AMRA ; Alkhayin

22. Quoi qu'il en coûte.

Amra.

4h30.

J'ai l'impression que le temps s'est suspendu depuis. Je suis assez sceptique quant à sa réaction, ce n'est pas dans ses habitudes de juste... regarder comme ça.

Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, ni dans ses yeux. J'y vois une lueur première et prédominante sur la haine que j'ai l'habitude de lire dans ses yeux hazel.

Je ne sais pas ce que j'ai, et j'avoue ne pas vouloir le savoir pour le moment. Ça vaut mieux.

J'entends un grincement aiguë et métallique, rappelant une charnière rouillée ou mal huilée, j'en sais rien... La porte s'ouvre péniblement et je m'éloigne rapidement du corps d'Isao.

Il tique légèrement mais finit par passer sa main sur son crâne en inspirant profondément.

Un homme entre.

Je le reconnais immédiatement.

Celui qui avait une érection sur moi.

Il me dégoûte profondément, et rien que l'apercevoir me donne un haut-le-cœur. Comment peut-on être excité par la situation dans laquelle j'étais ?

Les hommes.

Il est accompagné de deux autres hommes que j'entrevois juste derrière lui.

Aïko se tend immédiatement et ses poings se serrent. Je n'ai pas fait attention à Isao, je n'ose même pas le regarder.

— Décidée à ne pas parler ? m'interroge l'un des hommes, tout sourire.

J'ai envie de lui cracher dessus. Pas de parler.

Je me mure dans un silence.

— Elle a pas l'air sûre, suppose l'un d'eux.

J'ai compris pourquoi ils sont trois.

Deux pour neutraliser Aïko et Isao en cas d'attaque, et un pour moi.

Tout tourne toujours autour de la même chose : les Yakuzas. Les Sayatò. Cette famille de grands mafieux, et leurs ennemis prêts à tout pour obtenir une quelconque information qui pourrait détruire un quart de ce que les Yakuzas ont bâti durant plusieurs siècles. Quand Wyatt m'a donné ce dossier, ni moi ni lui ne nous doutions de l'ampleur des événements qui allaient suivre.

Moi, je pensais seulement chercher l'ex-femme de l'ex-parrain de cette organisation criminelle...

Je n'aurais jamais pensé me frotter à leur nouveau Shefu.

Et où est-ce que ça me mènera, dites-moi ?

Ce chemin, je ne l'emprunterai que si la sortie est victorieuse.

— Tu es prête à parler ? me demande gentiment l'un d'eux.

Son sourire un peu charmeur me donne juste envie de lui rire au nez tellement c'est pathétique.

J'espère quand même qu'il n'est pas sérieux.

— Je sais pas, quelles sont tes questions ?

Je sais.

Je le sens même.

Isao tend l'oreille, impatient de savoir si je vais dire quelque chose compromettrai sa quête.

— Allons, rirent-ils ensemble, ma belle on devrait garder nos petits secrets. Je te propose de nous suivre, dit-il en pointant du doigt ses coéquipiers, on en parlera autour d'un café ?