𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟗

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Vancouver, Canada.

Aylin

Il y a des moments dans notre vie où nous aimerions être surpris, des moments où nous nous ennuyons tellement que chaque occasion est bonne pour voir notre quotidien être chamboulé. Malheureusement pour moi, je ne suis pas dans cette période de ma vie. Sauf que le destin ne nous demande pas notre avis avant de nous confronter à ses desseins. Me voilà donc à ma fête d'anniversaire sans pour autant en avoir la moindre envie.

À nouveau, je vais devoir subir un événement dont j'aurais préféré me passer. Mais comment en vouloir à Alec alors que tout ce qu'il veut, c'est me faire penser à autre chose, me changer les idées après tous les problèmes auxquels j'ai eu à faire face ces dernières semaines ? Je ne peux tout simplement pas, donc je garde pour moi mes commentaires amers.

— Ça va, tu ne m'en veux pas trop ? demande Alec d'une petite voix.

— Si, je t'en veux à mort, lancé-je, sarcastique. Attends que tout le monde soit parti, tu vas voir.

— Au secours ! hurle-t-il en panique. Sauvez-moi !

Un sourire étire mes lèvres et je décide de le laisser grandir. Je ne peux pas culpabiliser le reste de mon existence d'être en bonne santé, d'avoir la chance de pouvoir être heureuse. Ilyas ne voudrait jamais de cette vie pour moi. Il m'aime et, quand on aime quelqu'un, on souhaite son bonheur plus que tout au monde. Même si c'est difficile et que ça fait mal.

— Ah, Malia, te voilà ! Je te confie Aylin, je dois y aller !

L'incompréhension déforme mes traits, cependant, je n'ai le temps de rien dire qu'il m'a déjà lâché le bras pour le donner à Malia. Je l'entends détaler en s'excusant de bousculer les gens sur son passage.

— Il déborde toujours d'énergie celui-là, s'exclame Malia ahurie. Une vraie tempête !

— À croire qu'il se drogue, blagué-je en riant.

— Sinon, joyeux anniversaire, girl ! Tu rentres dans la vingtaine, ça va tu ne le vis pas trop mal de devenir un fossile ?

— Un fossile ? m'étonné-je, choqué par ce terme. Tu abuses, voyons, je suis dans la fleur de l'âge. Toi, en revanche, effectivement, tu t'approches doucement des maisons de retraite.

— Comment oses-tu ? s'offusque-t-elle, feignant d'être vexée. Désormais, ne compte plus sur moi pour les prochaines compétitions d'athlétisme.

Nous partons en fou rire, se tenant l'une l'autre tant l'hilarité nous secoue. Alec avait raison, cet anniversaire me fait déjà beaucoup de bien.

— Eh, les filles, comment ça vous vous amusez sans moi ?

— Alice, t'es là ! m'exclamé-je heureuse d'entendre sa voix.

— Bien sûr, je n'aurais raté ça pour rien au monde.

Elle me prend dans ses bras et cette étreinte me réchauffe le cœur. Je ne suis plus seule, maintenant, j'ai des amis. Cette année a certes été éreintante et éprouvante, mais elle m'a aussi permis de renouer des liens avec d'anciennes relations, que je pensais perdues à jamais. Ce constat me redonne de l'espoir, je vais surmonter tous les obstacles qui se dressent sur ma route, je refuse d'abandonner.

— Malia, souffle Alice, tout à coup plus calme.

— Alice, murmure Malia en retour.

L'ambiance change du tout au tout, j'ai soudain la sensation d'être de trop, sauf que je n'ai aucune idée de comment m'échapper.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant