Sidéris T1

Chapitre 22.

Lana | Colorado, décembre 2022

La chambre n'est pas beaucoup éclairée, mais assez pour que je tombe directement dans le regard d'Éros. Je romps de suite le contact en déviant mes yeux vers le sol. Une fois la porte refermée, je fais quelques pas vers le lit. Mon cœur bat tellement vite, c'est presque plus stressant qu'un examen.

Au moment où j'essaye de dire quelque chose, rien ne sort. Je ne sais pas pourquoi j'ai si peur de m'excuser. Ce n'est même pas une question de fierté, c'est juste qu'il s'agit d'Éros. Éros ! Je m'apprête à essayer une nouvelle fois après m'être raclé la gorge, mais c'est lui qui prend la parole en premier.

- Je sais, Lana.

Je relève la tête dans sa direction, arborant une expression qui traduit sans doute toute ma confusion. Lui aussi a meilleure mine que ce matin. Son teint a repris des couleurs.

- Je t'ai entendue pendant mon sommeil, hier soir. Je pensais au début que c'était un rêve, mais quand je me suis réveillé et que je t'ai vue dormir à mes côtés, j'ai compris.

Je n'ai pas les mots pour exprimer la gêne immense qui m'envahit. Il a tout entendu ?

C'est une bonne nouvelle, pas besoin de t'excuser.

Il a donc aussi entendu quand je me suis mise à pleurer. Mes joues s'empourprent, il n'aurait pas dû entendre ce que je disais.

- Qu'est-ce que tu as entendu, exactement ? demandé-je, curieuse.

- Que tu es désolée pour ce qui est arrivé, répond-il avec un demi-sourire.

- C'est tout ?

Ma voix est à peine audible, mais je dois savoir.

- Tu veux que je te confirme que j'ai entendu quand tu me suppliais de ne pas t'abandonner ? Oui, ça aussi, je l'ai entendu.

Merde.

Je suis probablement si rouge qu'on pourrait me confondre avec une tomate.

- Jace m'a dit que c'est toi qui lui avais donné l'idée de m'emmener acheter les cadeaux de Noël. Merci, j'en avais besoin.

Je joue avec mes mains pour essayer de ne pas montrer mon stress, mais c'est plus fort que moi.

- Qu'est-il arrivé à tes bras ? demande Éros en reprenant un ton plus sérieux.

Je baisse aussitôt les yeux vers le sol. Je redoutais cette question.

- Rien, rien, j'ai dû me faire ça pendant l'attaque au supermarché, je mens.

- Pas de ça avec moi, Lana.

Sa voix me fait sursauter et je déglutis avant de prendre une grande inspiration.

- Je... J'ai fait une crise, avoué-je enfin. Je n'ai pas su me contrôler, alors voilà ce qui arrive quand... quand tu n'es pas là.

Lorsque je relève mes yeux vers les siens, son regard a changé. Il s'est attendri. Nous restons quelques secondes à nous fixer sans rien dire.

- Je suis désolé, Lana.

- Pourquoi est-ce que tu t'excuses ? C'est de ma faute si tu es blessé. C'est moi qui suis désolée.

- Non, Lana, tu ne me dois rien. C'est à cause de moi si tu es en danger. J'en assume les conséquences en tant que chef de mafia. Je me suis fait la promesse de vous protéger, toi et les filles, et quand je vois tes bras, je comprends que j'ai échoué. Même si j'ai réussi à te protéger de ces hommes, je n'ai pas réussi à te protéger de toi-même.