UN NOUVEAU DÉPART6 avril
6h21
Les lampadaires n'éclairaient pas encore la ville, les phares de voiture dessinaient la brume qui nous entouraient. Ma valise à mes pieds, je réchauffai mes mains les frottant entre elles. Malgré la chaleur qui s'épanouissaient dans ma poitrine, la nuit était glaciale.
Je ressentais ce sentiment étrange, entre la raison et le cœur.
La culpabilité se prêtait même au jeu pour me réchauffer, me rappelant mon corset, posé sur mon lit. La joie la dissipa partiellement. Mes parents, mon père un bras autour de la taille de ma mère. J'eu une nouvelle sensation. Cet instant où le corps est submergé par une vague de chaleur, frissons, fourmillement. C'était passager, le temps d'une seconde. Cette seconde qui me faisait réaliser que nous y étions. Après des mois d'attente, des semaines de négociation et des journées d'anticipation, ça arrivait.
En tournant la tête, j'entraperçus sortant de la voiture, une fille, ses cheveux ramenaient dans une couette haute. Des traits de poupée reflétaient par la lumière de la voiture qui s'effaça lorsque le moteur se coupa.
La valise bleue de Lise roula jusqu'à la mienne. Elle me salua d'une voix étouffée. Pas plus haute qu'un murmure. Ses paupières voulaient encore ou juste caresser le sommeil. Ses mains hydratées par sa crème, se frottaient entre elles, jouant avec ses longs doigts fins. Elle jetait des regards à plusieurs reprises autour d'elle.
— Tout va bien se passer, la rassurai-je en épousant ma main sur son manteau.
Elle répondit en m'enlaçant, resserrant sa prise. Elle cherchait un ancrage, quelque chose ou quelqu'un à qui se tenir pour contrôler sa peur.
Un jour, alors que nous déjeunions dans le bar à chat, son endroit préféré, je me rappelais une conversation sur le voyage. Elle s'était mise en retrait, se distrayant en jouant avec le persan de la gérante. Lise avait peur de l'avion. Lorsqu'elle avait huit ans, Charline, leurs familles et elle étaient parties aux Canaries. Le vol de l'aller s'était déroulé à merveille. Le retour... des turbulences, secouant l'avion, réveillant Lise. Sa première pensée a été qu'elle allait mourir, elle ne comprenait pas. Muette, elle n'avait pas su dire quoi que se soit et avait terminé le vol tremblante et trempée par les larmes de ce traumatisme.
Elle allait reprendre l'avion pour la deuxième fois de sa vie.
— C'est déjà l'heure des adieux ?
Une voix familière, nous poussa à s'éloigner. Lise essuya de sa main, plusieurs larmes perlantes sur ses joues plates.
— L'avion ? S'adressa Charline, le visage à moitié caché par son écharpe noire.
Je hochai de la tête, replaçant mon regard sur Lise.
Elle ne parlait pas, se mordant légèrement la lèvre. Sa mère arriva, la prenant à son tour dans ses bras. Elle salua rapidement Charline et chuchota des mots à l'oreille de sa fille.
— Elle n'a jamais réussi à vaincre sa peur, m'expliqua Charline pensant que je n'étais pas au courant.
Elle fixa notre amie avant de reporter son attention sur son téléphone. Aussitôt elle chercha de vue une personne, elle lui fit signe.
— Je vais retrouver des copains, dis à Lise que ça va aller de ma part.
Sans que je n'ai le temps de réagir, sa valise roulait déjà à côté d'elle.
6h45
La dernière fois que j'avais arpenté les rangées d'un bus aussi haut, c'était lors de ce voyage d'intégration en seconde. Cette même période où j'avais eu ma première interaction avec Ethan. Ce souvenir de l'écume embrassant le sable à chacun de ses passages. Mon corps frissonna en ressentant son souffle chaud contre ma nuque et-
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SCOLIO'ME
CasualeOn le sait tous dans l'obscurité se cache toujours un faisceau de lumière. Rose Sorena ne se doutait pas que sa vie, déjà assombrie par les brimades et les insultes qu'elle subissait quotidiennement, allait basculer dans les ténèbres à cause d'une s...