Chapitre 68

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Firs ne laissait aucun répit. Ses attaques s'enchaînaient, chacune plus destructrice que la précédente, illuminant le quartier d'une lueur infernale. Les flammes dansaient autour de lui, comme un cortège macabre répondant à son rire dément. Il avançait, implacable, chaque geste accompagné d'une vague de feu dévastatrice qui réduisait tout en cendres.

C'était un pyromane dans l'âme, prenant un plaisir sadique à voir le monde brûler sous ses doigts. Il attaquait encore et encore, les éclats de rire s'échappant de lui comme un hymne au chaos.

Et pourtant, Itani tenait bon.

Elle esquivait, encore et encore. Ses mouvements étaient fluides, calculés, presque instinctifs. À chaque assaut, elle se dérobait, emportant Tame avec elle dans une danse désespérée pour leur survie.

Mais il était évident que cela exaspérait Firs.

« ARRÊTE DE FUIR ! » hurla-t-il, sa voix résonnant comme un grondement, amplifiée par le rugissement des flammes. Ses yeux, rouges de fureur, semblaient briller d'un éclat incandescent. « Je vais te réduire en cendres, toi aussi, Rodeuse ! »

Tame, serré contre Itani, observait avec une admiration mêlée de peur. Il voyait ses mouvements précis, ses esquives parfaites, et pourtant... il remarquait aussi les gouttes de sueur qui perlaient sur son front, la respiration plus lourde qui trahissait son épuisement.

Elle était fatiguée.

Mais elle continuait, sans jamais faillir.

Itani ne disait rien, ses lèvres serrées en une ligne déterminée, mais Tame le comprenait : elle ne l'abandonnerait pas.

Elle ne pouvait pas l'abandonner.

Elle avait déjà perdu trop de gens.

Firs, de son côté, semblait redoubler d'ardeur à mesure qu'Itani esquivait. Il levait les bras, envoyant des vagues de feu encore plus grandes, faisant fondre le sol sous leurs pieds et consumant tout sur son passage.

Itani, pourtant, ne cessait de bouger. Mais Tame, agrippé à elle, sentait ses forces diminuer. Chaque saut, chaque esquive devenait un peu plus difficile, un peu plus laborieux.

Elle aurait pu faire un choix plus simple. Elle aurait pu utiliser sa propre résistance, encaisser les flammes, se protéger seule. Mais elle ne le faisait pas.

Elle ne le faisait pas parce qu'elle tenait à lui.

Je ne laisserai plus personne derrière, se répétait-elle, son cœur battant à tout rompre.

Tame sentit une vague de culpabilité le traverser. Il voyait bien qu'il était un fardeau pour elle, que sa présence la ralentissait, l'épuisait. Mais malgré tout, elle continuait de le protéger, sans hésiter.

Tame ne pouvait retenir le pincement qui lui étreignait le cœur. Mais il était trop sous le choc pour exprimer pleinement ce qu'il ressentait. Tout ce qu'il avait toujours connu, tout ce qu'il avait aimé, toute son enfance, était en train de disparaître sous ses yeux.

Les flammes consumaient tout.

Le banc où il passait ses après-midis à échanger des potins avec ses amis, à refaire le monde dans la naïveté de son adolescence. L'école modeste mais chaleureuse, qui lui avait donné les outils pour comprendre et affronter ce monde brisé. Le bar où il avait vécu ses premières cuite, entouré de rires et de compagnons.

Tout cela, ces souvenirs précieux, partaient en fumée.

Son regard, embrumé de larmes, se posa au loin. Parmi les flammes, il distingua un corps carbonisé, immobile, étendu sur le sol.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant