Épilogue 2 : Tamyan

20 3 0
                                    

Centre du pouvoir de l'empire galactique ultari, Ymmaril


Au moment de mourir, Aran m'a dit qu'il aurait aimé avoir un fils comme moi. Ce à quoi j'ai répondu que je n'aurais jamais voulu, moi, avoir un père tel que lui : égocentrique, cruel, narcissique. Tout ce qu'Uhran n'était pas. On dit souvent que réaliser ses objectifs amène un grand vide dans le cœur du conquérant... Pas pour moi. La Voie est vaste, et il reste tant à faire. Pour le moment, ma seule préoccupation, c'est l'avenir et le bonheur de Faël et Cyann, qui viennent de partir pour la Cour de Mebd. Je vais être séparé d'eux pendant six lunes. Il y a bien Rizhen, mais bon, je pense que je vais le laisser un peu tranquille... Sa concubine Enya est enceinte, et je pense que je ne l'ai que trop sollicité.

Je lâche l'observation de la cité qui s'étale devant moi et me tourne vers l'Aonaran. Il est assis sur le sofa où je l'ai convié, un verre de gwidth intouché devant lui. Il ne porte pas son masque, qui, du reste, arbore ses traits exacts.

Je ne l'ai pas convoqué, car on ne convoque pas l'avatar d'Arawn, Shemehaz et Naeheicnë additionnés, même lorsqu'on est le Haut Roi. Il est venu de lui-même, pour m'apporter l'accord signé avec le dirigeant adannath et s'assurer de mes intentions envers les humains. Il veut leur laisser leur libre-arbitre, alors que j'aurais tendance à penser qu'il vaut mieux éliminer leurs dirigeants, ce SVGARD si encombrant, et les incorporer tous dans l'empire ultari renaissant. Pour l'instant, le monde ældien que j'administre avec l'aide d'Yvarna, régente d'Urdaban et Edegil, Haut-Régent de la Cour de Mebd qui doit former Faël à lui succéder, se limite à trois royaumes. Mais Lathelennil et Elshyn, l'ami de Rizhen, ont l'intention de prospecter pour trouver d'autres ældiens et surtout d'autres Cours, mineures ou majeures, qui seraient perdues dans le dédale de l'Autremer. Il y en a forcément. Mon empire va s'agrandir, et les problèmes avec, probablement.

— Si tu envoies tes chasseurs contre les humains, en-dehors des zones prévues par l'accord avec Singh, tu me trouveras sur ta route. Je ne te soutiendrai plus, m'annonce Ren, quelque peu menaçant.

Je garde un sourire affable, mais plisse les yeux. Heureusement que mon cousin le travaille au corps, celui-là.

— Tant qu'ils ne nous agressent pas non plus, il n'y a aucun problème, réponds-je.

Pourtant, si ce compromis ne dure pas, je repartirais en guerre. J'avoue que j'attends ce moment de pied ferme. Faël a beau dire : aucun trophée, aucune conquête ne sera jamais trop belle pour elle.

Silivren hoche la tête.

— Parfait. Nous nous comprenons.

Il se lève, et glisse le sac de velours contenant le cristal d'Alyz dans son shynawil.

— Tu peux compter sur moi pour m'occuper d'elle. Elle reposera dans le mausolée de la Cour Exilée, dans l'attente de sa prochaine incarnation.

Je ne pouvais pas laisser Alyz enfermée dans ces eaux saumâtres, un plant de rosier traversant son cœur, en laissant son fantôme hanter le mien. Il fallait que je la libère. J'ai donc fait fondre son corps avec mon feu dragon et récupéré son cristal, que j'ai donné à l'Aonaran, grand collecteur de cristaux devant l'Eternel, avec celui de ma mère, dont j'ai récupéré le corps vitrifié au fond du khangg de ce grand malade de Fornost-Aran. Faire cette découverte m'a choqué, et c'est ce qui m'a définitivement décidé à prendre une voie différente. Tout, sauf finir comme lui.

Hamad, Silivren. Je te suis redevable.

Il se fond dans les ombres et disparait dans un scintillement holographique. Ouvrir son propre portail dimensionnel de poche : une prouesse réservée aux seuls Aonaranan.

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant