Les jeux de l'inconnu

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Le lendemain matin, l’école semblait baigner dans une étrange ambiance. Momo se dirigea vers la cour, où le brouhaha habituel des élèves se mélangeait au bruit des ballons de basket frappant le sol. Il était encore tôt, mais l’air semblait chargé d’une énergie qu’il n’arrivait pas à expliquer.

Alors qu’il s’apprêtait à entrer en classe, un mot glissé dans son casier attira son attention. Il hésita un instant avant de le prendre. L’écriture élégante sur l’enveloppe ne laissait aucun doute : ce n’était pas un simple oubli ou un message accidentel.

Il ouvrit lentement l’enveloppe, ses mains légèrement tremblantes, et découvrit un petit morceau de papier plié en deux. Les mots inscrits dessus étaient simples, mais suffisaient à éveiller sa curiosité :

“Les réponses que tu cherches ne se trouvent pas dans ta tête, mais dans ton cœur. Rejoins-moi sous l’arbre derrière le bâtiment principal à la pause.”

Aucune signature. Pas la moindre indication sur l’identité de la personne ayant écrit ce message. Momo plissa les yeux, perplexe. Qui aurait pu m’envoyer ça ? pensa-t-il.

La matinée s’écoula lentement. Les cours n’étaient qu’un bruit de fond pour lui. Son esprit était entièrement accaparé par le mot mystérieux. Était-ce une des filles ? Aïssatou, Sokhna, Aminata ou même Fatou ? Chacune d’elles avait ses raisons, mais aucune ne semblait correspondre parfaitement à ce style d’écriture énigmatique.

Lors de la pause, son cœur battait à tout rompre. Il hésita un instant à suivre les indications. Peut-être était-ce une blague, un piège tendu par ses amis Babacar et Moussa, qui adoraient ce genre de choses. Mais une petite voix en lui l’incitait à aller vérifier.

Il contourna le bâtiment principal, passant près du terrain de sport désert. Là, sous un grand arbre dont les feuilles dansaient au rythme d’une brise légère, une silhouette l’attendait.
C’était Fatou.

Momo sentit un mélange de soulagement et d’étonnement. Il s’était attendu à voir Sokhna avec son assurance, ou même Aïssatou avec sa douceur. Mais Fatou, si discrète et effacée, était la dernière personne qu’il aurait imaginée dans ce rôle.

"Fatou ?" murmura-t-il en s’approchant.

Elle leva les yeux vers lui, un léger sourire sur les lèvres. "Salut, Momo. Tu as trouvé mon message."

"Alors c’était toi..." Il s’arrêta à quelques pas d’elle, ne sachant pas trop comment aborder la situation.

Elle hocha doucement la tête. "Oui. Je voulais te parler, mais... je ne savais pas comment le faire directement. Alors, j’ai écrit ce mot."

"Mais pourquoi tout ce mystère ? Tu aurais pu venir me voir en classe," dit-il, essayant de cacher sa nervosité.

Fatou hésita un instant avant de répondre. "Parce que ce que j’ai à te dire n’est pas facile, Momo. Et je ne voulais pas que quelqu’un d’autre écoute."

Elle inspira profondément, et Momo remarqua qu’elle serrait ses mains l’une contre l’autre, signe de son anxiété.

"Momo, je sais qu’il y a beaucoup de choses qui se passent autour de toi en ce moment. Et je sais aussi que je ne suis pas comme les autres... Je ne suis pas aussi brillante qu’Aïssatou, ni aussi captivante que Sokhna. Mais je veux que tu saches quelque chose."

Elle marqua une pause, son regard plongé dans le sien. "Je tiens à toi. Peut-être plus que je ne le devrais. Et peu importe ce que tu décideras, je veux juste que tu le saches."

Ces mots frappèrent Momo de plein fouet. Il sentit une chaleur étrange monter en lui, mêlée de culpabilité et de confusion.

"Fatou, je..." Il chercha ses mots, mais rien ne semblait suffisant pour répondre à une déclaration aussi honnête.

Elle secoua doucement la tête, un sourire triste sur les lèvres. "Tu n’as pas besoin de répondre. Pas maintenant. Je voulais juste te dire ce que j’avais sur le cœur."

Puis, sans attendre sa réponse, elle tourna les talons et s’éloigna, le laissant seul sous l’arbre.

Momo resta immobile pendant un long moment, regardant Fatou disparaître au loin. Ses pensées tournaient dans tous les sens. Fatou, la discrète et attentionnée, venait de faire un pas qu’il n’avait pas vu venir.

En revenant vers la cour, il croisa Aïssatou, qui discutait avec un groupe de filles près de la bibliothèque. Elle lui adressa un sourire chaleureux, comme à son habitude. Momo lui rendit son sourire, mais son esprit était ailleurs.

Puis, il aperçut Sokhna, toujours entourée d’amies, riant à une blague que quelqu’un venait de faire. Son charisme naturel semblait illuminer tout autour d’elle.

Et quelque part, il savait qu’ Aissatou n’était pas loin, probablement en train de discuter avec ses amis ou de s’occuper d’une activité quelconque.

Merde... pensa-t-il en se passant une main dans les cheveux. Comment suis-je censé gérer tout ça ?

Le soir, allongé sur son lit, il repensa aux événements de la journée. Fatou avait été courageuse, et il respectait cela. Mais ses mots avaient ajouté une couche supplémentaire de complexité à sa situation déjà chaotique.

Ce soir-là, pour la première fois, Momo se demanda si le problème ne venait pas de lui. Était-il réellement prêt à choisir ? Ou avait-il simplement peur des conséquences d’un choix ?

Il savait qu’il ne pouvait pas fuir indéfiniment. Mais pour l’instant, tout ce qu’il pouvait faire, c’était essayer de comprendre ses propres sentiments... avant que tout ne devienne incontrôlable.

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