L'écho des incertitudes

17 3 0
                                    

Chapitre 3 : L'écho des incertitudes

Le lendemain matin, un ciel gris enveloppait l’école d’une lumière terne. Une fine pluie menaçait de tomber, et une légère brise jouait avec les branches des arbres. Momo marchait lentement vers le portail, son sac jeté nonchalamment sur une épaule. Il avait mal dormi, hanté par les mots d’Aïssatou : "Peut-être aussi parce que j’aime passer du temps avec toi."

Ces mots tournaient en boucle dans sa tête. Que voulait-elle dire exactement ? Était-ce une simple déclaration d’amitié ou quelque chose de plus profond ? Il n’en avait aucune idée, et cette incertitude le rongeait.

À peine arrivé dans la cour, il croisa Babacar et Moussa, qui l’attendaient près du terrain de basket. Fidèles à leur habitude, ils semblaient déjà prêts à transformer la journée en un festival de blagues.

"Eh, Momo, t’as une tête à ne pas avoir dormi cette nuit. Tu révisais ou tu pensais à quelqu’un ?" lança Moussa avec un sourire malicieux.

Babacar éclata de rire. "Réviser ? Lui ? Arrête, Moussa, tu sais bien que Momo n’a jamais ouvert un cahier de sa vie !"

Momo soupira, tentant de cacher son malaise. "Vous êtes lourds, les gars. J’ai juste pas bien dormi, c’est tout."

Mais ses amis n’étaient pas dupes. Ils échangèrent un regard complice avant de continuer leur barrage de plaisanteries. Pourtant, quelque chose dans leur attitude rassurait Momo. Même s’ils se moquaient souvent de lui, leur présence avait un côté réconfortant. Avec eux, il pouvait oublier, ne serait-ce qu’un moment, la complexité de ses pensées.

La matinée se déroula dans un flou presque irréel. Les cours s’enchaînaient, mais Momo peinait à se concentrer. Il notait mécaniquement les explications des professeurs, tandis que son esprit vagabondait.

Chaque fois qu’il croisait le regard d’Aïssatou en classe, son cœur s’emballait légèrement. Elle, de son côté, semblait parfaitement à l’aise, comme si leur conversation de la veille n’avait laissé aucune trace. Elle lui adressait des sourires discrets, mais rien de plus. Ce contraste entre son calme apparent et la tempête qui faisait rage en lui le déstabilisait encore plus.

Puis vint la pause. Momo, cherchant un peu de tranquillité, s’éloigna de la foule pour rejoindre le terrain de basket. Là, il remarqua un groupe de filles en pleine discussion animée. Parmi elles, Sokhna se détachait clairement. Grande, élégante, avec une assurance naturelle qui attirait tous les regards, elle était l’une des figures les plus en vue du lycée.

Momo essaya de passer discrètement, mais elle l’aperçut. Un sourire illumina instantanément son visage, et elle s’avança vers lui.

"Momo ! Ça fait un bail qu’on ne t’a pas vu traîner ici," dit-elle, sa voix claire perçant le brouhaha de la cour.

Il s’arrêta, un peu pris au dépourvu. "Les cours... ça prend du temps," répondit-il maladroitement.

Sokhna le regarda avec un mélange d’amusement et de curiosité. "Les cours ? Toi ? Je ne te savais pas aussi studieux. Depuis quand ?"

Il tenta de masquer son embarras avec un sourire. "On change tous, non ?"

Elle éclata de rire. "Peut-être. Mais toi, tu resteras toujours le Momo maladroit que je connais." Elle marqua une pause, le fixant droit dans les yeux. "Tu sais, on devrait passer plus de temps ensemble. T’es pas aussi ennuyeux que tu veux le faire croire."

Ces mots le prirent de court. Sokhna, avec toute son assurance et son charisme, lui proposait de passer du temps avec elle ? Il ne savait pas quoi répondre. Il haussa simplement les épaules, tentant de cacher sa confusion. "Pourquoi pas," finit-il par dire.

Elle sourit, satisfaite, avant de rejoindre son groupe, laissant derrière elle un Momo encore plus perdu.

L’après-midi s’étira comme un chewing-gum. Assis dans la salle d’étude, Momo essayait de rassembler ses pensées. Deux filles, si différentes, semblaient entrer dans sa vie avec une intensité qu’il n’avait pas anticipée. Aïssatou, avec sa douceur et son intelligence, représentait une sorte de refuge, un endroit où il pouvait être lui-même sans peur d’être jugé. Sokhna, en revanche, était comme une tempête : imprévisible, captivante et un peu intimidante.

Mais ce n’était pas tout. Derrière ces deux figures, il y avait encore d’autres présences. Les éclats de rires d’Adama, toujours joviale et pleine d’énergie, résonnaient souvent dans les couloirs. Et Fatou, discrète mais attentionnée, avait cette capacité à apparaître au bon moment pour lui offrir un mot réconfortant.

Momo sentit une pointe d’angoisse monter en lui. Pourquoi toutes ces filles semblent-elles s’intéresser à moi en même temps ? Est-ce que je suis prêt pour ça ?

Il secoua la tête, essayant de chasser ces pensées. Mais au fond de lui, il savait que ces questions ne feraient que s’intensifier. Ce qui lui semblait être un simple dilemme au départ devenait une véritable énigme, une toile complexe de relations et d’émotions.

Le soir, alors qu’il s’allongeait sur son lit, il repensa aux moments de la journée. La passion d’Aïssatou pour l’apprentissage, la franchise désarmante de Sokhna, les éclats de rire d’Adama, et les regards discrets de Fatou… Tout cela formait un puzzle qu’il n’était pas sûr de pouvoir résoudre seul.

Momo poussa un soupir, fixant le plafond de sa chambre. Et si je me trompais dans mes choix ? Et si je faisais souffrir quelqu’un sans le vouloir ?

Ce soir-là, le sommeil mit du temps à venir. Et lorsqu’il finit par s’assoupir, ce fut avec une seule certitude : son cœur, encore indécis, allait devoir prendre une décision tôt ou tard.

PLACE AU CHOIX Où les histoires vivent. Découvrez maintenant