Deux enfants semblent mener une existence plus au moins ordinaire. L'un vit en région parisienne, l'autre à l'île de la Réunion. Il s'appelle Émile, il a 8 ans, elle s'appelle Mélodie et elle a le même âge. L'un est issu d'une famille modeste et l'a...
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La journée coula ainsi, toute aussi taciturne et sans goût pour notre petite Mélodie. Après de longues heures passées à l'école où l'enfant avait dû comme toujours être en bute aux difficultés scolaires, et en récréation face aux méchancetés infligées par les autres enfants, la fillette était, comme tous les soirs, très épuisée.
Après un copieux repas puis quelques révisions scolaires, une petite douche bien chaude qu'avait dû lui administrer sa maman, la petite loupiote ne dut pas attendre très longtemps pour s'évader vers le doux pays des rêves, vers le seul endroit où elle pouvait fuir cette misérable réalité et se reposer enfin à l'abri de la cruauté des filles de sa classe, à l'abri de la froideur de sa mère aussi.
Il était à peine huit heures et demi et la nuit était là, bien présente. Il faisait froid, une petite pluie fine et glacée arrosait le village et les alentours depuis la tombée crépusculaire.
Bien qu'il était encore tôt, Mélodie n'était pas la seule à sommeiller : sa grande sœur et son grand frère dans les chambres voisines dormaient eux aussi.
Dans leur chambre conjugale à l'étage, Jasmine se trouvait assise dans son lit et, tout en suivant passivement un petit film, elle buvait à petites gorgées une petite infusion. Son mari Hector ne dormait pas lui non plus : il se trouvait dans une petite pièce qui lui servait de bureau et, à la lueur d'une petite lampe, les lunettes sur les yeux, il était encore en tenue tout habillé et était assis dans un fauteuil relax en train de bouquiner un très gros livre de médecine. Néanmoins, comme beaucoup de soirs, bien qu'elle semblait divertie devant son petit poste de télévision, Jasmine profitait surtout de ces petits instants de solitude pour faire un peu le point sur sa vie, son passé... son avenir aussi. Mais à quoi cette femme pouvait-elle donc penser ? Que pouvait-elle méditer ainsi ?Madame Honorine, cette femme dont le cœur semblait étrangement blessé par le passé ? Tout en buvant à petites gorgées sa tisane encore fumante, elle écoutait sans trop entendre ce qui se disait dans son petit téléfilm, elle regardait sans véritablement voir ce qui se passait sur l'écran... non, elle avait l'esprit ailleurs, et ce qui défilait devant son regard terne et presque inexpressif, c'était son propre film, le film de sa vie... le film de sa jeunesse.
