Je crois qu'Ibti a signé un contrat avec le ciel pour me ramasser à la petite cuillère à chaque fois que je m'effondre. Elle n'a pas le choix, en fait. Et cette fois-ci, elle a décidé que ma déprime ne durerait pas plus longtemps.- Ibti : Toi, tu vas te lever, te laver, te maquiller, et tu vas sortir respirer. C'est pas négociable, Siham.
Je lève un sourcil, affalée sur mon lit, ma couverture me couvrant jusqu'au menton.
- Moi : Et si je te dis que j'ai pas envie ?
Elle plante ses mains sur ses hanches comme une vraie maman autoritaire.
- Ibti : T'en as pas envie ? Bah moi non plus, j'ai pas envie de te voir avec cette tête d'enterrement. Donc bouge-toi. T'as trente minutes, pas une de plus.
- Moi : Tu peux au moins essayer d'avoir un peu de compassion, non ? Genre me laisser déprimé encore un peu ?
Elle lève les yeux au ciel et pointe la porte de la salle de bain.
- Ibti : Compassion ? T'as vu la gueule de tes cheveux ? Ils crient au secours. Donc soit tu bouges, soit je te traîne jusqu'à la douche moi-même. À toi de voir.
Elle quitte ma chambre en claquant la porte. Je reste là, immobile, partagée entre un mélange d'agacement et de gratitude. Elle sait, Ibti. Elle sait que je me noie dans mes pensées et que j'ai besoin de sortir de ce trou noir. Et je l'aime tellement pour ça.
Une heure plus tard
Oui, j'ai pris une heure. Mais au moins, je suis debout, habillée, maquillée, et prête... à traîner des pieds dehors. Ibti m'attend dans le salon, son manteau long beige parfaitement ajusté.
Elle me toise de haut en bas, les bras croisés.
- Ibti : (sarcastique) Oh, mais quelle transformation. Madame est enfin vivante.
Je roule des yeux en mettant mon manteau.
- Moi : T'es chiante, sérieux.
- Ibti : Et toi t'es lente. Allez, bouge, sinon je te laisse là.
Elle attrape les clés et me tire presque dehors.
En route vers notre première destination
Elle m'entraîne dans un parc, et dès qu'on arrive, elle se met à raconter ses fameuses anecdotes absurdes. Entre sa voisine qui parle aux pigeons et son cousin qui s'est coincé dans un ascenseur en chantant du Céline Dion, je finis par sourire malgré moi.
Mais ce qui m'achève, c'est sa petite imitation de moi.
- Ibti : (en se courbant et en prenant une voix dramatique) Non mais Siham, tu veux que je te montre à quoi tu ressemblais cette semaine ?
Elle prend un air complètement abattu, met une main sur son front et pousse un faux soupir :
- Ibti : (exagérant) « Ibtiiii, ma viiie est finiiiie, Souleymane m'a détruiiiite... »
Je la fixe, les yeux écarquillés, choquée par son imitation.
- Moi : T'es sérieuse ?!
Elle éclate de rire en tapant dans ses mains.
- Ibti : Grave sérieuse, et en plus, je suis douée. Regarde, même le vieux monsieur là-bas il rit avec nous.
Je ne peux pas m'empêcher de rire aussi, tellement que j'en pleure presque.
- Moi : (entre deux rires) T'es une malade. Franchement, je sais même pas comment je te supporte.
- Ibti : (fièrement) Parce que tu m'aimes. Et parce que sans moi, t'es foutue.
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