Chapitre 24.

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Lana | Colorado, décembre 2022

Je suis dans ma chambre en train de finir ma valise. Aujourd'hui nous rentrons enfin à la maison, après plusieurs semaines dans le chalet.

Si les raisons qui nous ont amenés ici n'avaient rien d'agréable, vivre avec mes amis était finalement plutôt plaisant.

Je plie mes derniers vêtements quand je tombe sur la photo que Noa m'a offerte. Elle est si belle et surtout, nous sommes tous dessus. Jace, toujours à faire le guignol, Liam et Noa à côté, Ariane et moi en train de nous enlacer, et Éros à ma droite. Même s'il ne sourit pas, il semble heureux d'être parmi nous.

Ses sourires sont rares, et je me rends compte de la chance que j'ai d'avoir vu ses lèvres s'étirer à quelques reprises. Je le préfère mille fois plus comme ça que quand il a cette expression énervée.

- Lana, on y va ! crie Liam depuis l'entrée.

- J'arrive !

Je range la photo dans ma valise et vérifie une dernière fois que je n'ai rien oublié avant de sortir pour rejoindre les autres.

Il y a encore la route à faire et je suis seule avec Liam dans la voiture. Personne n'a voulu monter avec moi à part lui et je suis contente qu'il me fasse encore confiance. Cette fois, je ne me ferai pas avoir. Dès que je sentirai la fatigue arriver, je lui passerai le volant.

C'est d'ailleurs ce qui se passe après trois heures de route. Nous échangeons de place sur une aire d'autoroute, et je m'endors sur le reste du trajet. Quand la voiture s'arrête, Liam me réveille, car nous sommes arrivés devant leur immeuble. Je sors de la voiture et enlace les filles.

- Ça va faire tout bizarre de ne plus vivre avec vous, mais on se voit très vite.

- Bien sûr ! répond Noa sans hésiter.

Je les embrasse tous les trois, puis je rejoins ma voiture.

Une fois à la maison, après m'être garée à ma place habituelle, je m'arrête sur le perron. Des frissons d'angoisse se remontent le long de ma colonne vertébrale. J'hésite à entrer, assaillie par des images d'hommes morts et de sang.

J'avais presque oublié la raison de notre départ. Ces quelques semaines loin de tout ont réussi à me faire oublier l'atrocité de la scène qui s'est déroulée ici. Et tout vient de me revenir en mémoire, comme une claque magistrale.

Je rassemble mon courage, inspirant profondément pour essayer de me calmer. Ma respiration se coupe subitement quand j'entre dans le hall. Tout est comme avant, comme si rien n'était jamais arrivé ici. Les traces ont été éliminées, il n'y a plus rien. Et cette seule pensée m'effraie encore plus, car je prends conscience que des choses bien plus atroces ont déjà eu lieu entre ces murs, et qu'elles ont été effacées, elles aussi.

Combien de personnes sont mortes sur ce sol sur lequel je marche tous les jours ?

- Tu es là, ma petite Lana ! s'exclame Miranda en débarquant de nulle part.

Sa voix me sort de mes pensées et elle me prend dans ses bras.

- Salut Miranda, dis-je, heureuse malgré tout d'être à la maison.

Elle me laisse monter mes affaires dans ma chambre, et lorsque j'arrive devant la porte, je suis accueillie par un bébé chat noir qui dort sur mon lit. Je reste figée, incapable de comprendre ce qu'il fait là ni ce que je dois faire.

Qu'est-ce que...

Je m'avance silencieusement pour ne pas le réveiller et tends la main pour le caresser. Son pelage glisse sous mes doigts, il est si doux. Ses petits yeux s'ouvrent et ses pattes se tendent dans un étirement qui me fait fondre. Alors je le prends dans mes bras, avec les yeux qui pétillent face à autant de mignonnerie.

Sidéris T1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant