t'inquiète pas, je te rattraperai. Enfin, si je ne tombe pas avant toi.
Lorenzo leva les yeux au ciel, mais un sourire nerveux finit par apparaître sur ses lèvres.
De mon côté, j'essayais de garder mon calme. En théorie, je savais skier. En pratique, cela faisait des années que je n'avais pas mis les pieds sur une piste. Je resserrai mes gants, me concentrant sur mes chaussures de ski, mais une présence constante à mes côtés me distrayait.
Amos.
Depuis qu'on était arrivés, il avait enlevé son attitude énervé et gardé maintenant cette attitude détendue et taquine qu'il avait adoptée la veille, mais son regard glissait régulièrement vers moi, une intensité non dissimulée dans ses yeux sombres. Je savais qu'il mijotait quelque chose, mais je préférais l'ignorer.
Lorenzo était le premier à monter sur le télésiège. Enfin, presque. Dans sa précipitation, il manqua de s'asseoir correctement, et le siège lui heurta les jambes avant qu'il ne soit embarqué de travers. Diego éclata de rire si fort que même les skieurs environnants se retournèrent.
— T'es une vraie légende, mec, hurla Diego, les larmes aux yeux.
— Ta gueule, gronda Lorenzo, suspendu de manière précaire sur le télésiège.
Je ne pus m'empêcher de rire aussi, attrapant la barre de mon propre télésiège. Amos s'installa à côté de moi, ses larges épaules frôlant les miennes. L'air frais et la hauteur me donnèrent une excuse pour détourner les yeux, mais je sentais son regard sur moi.
— Tu vas bien, princesse ? demanda-t-il, une étincelle moqueuse dans la voix. T'as l'air un peu... nerveuse.
— Moi ? Jamais, rétorquai-je, ajustant mes gants avec un peu trop de zèle.
Le télésiège se mit à ralentir alors que nous approchions du sommet. Diego et Louna, déjà en bas, hurlaient des encouragements – ou peut-être des moqueries – à Lorenzo, qui tentait tant bien que mal de retrouver son équilibre. Amos rit doucement à leur spectacle, mais je sentais qu'il préparait quelque chose.
Et je ne tardai pas à découvrir quoi.
Alors que je me relevais pour descendre du télésiège, Amos fit exprès de freiner juste devant moi, me coupant la route. Surprise, je perdis l'équilibre et tombai dans la neige avec un cri.
— Sérieusement ?! m'écriai-je, m'appuyant sur mes bâtons pour me relever.
Il éclata de rire, le son profond et riche résonnant dans l'air glacial.
— T'as dit que t'étais pas nerveuse, alors je voulais tester. Visiblement, t'as menti, répondit-il, son sourire moqueur illuminant son visage.
Je lui lança un regard noir, mes joues brûlant autant de frustration que de froid.
— Connard, murmurai-je entre mes dents.
— Quoi ? T'aimes pas mes tests, princesse ? dit-il, s'accroupissant pour me tendre la main. Allez, lève-toi avant que je te prenne pour un flocon de neige.
Je refusa son aide et me releva seule, ma dignité en miettes mais ma détermination intacte.
— Oui, disons que je voulais calmer un peu ton assurance et te montrer que, dans cette histoire, c'est moi qui fais tout mieux.
— Ah ouais ? C'est ce que tu crois ? répondit-je, avec ton défiant.Je me redressa d'un coup, réduisant la distance entre nous jusqu'à ce que je doive lever la tête pour croiser son regard. Son expression narquoise m'agaçait au plus haut point, mais je n'allais pas lui laisser le dernier mot. Après avoir remis mes lunettes avec une précision exagérée, je lançai :
— Très bien. Alors, on verra qui arrive en bas en premier.
À peine avais-je fini de parler que je m'élança sur la piste, ne lui laissant même pas le temps de répondre. La neige crissait sous mes skis alors que je dévalais la pente, l'adrénaline montant à chaque virage. Ce connard allait comprendre. Pas question de le laisser me surpasser, ni ici, ni ailleurs. J'allais lui prouver que je gérais tout mieux que lui, sur les pistes comme dans nos vies. Tout comme notre gang était, et serait toujours, supérieur au sien.
Je dévalais la piste, le vent fouettant mon visage alors que j'essayais de garder mon équilibre. Mon cœur battait à tout rompre, non seulement à cause de la vitesse, mais aussi de la rage qui bouillonnait en moi. Amos pensait quoi, exactement ? Qu'il pouvait jouer à ce petit jeu de domination sans que je réplique ? Il ne savait pas encore de quoi j'étais capable.
Derrière moi, j'entendis le son des skis mordant la neige. Amos, évidemment. Le bruit se rapprochait rapidement, et je pouvais presque sentir son regard brûlant dans mon dos.
— Tu veux vraiment jouer à ça, Zélia ? cria-t-il par-dessus le vent, sa voix moqueuse mais teintée d'un défi évident.
Je ne répondis pas. Pas question de lui accorder la moindre satisfaction. Je m'accroupis légèrement, prenant encore plus de vitesse, laissant mes instincts prendre le dessus. Chaque virage était précis, chaque mouvement calculé.
Je jeta un coup d'œil rapide derrière moi et regretta instantanément. Amos était là, tout près, ses skis effleurant presque les miens. Un sourire narquois étirait ses lèvres, et ses yeux pétillaient de malice. Il se pencha légèrement, accélérant encore.
— Tu veux jouer, princesse ? Alors montre-moi ce que t'as, lança-t-il, sa voix un mélange de défi et de provocation.
Mon sang ne fit qu'un tour. Qu'il arrête de m'appeler Princesse, merde. Je resserra ma prise sur mes bâtons et pris un virage serré, esquivant un skieur maladroit qui m'avait coupé la route. Amos, bien sûr, le contourna avec une aisance insolente, se plaçant maintenant à ma hauteur.
— Tu te fatigues pour rien, Amos. Je vais gagner, lui lançai-je en tournant légèrement la tête vers lui, le souffle court mais déterminée.
— On verra, répondit-il, son sourire plus large, plus taquin.
Dans un ultime effort, je pris la tête et atteignis le bas de la piste quelques secondes avant lui. Une petite victoire, mais une victoire quand même. J'arrachai mes lunettes et le fixai, mon sourire triomphant éclipsant ma fatigue.
— Alors, c'est qui la meilleure maintenant ? demandai-je, essoufflée mais fière.
Amos, qui s'arrêta juste derrière moi, éclata de rire. Pas un rire moqueur, mais un vrai, profond, qui résonna autour de nous. Il secoua la tête, essuyant une goutte de sueur sur son front.
— Ok, je l'admets. T'es rapide. Mais, princesse, tu fais quoi quand quelqu'un te rattrape, hein ? T'as pas encore appris à partager la victoire.
Je plissai les yeux, incertaine de ce qu'il voulait dire. Puis, sans prévenir, il s'avança vers moi, réduisant l'espace entre nous à presque rien. Ses yeux brillaient d'un mélange de défi et de chaleur, et je sentis mon souffle se coincer dans ma gorge.
— Parce que moi, quand je gagne, je partage toujours, murmura-t-il, sa voix basse et pleine d'une intensité troublante.
Amos recula légèrement, son expression redevenant neutre. Mais je savais. Je savais qu'il avait joué, encore une fois, à ce jeu dangereux où il était le maître. Et cette fois, je n'étais pas sûre de savoir qui avait vraiment gagné.
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Sous les néons de l'interdit
RomanceAmos et Zélia n'étaient pas faits pour s'entendre. Entre les provocations, les regards noirs et les piques acides, leur vie de campus est vite devenue un champ de bataille. Zélia le trouve insupportable avec son arrogance de bad boy. Amos, lui, ne s...