30 Story

IX. Dîner post coïtum

A peine avais-je pénétré dans l'appartement que Paul m'attrapait par les hanches pour m'embrasser à pleine bouche. Je ne l'avais pas imaginé si fougueux. Il me souleva. J'enroulai mes jambes autour de sa taille. Il enfouit sauvagement son visage dans ma chevelure, dans mon cou, jouant avec mon lobe d'oreille du bout de la langue. Des ondes électriques parcouraient ma colonne vertébrale.

Je me collais à lui. Mes seins étaient pressés contre son torse tandis qu'il se dirigeait vers la chambre. Il me jeta littéralement sur le lit et tomba près de moi dans un râle. D'une main, il fit glisser ma robe jusqu'en haut de ma cuisse avant de s'orienter vers la dentelle de ma culotte. Il la fit claquer contre ma peau avant de l'ôter d'un doigt sûr. Je fis une dernière tentative afin de démontrer que je restais maîtresse de la situation. Je roulais sur le lit pour me retrouver au-dessus de lui. Il attrapa mes fesses à pleines mains et entreprit de me lécher les seins. A cet instant, je sus que non, je ne maîtrisais plus rien.

On dit souvent que les hommes s'endorment après l'amour. Ce jour-là, je fus l'exception confirmant la règle. Pour tout dire, ce furent mes propres ronflements qui me réveillèrent. Moyennement glamour. Heureusement, un rapide coup d'œil et le murmure de l'eau m'indiquèrent que Paul était vraisemblablement sous la douche.

Je cherchai ma robe, l'enfilai et renouai mes cheveux. Quelques boucles indisciplinées balayaient ma nuque et cette simple sensation me faisait encore frissonner. Je calculai : je sortais avec Paul depuis près de 10 heures. Belle longévité. Cela dit, je le connaissais depuis 22 heures. Je l'avais fait patienter après tout, non? Je souris.

J'allai dans le salon et lançai des regards mauvais à la machine à café trônant dans la cuisine américaine. Paul me fit sursauter en entrant. Il était enroulé dans une serviette blanche.

- Je suis venue deux fois chez toi aujourd'hui, et je remarque que les deux fois, tu es à poil dans une serviette blanche! lui dis-je en riant

- Ca n'a pas l'air de te déplaire, me répondit-il en s'approchant de moi. D'ailleurs, ce matin, j'ai bien vu les regards que tu me lançais...

Je redevins pivoine, comme un peu plus tôt dans la journée. Il s'approcha de moi et me renversa sur le divan. Nous fîmes à nouveau l'amour.

J'étais encore allongée, les yeux mi-clos, lorsque mon téléphone bipa. Texto d'Eric: "Dîner chez nous ce soir 20h. Tu peux venir accompagnée si tu veux... ;)"

Je compris que cela avait fait le tour. Merci Sophie pour ta discrétion.

- Je suis invitée ce soir chez mes amis, ceux que tu as vus la dernière fois. Il y aura Marc. A ce propos pas de gaffe, ils sont en train de se séparer avec Sophie... Bon bref, tu veux venir?

Il parut hésiter.

- OK, pourquoi pas?

A cet instant, j'eus un sentiment de compassion à son égard. Il ne savait sans doute pas qu'il mettait les pieds dans la fosse aux lions.