Chapitre 63

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Le rouquin se tenait toujours à l'avant du bateau, son regard perdu dans l'horizon. Il observait les eaux calmes avec une lassitude évidente, jouant distraitement avec une pièce entre ses doigts, la faisant danser sous les rayons du soleil. Le temps semblait s'étirer à l'infini, chaque seconde s'étalant sans qu'il ne se passe rien d'intéressant.

Et puis, enfin, il la vit.

Son regard s'illumina lorsqu'il aperçut les premières lueurs de la ville. Verdion. La ville-lumière, la cité prodige, futuriste et mystérieuse. Son souffle se suspendit un instant face au spectacle qui s'offrait à lui.

Le rouquin ne put s'empêcher de sourire, un large sourire qui illuminait son visage rougi par le vent marin. Il rangea la pièce dans sa poche et se tourna, l'excitation dans ses yeux remplaçant la lassitude qui y régnait auparavant. Verdion. Rien que son nom portait en lui une promesse d'aventure et de mystère.

« Enfin, » murmura-t-il pour lui-même, un mélange d'impatience et d'émerveillement dans la voix.

« Mia ! Agma ! On est arrivés ! » cria le rouquin, son excitation éclatant dans l'air marin. Sans attendre, il descendit les rejoindre, son énergie débordante contrastant avec l'atmosphère calme du bateau.

Agma, la jeune fille au masque qui les accompagnait, se tenait déjà près de la barre. Elle ajusta les commandes avec une précision froide, ignorant le chaos organisé qui régnait autour d'elle. Pendant ce temps, Mia et le jeune rouquin s'attaquèrent aux voiles, leurs gestes rapides et synchronisés par l'habitude.

« Parfait, » lâcha le rouquin, essuyant son front avec le revers de sa manche. Il jeta un coup d'œil au port de Verdion qui se rapprochait lentement, sa silhouette lumineuse se dessinant comme une promesse. « J'ai cru qu'on n'allait jamais y arriver. »

« La tempête nous a bien retardés, » répondit Mia, son ton plus posé, bien que teinté d'un soupir de soulagement. Elle s'arrêta un instant pour contempler la ville éclatante qui se dressait devant eux, ses yeux brillant légèrement à la vue des tours illuminées. Puis elle se tourna vers le rouquin, qui était déjà en pleine tentative de plaisanterie avec Agma.

« Tomothé ? » appela-t-elle d'une voix lasse, interrompant le flux incessant de ses blagues.

Il releva la tête, un sourire malicieux toujours accroché à ses lèvres, son regard trahissant une légère curiosité face à l'appel.
« Ouais ? Qu'est-ce que tu veux ? » répondit-il, toujours enjoué.

Mia roula des yeux avant de demander, son ton empreint d'une fatigue familière :
« Tu sais où trouver Jack ? »

Il haussa les épaules, un sourire confiant illuminant son visage.
« Ouais, t'inquiète. Je gère. »

Elle le fixa un instant, sceptique, mais ne poussa pas plus loin. Elle connaissait Tomothé suffisamment pour savoir qu'il trouverait un moyen.

Le bateau approchait enfin du petit port de Verdion, son bois craquant doucement sous le poids des vagues. Les lumières de la ville dansaient sur l'eau, rendant l'endroit à la fois apaisant et mystérieux. L'équipe s'activa pour préparer l'accostage. Agma, toujours à la barre, ajusta leur trajectoire avec une concentration presque mécanique, tandis que Mia et Tomothé s'occupaient de sécuriser les voiles et de sortir les amarres.

« Attention à la poulie, » lança Mia, son regard pointant vers Tomothé, qui, fidèle à lui-même, s'était légèrement distrait en essayant de maintenir son équilibre sur le bord du bateau.

« T'inquiète, je gère, » répondit-il d'un ton insouciant, bien qu'il manqua de peu de trébucher, ce qui arracha un soupir exaspéré à Mia.

Leur coordination, malgré les petits accrochages, finit par porter ses fruits. Le bateau glissa lentement dans l'un des emplacements du port, ses amarres solidement fixées par Mia et Tomothé. Verdion s'étendait devant eux, vibrante, imposante et pleine de promesses, tandis qu'un parfum d'aventure flottait dans l'air chargé de l'éclat des néons et des murmures d'une ville qui ne dormait jamais.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant