Le crépitement de la neige sous mes pas résonnait dans l'immensité silencieuse de la forêt. La lune éclairait doucement le paysage hivernal, transformant les arbres en silhouettes fantomatiques. J'étais sorti pour échapper à l'oppression du palais, aux regards scrutateurs de Kerna et au poids écrasant de ses menaces voilées.
Marcher dans la neige me calmait, chaque pas froid et crispant me ramenant à une forme de sérénité que je ne trouvais plus ailleurs. Pourtant, même au milieu de cet isolement glacial, mes pensées revenaient sans cesse à la conversation du matin. Kerna était un prédateur, méthodique et impitoyable. Et il était sur mes traces.
Je soupirai, levant les yeux vers les étoiles. Combien de temps pourrais-je encore maintenir cette mascarade avant que tout s'effondre ?
Un bruit derrière moi me fit sursauter. Je me retournai brusquement, mes sens immédiatement en alerte.
« C'est moi, » murmura une voix douce mais tendue.
Rûn apparut entre les arbres, enveloppé dans une cape trop fine pour le protéger du froid mordant. Il s'approcha à pas prudents, son souffle formant des nuages dans l'air glacé.
« Rûn ? Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Il regarda autour de lui, nerveux. « J'ai entendu des rumeurs... Les gardes parlent d'un Némérys qui rôderait dans la forêt. J'avais peur que... » Il s'arrêta, ses yeux bleus s'ancrant dans les miens.
Je baissai les yeux, tentant de masquer mon trouble.
« Tu avais peur que ce soit moi, » conclus-je à voix basse.
Il hocha la tête, serrant sa cape autour de lui comme pour se protéger du froid ou, peut-être, de ce que mes aveux pourraient signifier.
« Vil... S'ils te découvrent... » Sa voix se brisa.
Je fermai les yeux un instant, cherchant mes mots.
« Ils ne me découvriront pas, » dis-je fermement. « Je suis prudent. »
« Tu l'étais aussi quand on était enfants, » répliqua-t-il, un éclat d'inquiétude dans la voix. « Et regarde ce qui est arrivé : ils nous ont séparés.»
Ses mots me frappèrent plus durement que je ne l'aurais cru.
« C'est différent cette fois, » tentai-je.
Rûn s'avança, ses pas hésitants mais déterminés.
« Non, Vil, ce n'est pas différent. Kerna a déjà des soupçons. S'il apprend ce que tu es vraiment... » Sa voix se fit plus basse, presque un murmure : « Je ne veux pas te perdre à nouveau. »
Mon cœur se serra.
« Et moi, je ne veux pas te voir souffrir, » répondis-je doucement.
Il resta immobile, me fixant comme s'il cherchait à lire dans mon âme.
« Alors pourquoi es-tu encore là ? Pourquoi prends-tu ce risque ? »
Je m'approchai lentement, posant une main sur son épaule.
« Parce que tu es ici, » murmurai-je.
Rûn détourna les yeux, mais pas assez vite pour cacher l'émotion qui traversait son visage.
« Vil... » Sa voix vacilla, prise entre la gratitude et la peur. « Promets-moi que tu seras plus prudent. Que tu arrêteras de sortir. »
Je baissai la tête, un sourire triste effleurant mes lèvres.
« Je te promets d'essayer. »
Il leva les yeux vers moi, visiblement peu convaincu, mais il ne poussa pas davantage.
« Viens, » dis-je en lui tendant la main. « Tu vas attraper froid ici. Je vais te raccompagner au palais. »
Rûn hésita, ses yeux fixant ma main tendue. Il finit par l'ignorer, mais il hocha la tête, signalant qu'il acceptait mon offre. Nous retournâmes lentement vers le palais, marchant côte à côte dans le silence hivernal, avec seulement nos pensées comme compagnons.
Chaque pas me rappelait combien ma présence ici mettait tout en péril. Mais si Rûn était en sécurité, alors cela en valait la peine.
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le voyage de Vil
AdventureDans le royaume isolé des Némérys, une race mystérieuse à l'apparence elfique mais marquée par le sang des vampires, une tradition immuable régit le passage à l'âge adulte. Chaque jeune Némérys doit survivre une année complète hors des terres protec...