Les portes de l'Enfer

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#PDV Camila

La nuit disparaît lentement, laissant place à l'aube. Du moins je suppose vu l'heure qu'affiche mon réveil : six heure.
Ma chambre est encore plongée dans l'obscurité, mes volets empêchent les rayons du soleil venir perturber les pensées. Mon esprit est concentré sur les légères respirations qui filtrent à travers l'enceinte. Guettant le moindre bruit suspect, le moindre "bip" du moniteur cardiaque. Ce bruit qui m'indiquerait aussitot, que je viens de tout perdre.

Mon corps n'est pas décidé à quitter la douce chaleur des couvertures. Les cours commencent à huit heure. L'infirmière arrive dans une demi-heure. Les muscles endoloris de mon dos manifestent leurs présences quand je me redresse.

L'eau glacée roule sur mon corps, n'arrangeant en rien la douleur de mes muscles. Pas comme la douce morsure de l'eau chaude pourrait le faire. Je ne peux pas laisser l'eau couler. Je sors, habillée, il me reste quinze minutes avant son arrivée.

Je prend la direction de sa chambre, comme chaque matin je pousse la porte, inquiète de ce que je vais voir. Un léger soupir inaudible quitte mes lèvres alors que la peur qui me tenait le ventre disparaît. Le premier sourire de la journée vient alors s'installer sur mon visage.

"Maman ? Je peux entrer ?" Elle est assise sur son lit ses pieds au sol.

"Mila, vient " Elle tapote légèrement la couverture à ses côtés. Je souris et la rejoint. Je retrouve la tendre chaleur des bras d'une mère.

"Es-tu prête pour ton nouveau lycée ?"

"Tu sais bien que j'aimerais rester ici maman." Le doux sourire qui était sur mes lèvres disparu aussi rapidement que l'étau de douleur resserra sa prise sur ma poitrine. Les quelques coups frappés à la porte suffirent à venir déranger la complicité établit ces dernières secondes.

"Je reviens" Je quitte la chambre pour ouvrir la porte. La femme devant moi est petite, ses cheveux claire forment de belles boucles sur ses épaules. Alors que ses yeux marrons ne traduisent que la bienveillance tout comme son sourire.

"Bonjour"

"Bonjour, Ally c'est ça ?"

"Oui" Son sourire chaleureux vient étreindre mon coeur. La bonté de cette femme peut se lire sur son visage. Ils nous suffiraient de la regarder pour savoir qu'un ange habite son âme.

"Entrée" Je referme la porte, la laissant se familiariser avec les lieux d'un regard.

"Je m'appelle Camila, je suis sa fille" Je reprend la direction de sa chambre. Elle n'a pas bougée d'un millimètre, son regard posé sur ses mains.

"Maman ?" Ses yeux viennent se poser sur moi puis se déportent automatiquement sur la jeune fille derrière moi.

"Voici Ally, elle t'aidera pendant que je serais en cours"

"Oui bien sûr enchantée Ally"

"De même madame" Je ris légèrement sachant tout de suite pourquoi ma mère vient de froncer les sourcils. Le regard de Ally passe de mon visage à celui de ma mère de manière confuse.

"Camila je t'en prie dis moi qu'elle n'a pas dit 'madame' ! Ally il va falloir que tu me tutoie !"

"Je vais essayer mais je ne peux rien vous... Te promettre."

"Je vais devoir y aller maman" Ma voix se brise, je vais devoir la laisser toute une journée, seule avec l'infirmière. "Mon numéro et tout ce que vous pouvez avoir besoin de savoir est écrit sur la feuille dans le salon. Appelez moi à n'importe quelle moment de la journée"

"Mila tout se passera bien, tu as le droit d'avoir ta vie" Mes jambes me portent à elle, accroupie devant le lit, ses douces mains dans les miennes.

"C'est toi ma vie maman" Je me redresse pour venir embrasser tendrement sa joue. Je commence à quitter la chambre, mon bras se faisant aussi long que possible pour n'avoir à jamais quitter sa peau. Perdre ce contact m'assure que je serais loin d'elle pendant les neuf prochaines heures. Je passe la porte pour m'arrêter au niveau de Ally. Sa gêne visible, soit de ce que je m'apprête à lui dire ou soit d'avoir assistée à un moment d'intimité entre une mère et sa fille.

"Prenez soin d'elle"

Je m'éloigne de la maison le plus rapidement possible. Sachant qu'il me suffirait d'un regard en arrière pour faire demi tour. Et revenir auprès de la seule personne que j'aime.

J'ai passé trois ans dans mon lycée à Détroit, Michigan. Mais la vie était devenue trop dure. Surtout dans notre quartier, Mexicantown. C'était le quartier hispanique de la ville et c'était le meilleur de tout l'État. Il n'est qu'une immense zone délabrée et abandonnée par la ville depuis un bon bout de temps. Il est même carrément flippant comme endroit.

Et pourtant il rayonnait, les rues lumineuses éclairées les quelques personnes dansant sur les trottoirs. Tous les soirs la musique latine résonnait dans le quartier. Les discussions animées des hommes devant le bar renforcées le bruit. Et vous n'auriez jamais trouvé meilleure nourriture mexicaine dans tous les Etat-Unis. Il vivait. Son animation vous transporté directement au Mexique ou au coeur de Rio. J'aurai voulu passer ma vie entière là-bas.

Comme je le disais la vie était beaucoup trop dur à Detroit. J'y ai vu mes amies quitter la ville au fil du temps. Et puis, elle était mal fréquentée, dealers, sans-abris, alcooliques. Bien sur il était déconseillée de sortir seule le soir, surtout une gamine de 16 ans.

On a fini par déménager nous aussi, Miranda Cabello, ma tante est décédée il y a quelques semaines et nous avons héritée de sa maison à Miami. Nous n'aurions pu se payer une maison, déjà que le pitoyable appartement dans lequel nous vivions était ... Ruinant.

Pour moi un nouveau lycée signifie un nouveau cauchemar. Imaginez. Vous vivez votre vie, vous ne connaissez pas l'inconnue dans cette vie. Les gens autour de vous sont vos amis, les lieux vos maisons. Puis on vous enlève à cette vie et on la remplace par l'opposée de tout ce que vous avez toujours connu. L'inconnu. Rempli d'étrangers. Le noir total. Mais je suis déjà sur le parking du lycée, sa m'apprendra à marcher vite.

Ce lycée à l'air comme tous les autres lycée des États-Unis. Typiquement américain. Les sportifs en ruent d'un côté, les filles populaires de l'autre. Et tout ça rien que sur le parking, il est triste de voir a quel point la société est divisée.

Les portes s'ouvrent, me maintenant loin de la seule famille. Les portes de l'enfer.

Different (Camren fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant