Chapitre 67

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Elle marchait lentement dans la rue, les pavés réfléchissant les derniers rayons du soleil qui déclinait à l'horizon. L'ombre de la nuit s'étirait doucement, enveloppant la ville dans une lumière orangée, presque mélancolique. L'alcool qu'elle avait bu plus tôt s'estompait, laissant place à une clarté douloureuse, celle des souvenirs qu'elle ne pouvait échapper.

Dona leva les yeux vers le ciel, où les teintes chaudes du crépuscule se mêlaient à l'obscurité naissante. Elle se sentait pourtant bien ancrée sur terre, ses pieds touchant le sol, mais son esprit était ailleurs. Ses pensées vagabondaient vers celui qu'elle avait aimé, celui qu'elle aimait encore, même dans l'absence.

Est-ce qu'il veille sur moi, là où il est maintenant ? se demanda-t-elle, un pincement au cœur.

Les questions tournaient dans sa tête, des questions qu'elle ne cesserait jamais de se poser. Quelles ont été ses dernières pensées ? Elle ferma brièvement les yeux, imaginant son visage une dernière fois, les traits qu'elle craignait de voir s'estomper avec le temps. A-t-il eu des regrets ? Des remords ?

Un soupir s'échappa de ses lèvres, léger mais chargé de tout ce qu'elle ne pouvait exprimer à voix haute. Aujourd'hui, sans lui, une culpabilité sourde la rongeait, un poids qu'elle portait en silence.

Elle n'était pas là.

Elle n'était pas à ses côtés dans ses derniers instants. Et cette absence la hantait, un vide qu'aucune rébellion, aucun combat, aucun acte ne semblait pouvoir combler.

Dona s'approcha de sa porte, les clés en main, prête à déverrouiller son entrée après cette longue journée. Mais alors qu'elle insérait la clé dans la serrure, une étrange sensation la frappa. Une douce chaleur, presque incongrue, semblait s'infiltrer dans l'air autour d'elle, enveloppant son corps d'une manière inhabituelle.

À cette heure de la soirée, le temps aurait dû se refroidir, la brise nocturne prenant le relais de la chaleur du jour. Mais cette chaleur... c'était autre chose. Elle était trop localisée, trop étrange, comme si elle provenait d'une source qu'elle ne pouvait identifier.

Elle se tourna instinctivement, balayant les alentours du regard, ses sourcils froncés de confusion. Les passants continuaient leurs affaires, indifférents, et rien dans la rue ne semblait à l'origine de cette étrange chaleur. Pas de chauffage installé, pas de feu allumé, pas même une lumière particulière.

Rien.

Un frisson d'inquiétude lui parcourut l'échine alors qu'elle retournait son attention vers la porte. Secouant légèrement la tête pour dissiper sa nervosité, elle reprit son geste, déverrouillant enfin l'entrée. Mais à l'instant où elle posa un pied à l'intérieur, tout bascula.

Une vague de tension l'envahit, brutale et oppressante. Elle s'arrêta net, figée comme si son propre corps refusait d'aller plus loin.

Cette pression dans l'air, si intense qu'elle semblait peser sur ses épaules, rendait chaque respiration laborieuse. Son cœur s'emballa, battant avec une urgence presque douloureuse, et une sueur froide commença à perler sur son front.

Elle tourna lentement sur elle-même, ses mouvements raides, scrutant l'ombre de la rue derrière elle.

Il n'y avait rien. Aucun bruit, aucun mouvement, et pourtant... cette présence. Elle était là, elle le savait. Elle ne rêvait pas, elle ne pouvait pas rêver.

La tension était trop réelle, trop viscérale. Elle semblait imprégner l'air lui-même, comme une vibration sourde que son Essens captait, amplifiant son instinct de survie.

La panique la gagnait. Ses mains, serrées autour des clés, tremblaient légèrement. Elle tenta de reprendre son souffle, mais c'était comme si l'air lui-même devenait rare, écrasant ses poumons sous un poids invisible.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant