L'Elite Brun - Y1 [ Ancienne Version ]

30 - L'épreuve de survie commence

Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque nous posons enfin le pied sur l’île qui servira de terrain pour cette épreuve. Le sable chaud sous mes chaussures me rappelle que chaque pas compte, que chaque seconde passée ici sera une bataille entre stratégie, instinct et endurance. L’air marin est frais, mais il porte déjà en lui la tension palpable d’un affrontement silencieux qui se joue entre les classes.

Sans attendre, je décide de partir seul. L’exploration, c’est la clé pour devancer les autres. Mon objectif principal ? Trouver le leader de la classe D. Pas besoin d’une réflexion complexe pour deviner qui c’est. Ryuen. Un tyran reste un tyran, peu importe le terrain. Il ne sait régner que par la peur et la manipulation, et son ego démesuré le pousse à se positionner lui-même au centre du jeu. Si la classe D joue son jeu habituel, alors Ryuen sera inévitablement le leader.

Mais pour les classes B et A, c’est une toute autre histoire. Je ne suis pas naïf. Ichinose, avec son éternel sourire et sa capacité à rassembler, ne se mettrait pas aussi facilement en position de vulnérabilité. Elle est trop maligne pour ça. Quant à la classe A, ni Arisu ni Katsuragi n’endosseraient ce rôle directement. Trop de risques, trop de pression. Katsuragi pourrait sembler le choix évident, mais c’est son bras droit, Totsuka Yahiko, qui tient cette position. Un choix intelligent. Peu de gens regarderaient dans sa direction, le sous-estimant.

Je continue de marcher, seul, les yeux fixés sur l’horizon. La forêt dense de l’île cache bien des secrets. Chaque branche, chaque ombre est une possible menace ou opportunité. Je sais que mes mouvements sont déjà surveillés. Les autres classes doivent me prendre pour le leader de la classe C. La classe A, c’est certain, croit que c’est moi. C’est une évidence. Katsuragi et sa faction dirigent cette classe pour cette épreuve, mais ils restent dans leur mentalité de contrôle absolu, cherchant des cibles évidentes.

Un bruissement derrière moi. Je m’arrête. Mon instinct me dit que ce n’est pas un animal.

— Tu es vraiment incorrigible. La voix d’Okita résonne doucement, presque amusée.

Je me retourne lentement. Elle est là, comme je m’y attendais. Silencieuse, déterminée. Elle sait. Elle sait que je vais tomber malade à la fin de cette épreuve. Mais elle ne dit rien pour l’instant.

— Tu n’avais pas besoin de me suivre, dis-je calmement, sans la regarder directement.

Elle s’avance de quelques pas, le regard fixe. Elle connaît la vérité. Mais contrairement à d’autres, elle ne cherche pas à me confronter. Pas encore.

— Si je ne te suivais pas, tu continuerais à jouer les héros en solo, dit-elle avec un sourire en coin. Tu crois que je ne sais pas ce que tu fais ? Tu cherches Ryuen, mais aussi à t’éloigner des autres pour qu’ils ne voient pas ta faiblesse.

Je hausse légèrement les épaules. Elle n’a pas tort.

— C’est une bonne stratégie, murmuré-je. Mais tu n’es pas obligée de rester avec moi.

Elle croise les bras, son regard se durcit légèrement.

— Tu sais que je ne vais pas partir. Puis, elle ajoute, d’une voix plus douce : Tu ferais la même chose pour moi.

Un silence s’installe entre nous. Elle a raison. Je l’ai déjà fait. Au collège. À plusieurs reprises. Ce n’est pas une question de dette ou de fierté. C’est simplement ce que nous sommes l’un pour l’autre. Des alliés silencieux.

Je reprends ma marche, mais elle reste à mes côtés, ajustant son rythme au mien. Pourtant, après quelques minutes, je sens mes forces faiblir. La fatigue commence à se faire sentir plus tôt que prévu. La combinaison que je porte me protège, mais elle n’élimine pas les limites de mon corps.