Chapitre 89

6 1 0
                                    

— Lâche-moi, que je nettoie ce foutoir, déclare Nelly d'une voix tremblante, tentant de se dégager de son emprise.

Le cœur battant à tout rompre, elle cherche désespérément à reprendre le contrôle de la situation. Bertrand desserre son étreinte, mais pas sans la pousser violemment dans la cuisine, sa force la propulsant presque contre le comptoir.

— Tu as raison, crache-t-il avec mépris, fais ce que tu sais faire de mieux : nettoyer.

Ses mots la transpercent, chaque syllabe un coup porté à son amour-propre. Il ne la voit plus que comme une servante, une ombre à ses pieds. Elle sent son corps se raidir, mais elle ne peut pas céder à la panique maintenant. Elle doit rester forte, pour Louis. Elle attrape la balayette et la pelle, se mettant à genoux pour ramasser les éclats de verre éparpillés au sol. Les petits morceaux brillent sous la lumière, une métaphore cruelle de ce qu'est devenue sa vie : brisée, éclatée en fragments dangereux. Elle rassemble les morceaux du cadre, prenant soin d'éviter de se couper davantage.

Quand elle redresse la photo, celle de leur mariage, ses doigts tremblent. Les sourires figés sur l'image la narguent, la faisant vaciller. Comment ont-ils pu en arriver là ? La vie qu'elle avait imaginée s'est transformée en une cage dont elle doit désormais s'échapper. Elle dépose la photo à plat sur la table, son regard accrochant brièvement son reflet dans le verre brisé. Elle ne se reconnaît plus.

Après avoir vidé la pelle dans la poubelle, elle revient au salon, le cœur lourd mais résolu.

— C'est fini, Bertrand, déclare-t-elle enfin, sa voix brisée mais déterminée. J'arrête.

Le silence tombe, lourd et oppressant. Bertrand fronce les sourcils, comme s'il n'avait pas compris.

— Fini ? répète-t-il, ses yeux s'emplissant d'une colère sourde. Il avance vers elle, son pas lent, presque calculé.

Nelly retire son alliance, le simple geste lui coûtant chaque parcelle de force qu'il lui reste. Elle la dépose sur le bar, symbole de la fin de ce cauchemar qu'elle a trop longtemps enduré. Mais avant qu'elle n'ait le temps de réagir, Bertrand se jette sur elle. Sa main puissante la saisit par les cheveux, la tirant en arrière avec une brutalité choquante. Il la bouscule violemment, son corps heurtant le bord de la table.

— Regarde cette photo ! hurle-t-il, les veines de son cou saillant sous la rage. Tu m'as juré fidélité ! Tu m'as promis d'être là pour le meilleur et pour le pire ! Tu n'as aucun droit de partir ! Sans moi, tu n'es rien !

Sa tête heurte la surface froide du cadre, les morceaux de verre brisé mordant sa joue. La douleur est vive, mais ce n'est rien comparé à la terreur qui lui serre la poitrine. Derrière elle, Louis hurle à pleins poumons, témoin impuissant de la violence de son père. Ses cris déchirent l'air, échos d'une innocence brisée. Le cœur de Nelly se serre, l'angoisse la submerge. Elle doit protéger son fils, à tout prix.

— Regarde cette putain de photo !

Chaque mot est accentué par un coup brutal de Bertrand, soulevant la tête de Nelly avant de la plaquer violemment sur le verre encore plus brisé. Sa peau se déchire sous l'impact, la douleur irradie dans tout son visage, mais elle ne cède pas. Elle ne pleure pas.

— Personne ne te regardera plus jamais quand j'en aurai fini avec toi, lui murmure-t-il à l'oreille, sa voix un venin glacé.

Il la relâche soudainement, et Nelly s'effondre au sol, incapable de bouger pendant quelques secondes qui lui semble éternelles, sous le choc. Elle rampe, ses mains glissant sur le parquet pour atteindre le parc de Louis. Sa respiration est saccadée, son corps tremblant de douleur et de terreur. Elle entend le froissement du cuir, le son sinistre de Bertrand retirant sa ceinture. Le souffle court, elle sait ce qui va suivre.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 8 hours ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Joue-moi, l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant