Chapitre 64

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Ils avaient attendu. Une heure, deux heures, quatre heures... Puis la nuit s'était étirée, les étoiles brillant au-dessus du port de Verdion. Malgré leur fatigue, ils avaient patienté jusqu'à trois heures du matin, les yeux rivés sur l'entrée du port, espérant un signe. Mais rien. Finalement, résignés, ils avaient quitté le pont pour trouver un peu de repos.

Ce fut seulement le lendemain, lorsque les premiers rayons de soleil filtrèrent à travers les voiles et illuminèrent le pont, qu'un bruit inhabituel brisa le silence. Un cliquetis métallique, suivi d'un froissement rapide, fit écho à travers le bateau.

Mia fut la première à ouvrir les yeux, alertée par ce bruit incongru. Son instinct de chef prit immédiatement le dessus. Silencieusement, elle quitta sa couchette et se dirigea vers celle d'Agma. Une fois devant elle, elle posa une main ferme sur l'épaule de sa coéquipière, la réveillant sans un mot.

Agma ouvrit les yeux, parfaitement alerte malgré le sommeil interrompu. Elle suivit le regard de Mia, qui lui désignait le pont d'un simple mouvement de tête. Aucun mot ne fut nécessaire : bien qu'elles cherchaient une jeune femme blonde, aucune d'elles ne pouvait se permettre de prendre un risque inconsidéré.

Agma se redressa immédiatement, son masque en place, et se glissa hors de la cabine. En passant près de la couchette de Tomothé, elle donna un coup sec sur le bord du hamac, le réveillant avec une efficacité brutale.
« Réveille-toi. Prépare-toi, » souffla-t-elle sèchement avant de continuer son chemin.

Tomothé grogna, frottant ses yeux rougis par le manque de sommeil. Mais il obéit, attrapant son équipement tout en marmonnant des paroles indistinctes.

Pendant ce temps, Agma se dirigea vers le pont avec une rapidité et une discrétion presque mécaniques. Arrivée en haut, elle s'arrêta un instant, ses yeux balayant chaque détail. Elle inspecta d'abord le bateau, s'assurant qu'il n'y avait aucun signe de casse ou d'effraction. Tout semblait intact, mais son instinct lui disait que quelque chose clochait.

Elle tourna ensuite son attention vers le port. L'éclairage tamisé du petit matin enveloppait les quais d'une lueur dorée, tandis que des ombres longues s'étiraient paresseusement. Agma resta immobile, ses sens en alerte, cherchant une éventuelle présence.

« Je me demande bien à quoi ressemble votre bateau, » lança une voix derrière Agma, douce mais teintée d'une ironie légère. « Est-il grand et élégant ? Petit et mignon ? Ou pauvre et modeste ? »

Agma réagit en une fraction de seconde, ses instincts aiguisés prenant le dessus. Avant que la voix n'ait fini, elle s'était retournée, son katana dégainé d'un mouvement fluide. En un instant, la propriétaire de la voix se retrouva plaquée contre un muret du bateau, la lame appuyée contre son cou.

Phran, la jeune blonde, ne sembla pas paniquer. Au contraire, un léger sourire amusé étira ses lèvres, même si le katana contre sa peau la forçait à rester immobile.
« Eh bien... Sacrée présentation. Tu pourrais presque me faire rougir, » dit-elle en un souffle moqueur, ses lèvres s'étirant davantage.

Elle portait un bandeau blanc couvrant ses yeux, ses longs cheveux blonds attachés en une queue de cheval impeccable. Son allure était simple mais élégante, avec des vêtements modestes qui mettaient en valeur sa silhouette gracieuse et féminine.

Agma, toujours calme mais inflexible, maintenait sa lame à quelques millimètres de la gorge de Phran.
« On n'entre pas sur un bateau sans prévenir. » répliqua-t-elle d'une voix douce mais tranchante.

Phran haussa les épaules légèrement, comme si la lame contre son cou n'était qu'une légère gêne.
« Oh, allez. Vous êtes sur un port public. C'est pas comme si j'avais escaladé un mur ou crocheté une serrure. Et puis, entre nous... » Elle pencha un peu la tête, son sourire devenant plus malicieux. « Si j'avais voulu être méchante, vous ne m'auriez jamais vue venir. »

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant