15-première leçon

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La neige tombait doucement, recouvrant le palais d'une couche silencieuse et lumineuse. J'étais assis dans ma chambre, nettoyant machinalement ma dague après une patrouille éprouvante. Kerna devenait de plus en plus strict, multipliant les inspections surprises et resserrant son contrôle sur chaque garde. Chaque jour passé dans ce palais devenait un équilibre précaire, une danse constante entre prudence et risque.

Un léger grattement à ma porte brisa le silence.

Je me levai, sur mes gardes. Qui pourrait venir me voir à cette heure ? J'ouvris lentement, découvrant Rûn, enveloppé dans sa cape, le visage pâle mais déterminé.

« Rûn ? Que fais-tu ici ? » murmurai-je, jetant un regard furtif dans le couloir pour m'assurer que personne ne l'avait suivi.

Il entra rapidement sans attendre mon invitation, refermant la porte derrière lui.

« Je veux apprendre à me défendre, » déclara-t-il sans détour, sa voix basse mais ferme.

Je le dévisageai, surpris. Rûn, avec son corps frêle et son attitude généralement réservée, n'avait jamais montré le moindre intérêt pour la violence ou le combat.

« Apprendre à te défendre ? Pourquoi ? »

Il croisa les bras, le regard brûlant d'une détermination que je n'avais pas vue depuis longtemps.

« Parce que je suis fatigué d'avoir peur. Fatigué d'être faible. Fatigué d'être à la merci de Kerna. »

Je restai silencieux un instant, essayant de comprendre l'étendue de ce qu'il me demandait.

« Rûn... » commençai-je doucement. « Te défendre, c'est bien. Mais si Kerna découvre que tu t'entraînes... »

Il leva une main pour m'interrompre.

« Je sais ce que ça implique. Mais c'est mon choix. Si je dois continuer à vivre dans ce palais, je ne veux plus être une proie. »

Il me fixait intensément, et je pouvais voir que rien ne le ferait changer d'avis.

Je soupirai, passant une main dans mes cheveux.

« Très bien, » dis-je finalement. « Mais cela doit rester entre nous. Pas un mot, pas un geste qui puisse éveiller les soupçons. »

Il hocha la tête avec une gravité qui me rappela combien il avait dû souffrir pour arriver à cette décision.

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Cette nuit-là, nous sortîmes dans une clairière cachée de la forêt, loin des regards indiscrets. La lune illuminait la neige, créant une scène presque irréelle.

Je dégainai ma dague et la lui tendis.

« Première leçon, » dis-je en désignant l'arme. « Apprends à tenir ça correctement. »

Rûn la prit, mal à l'aise avec le poids de la lame. Ses mains tremblaient légèrement, mais il ne recula pas.

« Bien, » murmurai-je. « Maintenant, garde tes coudes près du corps. Ne laisse pas d'ouverture. »

Je me plaçai derrière lui, ajustant doucement sa posture. Il était tendu, mais il suivait mes instructions avec attention.

« Tu dois toujours être prêt. Le combat, c'est une question d'instinct. Si quelqu'un t'attaque, tu réagis. Pas de réflexion, pas d'hésitation. »

Il hocha la tête, son expression concentrée.

Nous passâmes des heures à pratiquer des mouvements simples : esquives, parades, et quelques attaques de base. Rûn apprenait vite, mais je pouvais voir qu'il manquait de force et de coordination. Malgré cela, il ne se plaignit pas une seule fois, même lorsque ses mains commencèrent à s'engourdir à cause du froid.

le voyage de VilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant