Je remontai en trombe chez moi.
Première urgence: appeler Sophie pour aller débriefer cette matinée pendant quelques heures et quelques verres.
Sophie décrocha. J'entendis un faible "oui?"
- Salut So, c'est moi! Il faut que je te raconte un truc de dingue, tu vas jamais en revenir!
- Moi aussi Maeva j'ai quelque chose à te dire.
Ca, ce n'était pas prévu dans le déroulé.
- Je t'écoute?
- Marc et moi, nous nous séparons.
Je restais interdite. Muette. Scotchée. Paralysée. C'était impossible. Sophie et Marc, Marc et Sophie... LE couple idéal, notre modèle à tous. Ensemble depuis le collège, toujours amoureux. Du moins, c'était ce que nous pensions.
- Mais... Mais pourquoi? réussis-je à articuler après quelques secondes qui me parurent une éternité.
- Je pense qu'il a rencontré quelqu'un, je n'en suis pas sûre. Mais de toute façon ça n'allait plus depuis un moment entre nous.
- C'est toi qui as pris cette décision?
- Nous l'avons prise d'un commun accord.
- Et pour Manon, vous faites comment?
Manon était ma filleule. C'était la plus adorable des gamines, et d'ailleurs la seule que je supportais dans notre groupe. Elle approchait les 4 ans, avait de grands yeux gris et un don pour m'embobiner avec sa moue friponne.
- Garde alternée.
- Et pour la maison?
- En attendant de la vendre, je prends un appart' dans le quartier, pas trop loin de l'école.
J'en avais oublié l'objet initial de mon appel.
- Passe à la maison So, on en discutera si tu veux.
- OK. Manon est avec Marc, je suis seule à la maison, j'arrive.
Un quart d'heure après, elle était là, sanglotant dans mon salon. J'étais à la fois très émue et très mal à l'aise de la voir ainsi. Elle, le pilier du groupe, la femme indépendante et enjouée, tombait bien malgré elle le masque ce jour-là.
Je la laissai vider son sac. Elle n'accusait Marc de rien, tentait plutôt d'analyser ce qui les avait conduits à l'échec, sans amertume mais avec une grande tristesse. Je lui dis que son attitude me paraissait très (trop?) sereine. Elle me répondit sur le ton de l'évidence:
- Oui, ça c'est depuis que je vais chez mon psy. Il m'aide beaucoup.
- Quoi? Tu vas voir un psy? Toi?
- Et pourquoi je n'irais pas? répondit-elle sèchement, piquée au vif.
- Non, enfin je sais pas, je te voyais pas aller, enfin, tu vois quoi...
- Non, je ne vois pas. Il m'aide beaucoup à analyser la situation. Il m'aide à avancer.
- OK, je comprends tout à fait. Et comment analyse-t-il la situation?
- Il pense que je sais d'où vient l'origine de cet échec.
- Ah bon? Et d'où?
- Ca je ne sais pas. C'est à moi de le découvrir.
- Euh... mais encore?
- Il m'a dit que j'étouffais toute cette colère en moi depuis des années pour ne pas déplaire à mes parents, et que cette blessure avait été le début d'un conflit intérieur qui ne se révèle qu'aujourd'hui. C'était écrit quoi.
- So, s'il te plaît, dis-moi que tu plaisantes... j'ai l'impression de lire un mauvais article de magazine féminin.
Elle ne répondit pas, visiblement très énervée par ma dernière remarque. Son ton redevint plus fragile.
- Je n'ai pas besoin que tu me juges en plus de ça...
- Oui, tu as raison, je suis désolée.
Je la pris dans mes bras, elle se remit à sangloter.
- Une dernière question sur ton psy Sophie: il t'a prescrit des médicaments?
Pleurant contre mon épaule, elle m'avoua:
- Oui, des antidépresseurs. Ca me fait du bien.
Soudain, on frappa à la porte. Je me levai tout en me promettant que je ne laisserais pas Sophie se shooter aux médicaments. J'avais toujours éprouvé une méfiance naturelle à l'égard des psys, et surtout des antidépresseurs. C'était idiot, la majorité d'entre eux étaient sans doute des gens sérieux, diplômés, apportant aide et réconfort à leurs patients. Quant à leurs prescriptions, ils devaient savoir ce qu'ils faisaient. Mais c'était plus fort que moi. J'ouvris la porte.
- Tiens, je te ramène l'objet d'art que tu as oublié chez moi ce matin, me dit Paul en riant.
Il me tendait mon beau cabas vert anis à roulettes.
Sophie leva la tête et fit des yeux ronds comme des ballons. Sous le coup de la surprise, elle avait cessé de pleurer et semblait pétrifiée.
- Vous vous connaissez je crois...
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30 Story
RomanceLes Stan Smith, l'apéro dînatoire, et le week-end entre potes: toi aussi cela te parle? Tu continues à écrire "c'est clair!" et non pas "Klr!"? Tu vois vaguement qui est Kim Kardashian mais tu connais très bien le répertoire de Noir Des'? Dans ce ca...