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Le reste de la journée fut une lente torture pour Momo. Chaque regard échangé avec Babacar, chaque pensée tournée vers Fatou, et surtout les paroles d'Adama résonnaient dans son esprit comme un écho incessant.

Assis seul dans un coin de la cour pendant la dernière pause, il sortit son téléphone et tapa un message rapide :

"Fatou, peux-tu me retrouver sous l'arbre après les cours ? On doit parler."

Il hésita un instant avant d’appuyer sur envoyer, mais il savait que ce moment ne pouvait plus être repoussé.

Sous l'arbre

La brise légère du soir accompagnait le bruit des pas de Fatou qui approchait. Elle semblait plus calme qu’auparavant, mais son visage portait encore les traces d’une journée émotionnellement lourde.

— Merci d’être venue, dit Momo, les mains dans les poches.

— J’imagine que tu as beaucoup de choses à dire, répondit-elle en croisant les bras, une lueur de défi dans les yeux.

Momo inspira profondément, cherchant ses mots.
— Je suis désolé, Fatou. Désolé pour mon silence, désolé si je t’ai blessée, et désolé d’avoir laissé cette situation dégénérer.

Fatou ne répondit pas immédiatement. Elle scrutait son visage, comme pour chercher une sincérité qu’elle n’avait pas toujours ressentie.

— Alors, qu’est-ce que tu ressens vraiment, Momo ? demanda-t-elle, sa voix légèrement brisée.

Momo sentit un poids s’alourdir sur sa poitrine.
— Je t’apprécie, Fatou. Vraiment. Mais je ne sais pas si c’est comme toi tu le voudrais.

Ses mots flottaient dans l’air, lourds de sens, mais Fatou hocha doucement la tête.
— Merci pour ton honnêteté, murmura-t-elle. C’est tout ce que je voulais entendre.

Elle détourna les yeux, fixant un point invisible à l’horizon.
— Je t’en veux un peu, tu sais. Pas pour ne pas ressentir ce que je ressens, mais pour avoir attendu aussi longtemps.

Momo se sentit démuni, incapable de répondre.

Fatou finit par sourire légèrement.
— Ne t’inquiète pas, Momo. Je vais m’en remettre. Mais promets-moi une chose : la prochaine fois, ne fais pas attendre quelqu’un comme tu m’as fait attendre.

Momo hocha la tête, ému. Fatou tourna les talons, mais avant de partir, elle lança par-dessus son épaule :
— Babacar t’attend. Tu ferais mieux de régler ça aussi.

La confrontation

Momo trouva Babacar près du terrain de foot, seul, shootant distraitement dans une bouteille en plastique vide.

— Babacar, on peut parler ? demanda-t-il, hésitant.

Son meilleur ami leva les yeux vers lui, le visage fermé.
— Je ne suis pas sûr qu’on ait quelque chose à se dire, répliqua-t-il sèchement.

Momo s’approcha malgré tout.
— Écoute, je sais que tu es en colère, et tu as raison de l’être. J’ai été nul, et je m’en veux.

Babacar lâcha un rire sans joie.
— Nul ? Tu crois que ça résume tout, Momo ? Tu savais ce que je ressentais pour Fatou. Tu savais... et tu n’as rien dit.

— Parce que je ne voulais pas te blesser ! explosa Momo. Je ne savais pas quoi faire, Babacar. Tu comptes trop pour moi, et je ne voulais pas perdre notre amitié.

Babacar le fixa longuement, ses poings serrés.
— Et maintenant, tu penses que c’est réparé parce que tu t’excuses ?

Momo resta silencieux, incapable de trouver les mots justes. Babacar secoua la tête et se détourna.
— Peut-être qu’on a juste besoin de temps, ajouta-t-il avant de s’éloigner.

Momo sentit une vague de désespoir le submerger. Rien ne serait plus jamais comme avant, et il en était le seul responsable.

Une lumière dans l’obscurité

Alors qu’il retournait chez lui, Adama apparut à ses côtés comme par magie. Elle marchait calmement, ses mains croisées derrière son dos.

— Ça s’est passé comme tu l’espérais ? demanda-t-elle.

Momo secoua la tête.
— Pas vraiment. J’ai tout gâché.

Adama s’arrêta, l’obligeant à en faire autant.
— Non, Momo. Tu as fait ce que tu devais faire. Parfois, dire la vérité ne répare pas tout, mais c’est un premier pas.

Son regard était rempli de compassion, et pour la première fois depuis des jours, Momo sentit un petit poids s’alléger dans sa poitrine.

— Merci, Adama, murmura-t-il.

Elle sourit doucement.
— Tu sais où me trouver si tu as besoin de parler.

Et avec ces mots, elle s’éloigna dans la lumière dorée du crépuscule, laissant Momo avec ses pensées.

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