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Pdv Milia

L’air était lourd de tensions dès l’instant où Marine et moi sommes arrivées au brunch ensemble. Les regards surpris de mes coéquipières étaient difficiles à ignorer, mais ceux d’Emma et de Madame Mahieur étaient presque brûlants.

Emma, les bras croisés, me fixait avec un mélange de confusion et de déception. Quant à Clémence, son regard oscillait entre colère retenue et une pointe de tristesse qui me mit mal à l’aise.

Je fis semblant de ne pas remarquer, me dirigeant directement vers la table où tout le monde était installé. Marine, elle, paraissait parfaitement à l’aise, comme si arriver ensemble n’était pas un événement en soi. Elle me jeta un sourire complice avant de s’asseoir à côté de Juline.

Au bout d’un moment, l’atmosphère devenait trop oppressante pour moi. Sans un mot, je me levai et sortis prendre l’air. La cigarette entre mes doigts, j’aspirai une longue bouffée pour calmer mes nerfs. Le froid de l’air extérieur m’apaisa légèrement.

Je n’avais pas allumé ma clope depuis une minute quand Marine me rejoignit. Je la fixai, surprise.

— T’as jamais fumé avec moi avant, lançai-je, en haussant un sourcil. Pourquoi maintenant ?

Elle me répondit par un sourire mystérieux, puis tendit la main et attrapa ma cigarette. Avant que je ne puisse protester, elle porta le filtre à ses lèvres et tira une bouffée, relâchant la fumée en un souffle léger.

— Parce que j’en avais envie, répondit-elle simplement, un ricanement dans la voix.

Je la regardai, stupéfaite. Ce comportement n’était pas du tout dans ses habitudes.

— Tu devrais pas te laisser aller comme ça, Marine, répliquai-je en essayant de reprendre un peu de contrôle.

Elle haussa les épaules, me rendant ma cigarette avec un sourire un peu trop désireux.

— C’est toi qui devrais faire attention, dit-elle en retour, son regard planté dans le mien avant de repartir à l’intérieur en ricanant doucement.

Je la suivis du regard, perplexe, puis retournai à ma cigarette, un mélange de malaise et d’agacement bouillonnant en moi.

À peine avais-je porté la cigarette à mes lèvres qu’Emma surgit. Elle arracha la clope de ma main et la jeta violemment au sol.

— MILIA, TU VAS ARRÊTER DE TE BOUSILLER LA SANTÉ ! MERDE ! cria-t-elle, son visage rouge de colère.

Je restai bouche bée un instant, choquée par son éclat. Emma n’avait pas haussé la voix contre moi depuis des années.

— JE FAIS CE QUE JE VEUX DE MA SANTÉ, C’EST MA VIE, OK ? rétorquai-je au quart de tour, ma voix tremblant d’émotion.

Emma me regarda, blessée, et pendant une seconde, j’eus envie de ravaler mes paroles. Mais elle tourna les talons avant que je ne puisse dire quoi que ce soit.

Je la vis partir, les épaules secouées, probablement par des larmes. Une boule de culpabilité se forma dans ma poitrine, mais au lieu de la suivre, je me détournai, jetant ma cigarette dans une poubelle proche avant de partir en courant.

Je courus, laissant l’air glacial brûler mes poumons, espérant fuir la colère et la tristesse qui se disputaient en moi. Mais mes jambes finirent par me trahir, et je ralentis, haletante.

C’est alors que je sentis une main attraper mon bras. Je me retournai brusquement, prête à me défendre, mais c’était Madame Mahieur.

Elle me souriait, un sourire doux mais empreint d’une certaine fermeté.

— McCarter, vous allez vous calmer et m’écouter, dit-elle doucement, mais avec une autorité qui me cloua sur place.

Je voulus détourner le regard, mais elle resserra doucement sa prise sur mon bras, comme pour m’ancrer.

— Vous ne pouvez pas continuer à fuir chaque fois que quelque chose devient difficile, reprit-elle, sa voix un mélange de patience et de réprimande.

— Je… je ne fuis pas, balbutiai-je, bien que nous sachions toutes les deux que c’était un mensonge.

Son regard s’adoucit encore plus, mais elle ne me lâcha pas.

— Vous êtes perdue, Milia. Je le vois. Mais vous n’êtes pas seule, alors arrêtez de tout porter sur vos épaules.

Je restai silencieuse, ses mots résonnant en moi. Une vague d’émotions me submergea, et j’eus envie de tout lui dire, de lui avouer à quel point je me sentais brisée. Mais je me retins, mordant ma lèvre pour empêcher les larmes de couler.

Elle relâcha enfin mon bras, mais son regard resta fixé sur moi.

— Revenez à l’intérieur quand vous serez prête, dit-elle doucement avant de se détourner pour repartir.

Je la regardai s’éloigner, le cœur lourd mais étrangement apaisé. Peut-être qu’elle avait raison. Peut-être que je devais arrêter de me battre contre tout le monde… y compris moi-même.

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À suivre....

Entre Deux FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant