Chapitre 16 : Aux quatre coins de Paris

1.3K 31 4
                                    

  En deux temps trois mouvements, la petite tête bouclée se retrouve dans les bras de son parrain.
Paul : Tu m'as trouvé !
  Leurs rires se mêlent et le regard de Marquand se pose sur Alice. Elle ne le remarque pas, mais il l'observe un moment. Pour ne pas se faire repérer, il dépose Paul.
Marquand : Qu'est-ce que tu veux faire ?
Paul : Je vais jouer aux dinosaures dans ma chambre et toi tu joues avec maman !
Marquand : Je joue avec...
  Le petit est déjà dans les escaliers. Ils se regardent longuement et hésitent à prendre la parole.
Alice : Je te sers quelque chose ?
Marquand : Ça va, merci.
  Ils se retrouvent là, à ne savoir que dire, comme des inconnus. Inconsciemment, Marquand cherche des traces d'un autre homme dans les parages. Pas de chaussures de taille cinquante ni de parfum masculin... Il est rassuré. Leurs regards se croisent une nouvelle fois et Alice plisse les yeux, elle s'approche.
Alice : Qu'est-ce que vous cherchez commandant ?
Marquand : Rien...
  Il est totalement mal à l'aise et tente de s'écarter d'elle. Elle est trop rapide pour lui, ils sont l'un face à l'autre. À l'étage, ils peuvent entendre les onomatopées de Paul, ce qui les fait sourire.
Alice : Où est-ce que tu étais ?
  Marquand revient à la réalité. Il veut éviter ce sujet.
Alice : Qu'est-ce qui t'arrive ?
  Il s'est posé la même question à propos d'Alice alors qu'elle était dans ses réminiscences et ses problèmes familiaux. Le fait qu'elle la lui pose lui fait tout drôle. Sans perdre son sang-froid, il demande :
Marquand : Il a besoin d'un truc Paulo ? Je voulais lui offrir un pull mais je savais pas sa taille.
Alice : Tout ce que je sais de mon fils, c'est qu'il grandit trop vite... Et que vous lui manquez énormément. Un peu comme à moi.
  C'est trop pour lui, il craque enfin, sous les yeux ébahis d'Alice.
Marquand : Alice...
  En entendant son nom dans la bouche de Marquand après tant de temps, elle semble revivre.
Marquand : Tu m'as manqué. Je ne pouvais pas être loin de toi, c'était... c'était horrible.
  Il n'ose plus la regarder. Les aveux qu'elle attendait tant. Les larmes montent, il les redoute, comme toujours.
Marquand : Désolé, j'ai perdu l'habitude de vous faire rire.
  Elle sourit légèrement et lui aussi. Il passe sa main dans ses cheveux puis s'approche de sa nuque. Ses mains se glissent de part et d'autres de celle-ci en exerçant une pression sur Alice et, en toute délicatesse, ils s'approchent l'un de l'autre... Le baiser que Fred dépose sur les lèvres d'Alice est si tendre qu'ils ont du mal à s'en remettre. Ils ne font plus qu'un et Alice est enfin contre lui, à espérer ne plus avoir à s'en aller de cet endroit chaud et rassurant. Il l'enlace et redevient son protecteur...son amoureux.
  N'entendant pas de conversation, Paul se précipite dans les escaliers. Il descend deux marches et, dans une euphorie soudaine, se met à sourire vivement. Arrivé en bas, il s'approche d'eux en toute discrétion puis, comme pour y déposer sa touche de tendresse, s'accroche à ceux qu'il aime. Alice baisse la tête et l'aperçoit, alors que le commandant fait de même une seconde après. Elle lance un dernier regard à son protecteur avant de prendre son fils dans ses bras et de se blottir ensuite contre Marquand avec Paul près d'elle. Ce doux moment dure bien longtemps, puis un ventre se met à gargouiller. Et un autre. Des rires se font entendre et dans une harmonie parfaite, ils se délassent pour aller grignoter ensemble un petit quelque chose trouvé dans un placard. Pour Marquand, ce sont deux tartines au beurre, quant à Alice, c'est un paquet de trois petits gâteaux. Paul, qui a souvent de très bonnes idées, brise ce silence de sa petite voix enfantine.
Paul : On peut faire une photo ?
  Heureux, ils acquiescent et se retrouvent face à un appareil indiquant : 3...2...1...
Un flash, un bruit, et le processus est terminé. Paul sort la photo de l'appareil.
Marquand : C'est un appareil à l'ancienne ? C'est chouette ça ! Super gadget !
  Le petit reprend le dernier mot qui lui était encore inconnu jusqu'à ce jour et leur tend la photo.
Paul : Gadget !
  Tous les regards sont rivés sur l'image reflétant trois superbes visages illuminés d'un sourire complice.
Alice : Elle est magnifique. On va la mettre ici.
  Dans un tiroir, sa main se sert et elle en sort un joli cadre blanc aux motifs noirs. Une fois la photo insérée, elle la dépose sur son comptoir et ne cesse de la contempler que quand son fils l'interpelle.
Paul : Maman ! Téléphone.

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant