Chapitre 1

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Je suis donc sur le point de me déshabiller jusqu'à ce que j'entende : trois coups distincts, espacés d'un léger silence, puis deux autres, rapides. Ce rythme particulier, notre code secret, est reconnaissable entre mille.

Je fronce les sourcils. Pourquoi Juan vient-il me parler, alors que ce n'est pas habituel ?

J'ouvre la porte et le découvre adossé au mur, l'air sérieux. Un éclair d'émotion traverse son regard avant qu'il ne parle. D'un geste, il passe une main nerveuse dans ses cheveux avant de s'incliner légèrement, comme pour montrer un respect inhabituel.

— Ariella, j'ai quelque chose à te dire, commence-t-il en me regardant droit dans les yeux. Matheo m'a confié une mission... te protéger.

Je le fixe, surprise.

— Me protéger ? Mais pourquoi ?

Juan inspire profondément, pesant chaque mot.

— Il y a des gens... des gens dangereux. Avec qui Matheo est impliqué en ce moment. Et ça ne va pas tarder à se compliquer, pour lui, mais aussi pour toi.

Un silence tendu s'installe entre nous. Je ne suis pas habituée à voir Juan aussi grave, lui qui, d'ordinaire, cache ses émotions derrière des sourires en coin et des remarques détachées. Mais à cet instant, je sens l'urgence dans son regard.

— Je sais que tu es capable de te défendre, Ariella. Mais Matheo insiste. Il veut que je garde constamment un œil sur toi. Il me dit que c'est important, vital même, m'avoue-t-il.

Je détourne un instant le regard, puis réponds du tac au tac :

— Je n'ai pas besoin d'un garde du corps. Et certainement pas de toi.

— Ma mission est de veiller sur toi, que tu l'acceptes ou non, me répond-il calmement.

Je détourne le regard, exaspérée, et marche vers ma fenêtre pour observer la rue en contrebas.

La colère commence à monter en moi, puis je lui réponds en haussant le ton :

— Je ne suis pas une prisonnière, Juan ! Je veux pouvoir aller et venir comme je l'entends, sans quelqu'un derrière moi chaque instant.

Il reste silencieux un moment, s'avance, mais garde une distance respectueuse.

— Je sais. Mais il y a des dangers que seul ton frère et moi pouvons anticiper. C'est pour ça qu'il me charge, moi et personne d'autre, de cette mission.

Je me retourne vers lui, une lueur de défi dans les yeux :

— Et si je refuse ?

— Je pense que tu n'as pas compris que tu es obligée d'accepter. Même si tu n'acceptes pas, ton frère va te forcer, et tu seras obligée d'accepter, dit-il.

— C'est vraiment chiant, mais je sens que Matheo va m'y obliger. Bon, d'accord, dis-je, contrariée.

— J'ai besoin que tu m'envoies ton horaire, car il faut que je te dépose chez toi tous les soirs après l'école. J'ai aussi besoin de savoir avec qui tu restes pour anticiper les potentiels dangers, et de ton numéro de téléphone, mais ça, ton frère pourra me le transmettre.

— Quoi ?!! criai-je. Comment ça, tu vas venir me chercher tous les soirs après les cours ? Et puis quoi encore, tu vas m'accompagner à toutes les sorties que je vais faire et mettre un traceur sur moi pour savoir où je suis à chaque instant ?

— Oui aussi, mais pas besoin de traceur. Tu partageras seulement ta localisation depuis ton téléphone avec moi, dit-il calmement.

— Non alors là, non !! Je vais voir Matheo tout de suite. C'est quoi toute cette mascarade !

Je me dirige donc vers la chambre de mon frère, à pas déterminés. J'entre directement sans même toquer.

— Ah Ariella. Juan t'a expliqué qu'il est à partir d'aujourd'hui ton garde du corps ? lâche mon frère.

— Oui, il me l'a dit, et je ne suis absolument pas d'accord ! Comment ça, il doit m'accompagner à toutes les sorties que je vais faire ? Comme si ça ne suffisait pas qu'il vienne me chercher tous les soirs après les cours et ait ma localisation sur son téléphone, dis-je à mon frère en me tournant vers Juan, qui reste à l'encadrement de la porte.

— Je suis désolé pour toi, mais c'est non négociable. Tu ne te rends pas assez compte du danger que tu cours. Mais ne t'en fais pas, ça ne durera qu'un an-

— UN AN ?!!! le coupai-je. Comment ça, un an ?? C'est beaucoup trop, je ne le supporterai pas.

— Tu abuses, c'est rien, un an. Bon, j'ai été assez patient avec toi. Maintenant, tu vas accepter qu'il soit ton garde du corps, retourner tranquillement dans ta chambre, et reprendre tes occupations. Merci bien.

— Tu ne peux pas me faire ça, tu sais très bien que je le déteste. D'ailleurs, toi aussi je te déteste maintenant. Tu es vraiment le pire frère au monde !

— Moi aussi je t'aime, ma sœur adorée. Maintenant, je te prie de sortir de ma chambre. On a des choses à faire avec Juan.

Rien qu'à l'entente de son prénom, j'ai envie de vomir. Je ne le supporte vraiment pas, et mon frère le sait très bien, et malgré tout, il l'a choisi LUI pour être MON garde du corps.

De retour dans ma chambre, je me change enfin, et mets un pyjama avec des motifs de cœurs.

Je descends pour me faire à manger, et heureusement pour moi, maman est encore au travail. Elle n'aura donc pas l'occasion de me rabaisser ou de faire un commentaire sur quoi que ce soit.

Je me fais un bagel avec de l'avocat et du saumon et remonte dans ma chambre. La première chose que je fais, c'est appeler ma meilleure amie, Ania, pour l'informer de la situation avec Juan.

Après avoir discuté pendant deux bonnes heures avec Ania, on raccroche. Et il est enfin temps pour moi de reprendre la lecture de mon livre "Orgueil et Préjugés".


Juste avant que je ne dorme, j'entends trois coups sur ma porte.

— Entrez !

— Ariella, c'est juste pour te prévenir qu'avec Juan, on va sortir. On a une mini-réunion avec certaines personnes, on revient sûrement dans 2 heures ou 3, donc vers 1h du matin. Bonne nuit !

— D'accord, ferme bien à clé, hein !

Ils sortent souvent la nuit en ce moment. Je me demande bien ce qu'ils mijotent. Je ne sais pas du tout où ni avec qui ils travaillent, mais je préfère ne pas trop m'y intéresser, au risque de découvrir quelque chose qui me déplairait.

Avant de dormir, j'envoie un message à Ania pour la prévenir que je vais dormir et que si je ne réponds pas, c'est normal. Elle a souvent l'habitude de faire des insomnies, et je reste parfois réveillée avec elle pour parler, mais la journée d'aujourd'hui m'épuise vraiment, et je n'ai pas la force de rester éveillée plus tard que 23h.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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𝐏𝐫𝐨𝐯𝐞 𝐲𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐨𝐯𝐞 𝐭𝐨 𝐦𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant