Chapitre 25
Fin brutale
20 septembre 2020
Mes 24 ans
- Je vous sers un apéritif ? Ça va les faire venir. Qu'est-ce que tu prends Romain ? demande Marc, mon frère, depuis la cuisine.
- Un whisky avec des glaçons, répond Romain.
Mon regard se pose sur mon compagnon. Avachi sur le canapé, les yeux rivés sur la télévision, il contemple l'actrice dévêtue d'une publicité vantant les mérites d'un yaourt au bifidus actif. La bouche légèrement entrouverte, l'air ahuri, je ne serais pas étonnée de le voir baver.
- Et toi Coline, qu'est-ce que tu bois ? m'interroge mon frère.
Il tend le verre d'alcool à Romain qui s'en saisit sans même le regarder, trop fasciné par l'écran.
- Rien, merci. Je préfère attendre que papa et maman arrivent.
- Tant pis pour toi, réplique-t-il en haussant les épaules.
Alors qu'il retourne dans la cuisine, je remarque :
- C'est quand même bizarre, vingt minutes de retard, ça ne leur ressemble pas... Ça ne t'inquiète pas ?
Revenant les bras chargés de paquets de chips, pistaches et autres cochonneries, il me lance d'un ton exaspéré :
- Non, Coline... Ça ne m'inquiète pas. Je ne suis pas une angoissée de la vie, MOI.
Ce qu'il peut m'énerver avec ses piques et son air hautain. Il faut toujours qu'il me critique ou me rabaisse. Ce que je m'agace aussi à ne pas avoir de répartie. J'aimerais être capable de lui envoyer une réponse bien sentie pour lui faire fermer son clapet. Au lieu de quoi je le laisse poursuivre :
- Toujours à flipper qu'il se passe un drame. Fous-leur un peu la paix. Ils peuvent bien avoir une heure de retard si ça leur chante.
Comme toujours, je ne réponds pas. Je le laisse me dénigrer sans rien dire. Je sais que si j'ose répondre, il saura me faire taire et me mettra plus bas que terre. Marc est mon petit frère, mais il m'a toujours traitée comme une gamine.
Marc s'installe à côté de Romain et scrute l'écran avec le même air abruti. Je regarde ma montre. Vingt-cinq minutes de retard. Je la regarde encore. Trente minutes. Mes parents ne sont jamais en retard. Ils nous ont toujours répété que "la ponctualité est la politesse des rois". Si nous avions le malheur de ne pas arriver à l'heure ne serait-ce qu'une fois, et même avec une raison valable, nous en entendions parler pendant des mois.
Encore un coup d'œil sur la montre. Trente-cinq minutes. Mon inquiétude vis-à-vis de mes parents refuse de me quitter. Ne tenant plus en place, je lance en me levant :
- J'ai oublié quelque chose dans la voiture, je reviens.
Ni une, ni deux, je file hors du pavillon de mon frère. Si je leur laisse le temps de voir mon visage, je suis persuadée qu'ils devineront que je mens. Je n'ai jamais su mentir, on me l'a toujours dit. J'attrape mon sac à main dans l'entrée et m'empare de mon portable avant même d'avoir atteint le trottoir.
J'appelle sur la ligne fixe de mes parents. Pas de réponse. Ils sont sûrement en route. Je tente un nouvel appel sur le portable de mon père. Pas de réponse. C'est probablement lui qui conduit la voiture. Il ne répond jamais au volant. Je téléphone sur le portable de ma mère. Toujours pas de réponse. Mon estomac se noue. J'ai un mauvais pressentiment. J'essaie de la rappeler une seconde fois, puis une troisième, mais sans succès.
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Souvenirs enchaînés
HorrorRien n'est plus dangereux qu'un homme dont la passion s'est muée en obsession. Quand Coline le comprendra, il sera déjà trop tard.🔞⚠️ C'est lors d'une soirée de retrouvailles avec d'anciens amis du lycée, dix ans après le bac, que sa vie bascule. C...