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Irina ouvrit les yeux avec difficulté. Sa tête lui semblait lourde, comme si elle avait nagé dans des profondeurs insondables. Une douleur sourde irradiait de son ventre, de ses côtes, de partout. Chaque souffle était un combat, chaque battement de cœur un rappel brutal de sa survie. Ses paupières, collées par la fatigue et les jours de fièvre, se soulevèrent lentement, dévoilant un plafond haut décoré de moulures dorées.

La pièce autour d'elle baignait dans une lumière tamisée, douce, presque apaisante. Les rideaux, d'un velours épais couleur ivoire, flottaient légèrement sous la caresse d'une brise tiède, révélant par moments la vue d'un Piltover baigné dans la lumière du matin. La chambre était vaste et richement ornée : des tableaux d'artistes célèbres, des meubles en bois sculpté et verni, des étagères remplies de livres reliés en cuir. Le lit dans lequel elle reposait semblait plus grand que ce dont elle se souvenait, avec des draps en soie d'un blanc immaculé et des coussins moelleux disposés autour d'elle.

Irina tenta de bouger, mais une douleur fulgurante lui traversa le flanc, la faisant gémir. Elle baissa les yeux et vit que son corps était bandé à plusieurs endroits. Sous les bandages, elle devinait des bleus et des plaies, souvenirs cuisants de son affrontement contre Ambessa. Sa gorge était sèche, et elle sentit sa bouche pâteuse, comme si elle avait été inconsciente pendant des jours.

Sur la table de chevet en marbre, un vase en cristal contenait des roses blanches parfaitement fraîches, et à côté, une carafe d'eau accompagnée d'un verre. Une montre en or posée nonchalamment sur un livre attestait du goût raffiné de la propriétaire des lieux. Caitlyn.

Irina inspira doucement, rassemblant ses forces. Son esprit était encore embrumé, mais elle commençait à se souvenir des derniers événements : Ambessa, Sevika, le sang, les cris... et puis plus rien. Elle avait survécu. Elle porta une main tremblante à son ventre, là où la lame d'Ambessa l'avait transpercée, sentant sous ses doigts la texture rugueuse des bandages.

Elle fut tirée de ses pensées par un bruit lointain. Des ricanements, étouffés mais distincts, provenant de l'autre côté de la porte. Irina fronça légèrement les sourcils, sa curiosité éveillée. Elle hésita un instant, mais l'envie de savoir qui était là – et ce qu'il se passait – prit le dessus.

Avec difficulté, elle se redressa, grimaçant sous l'effort. Chaque mouvement semblait réveiller une douleur oubliée, mais elle serra les dents. Ses jambes tremblaient lorsqu'elle les posa au sol, mais le tapis moelleux qui recouvrait le parquet rendit la sensation moins brutale. Elle s'appuya un instant contre la table de chevet, reprenant son souffle.

D'un pas lent et incertain, elle avança vers la porte. Ses mains glissèrent sur la poignée en laiton gravé, froide sous ses doigts. Lorsqu'elle l'ouvrit, le son des rires se fit plus clair. Des éclats légers, sincères, presque étrangers dans un monde si rempli de douleur et de guerre.

Elle suivit les voix jusqu'à une autre pièce, un salon attenant à la chambre. Là, elle s'arrêta, cachée dans l'ombre de l'embrasure de la porte, et observa.

Caitlyn et Vi étaient assises près d'une petite table, sur laquelle reposait une théière en porcelaine et des tasses délicates. Vi, le dos légèrement courbé, riait franchement à une remarque de Caitlyn, dont les lèvres s'étiraient dans un sourire rare et lumineux. Elles semblaient... détendues, comme si, pour un moment, le monde extérieur n'avait plus d'importance.

Irina ouvrit doucement la porte du salon, ses pas hésitants trahissant une douleur qu'elle tentait de dissimuler. Vi et Caitlyn, assises près d'une table où trônait une théière en porcelaine, se retournèrent en entendant la poignée tourner.

« Tu devrais être au lit »lança Caitlyn en fronçant les sourcils, se levant aussitôt pour aller à sa rencontre.

Vi se leva également, l'air inquiet. « T'as pas l'air en état de te balader, Irina. »

 Les ombres de Piltover , la lumière de Zaun ( oc x vi )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant