L'école, théâtre des passions adolescentes, semblait vibrer d'une énergie particulière en cette fin de trimestre. Entre le tumulte des cours, les chuchotements dans les couloirs et les regards échappés, Momo avait l’impression de marcher sur une corde raide. Et au cœur de ce chaos, Sokhna s’apprêtait à semer un nouveau trouble.
Sokhna, l’artiste qui parle en vers
Ce jour-là, Momo errait dans la cour après la fin des cours, en quête de solitude. Les émotions le submergeaient, et il sentait que chaque jour le rapprochait d’un point de rupture. Alors qu’il s’apprêtait à quitter l’enceinte de l’école, une voix familière l’arrêta.
— Momo, attends !
Il se retourna pour voir Sokhna trottiner vers lui. Avec son foulard noué négligemment et ses cahiers serrés contre elle, elle avait cette allure d’artiste un peu désinvolte qui la rendait unique.
— On peut marcher un peu ? demanda-t-elle, presque timidement.
Il hésita, mais finit par acquiescer. Ils longèrent ensemble une allée bordée d'arbres, où la lumière du soleil jouait à travers les feuilles.
Après un silence, Sokhna prit la parole.
— Je voulais te donner quelque chose, dit-elle en sortant un petit carnet de son sac.
Momo la regarda, intrigué.
— C’est quoi ?
— Juste... quelques poèmes. C’est idiot, je sais, mais... ça m’aide à exprimer ce que je ressens.
Elle tendit le carnet, mais cette fois, ses mains tremblaient légèrement.
— Tu veux que je les lise maintenant ? demanda-t-il, surpris par son ton inhabituellement réservé.
Elle hocha la tête.
Momo ouvrit le carnet et lut à voix basse :
> "Le vent murmure des secrets au voyageur,
Des mots qu’il ne comprend qu’en son heure.
Dans le regard d’un autre, une lumière brille,
Éclat fragile, promesse subtile.Je ne suis qu’un pinceau, peignant en silence,
Des couleurs d’amour, d’espoir et de confiance.
Même si mes mots s’effacent dans l’oubli,
Je laisse mon cœur s’écrire ici."Momo releva les yeux, troublé. Sokhna fixait le sol, comme si elle craignait sa réaction.
— C’est magnifique, murmura-t-il.
Elle haussa les épaules, un sourire nerveux flottant sur ses lèvres.
— Parfois, c’est plus facile de parler avec des poèmes.Momo sentit une chaleur douce l’envahir. Ces mots... bien qu’indirects, portaient un message qu’il ne pouvait ignorer.
Ils continuèrent à marcher en silence, mais l’atmosphère avait changé. Sokhna semblait soudain plus vulnérable, et cela éveillait en lui un sentiment qu’il n’arrivait pas à nommer.
Les regards croisés d’Aïssatou
Non loin de là, Aïssatou observait la scène depuis la fenêtre de la bibliothèque. Elle avait vu Momo et Sokhna s’éloigner ensemble, et bien que cela ne fût pas inhabituel, une pointe d’inquiétude s’insinuait en elle.
Aïssatou savait qu’elle n’était pas aussi expressive que Sokhna, ni aussi spontanée que Fatou. Mais elle croyait en la patience et à la force tranquille de son amour. Pourtant, en ce moment, elle se demandait si cela suffisait.
Plus tard, elle croisa Momo dans la cour. Il tenait encore le carnet de Sokhna dans ses mains.
— Momo, tu sembles pensif, fit-elle remarquer doucement.
Il sursauta légèrement, comme tiré d’un rêve.
— Oh, Aïssatou... Oui, un peu.
Elle lui adressa un sourire apaisant.
— Si tu veux parler, je suis là.Il hésita, puis hocha la tête. Aïssatou avait ce don de calmer les tempêtes en lui, même si elle ne le savait pas toujours.
Fatou et Babacar : une mise en scène troublante
Pendant ce temps, Fatou et Babacar continuaient leur petit jeu. Leurs rires et leur complicité attirèrent bientôt l’attention de tout le monde. À l’heure de la pause, les élèves formaient de petits groupes, murmurant sur ce nouveau "couple".
— Tu crois que c’est sérieux entre eux ? demanda Sokhna à Adama, alors qu’elles observaient la scène depuis un banc.
Adama haussa les épaules, un sourire énigmatique sur les lèvres.
— Qui sait ? Parfois, les gens jouent la comédie pour cacher ce qu’ils ressentent vraiment.Cette remarque troubla Sokhna. Elle savait que Fatou n’était pas du genre à feindre ses sentiments, mais pourquoi cette soudaine proximité avec Babacar ?
Momo, de son côté, observait aussi. Un étrange mélange de jalousie et de curiosité le rongeait. Mais il n’était pas le seul à être affecté. Sokhna, qui n’était pas du genre à cacher ses émotions, finit par se lever et se diriger vers Fatou.
— Fatou, je peux te parler ? demanda-t-elle, son ton plus direct qu’à l’accoutumée.
Fatou, prise au dépourvu, hocha la tête et s’éloigna avec elle.
— Qu’est-ce que tu fais ? lâcha Sokhna dès qu’elles furent hors de portée des oreilles indiscrètes.
— De quoi tu parles ? répondit Fatou, feignant l’innocence.
— Ce "jeu" avec Babacar... C’est pour quoi, au juste ?
Fatou soupira.
— Écoute, Sokhna, je fais ce que je veux. Et puis, pourquoi ça t’intéresse tant ?Sokhna sentit la colère monter en elle, mais elle se força à rester calme.
— Parce que ça affecte tout le monde. Pas seulement toi, mais aussi Momo.Fatou haussa les épaules, mais Sokhna vit une lueur de culpabilité dans ses yeux.
Un dilemme sans fin
Le soir, en rentrant chez lui, Momo feuilleta à nouveau le carnet de Sokhna. Chaque poème semblait parler directement à son âme, éveillant en lui des émotions qu’il n’avait jamais ressenties auparavant.
Il pensa à Sokhna, à son audace et à sa sensibilité. Puis à Aïssatou, avec sa douceur constante. Et enfin à Fatou, dont le "jeu" avec Babacar le troublait de plus en plus.
Adama avait raison : les apparences pouvaient être trompeuses. Mais au fond, il savait qu’il devrait bientôt faire un choix. Et ce choix, il le craignait autant qu’il le désirait.
La nuit tomba, emportant avec elle les murmures du jour, mais dans le cœur de Momo, un bal de sentiments continuait de tourbillonner.
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PLACE AU CHOIX
Random'' place aux choix'' Dans un lycée où les sentiments se mêlent aux études, Momo se retrouve face à un dilemme que beaucoup envieraient, mais que peu comprendraient réellement. Quatre filles, quatre personnalités, quatre façons d'aimer... et un choix...